Publié le 28 Aug 2015 - 23:07
PASSAGE SUR UNE VOIE PIÉTONNE

Le taximan de la passerelle risque 6 mois ferme

 

En voulant échapper à un embouteillage créé par les fortes pluies, Ousseynou Diop a, le 9 août dernier, choisi de passer par la passerelle réservée aux piétons, située à hauteur du Rond- point Cambérène. D’ailleurs, ils étaient une quinzaine, mais il a eu le malheur d’être bien identifié sur la vidéo postée sur la toile. Il risque de payer cher son empressement. En prison, depuis 15 jours, il risque d’y rester pour six mois encore. Hier, le parquet a requis 2 ans dont 6 mois ferme contre lui. 

Le taximan risque également de perdre son permis, car la représentante du parquet a demandé qu’il soit suspendu. Outre une sanction pénale, Coura Mbissane Diouf a demandé au tribunal d’infliger au taximan une amende de 500 000 F CFA, ainsi que le paie- ment d’une contravention de 6 000 F CFA. Pour elle, “c’est la solution à l’indiscipline” de Ousseynou Diop. Seulement, le prévenu considère

que son acte relève plutôt d’une méprise. “Je revenais de Case-bi et il y avait un embouteillage, alors pour l’éviter j’ai emprunté le pont”, a tenté de justifier le taximan poursuivi pour circulation sur une voie piétonne et dégradation de bien appartenant à l’Etat. A l’en croire, il a hésité, mais les gens l’ont convaincu. Le président Seck Diouf lui a demandé si le pont a été conçu pour les personnes ou bien

pour les voitures, et s’il a déjà vu un véhicule circuler sur un pont. “Je ne l’ai jamais vu et je sais qu’il n’est pas conçu pour les véhicules, mais je ne l’ai pas fait exprès”, a-t-il répondu. Le juge est revenu à la charge, en lui demandant : “Et si le pont s’affaissait ?” Ce serait la catastrophe !” a répliqué le taximan qui n’a cessé de sou- rire tout le long de l’interrogatoire d’audience. Ce qui a poussé la représentante du parquet à lui reprocher de ne pas mesurer la portée de son acte. “Je suis naturellement comme ça”, a déclaré Ousseynou Diop pour justifier sa bonne humeur.

Tout le contraire de l’Agent judiciaire de l’Etat (AJE) qui n’était pas d’humeur à sourire. Babacar Bâ s’est montré très critique envers le taxi- man qui, dit-il, a “commis une atteinte grave à la vie” et une “défiance à la loi”. “A cause de son acte qui a fait le tour du monde, l’on dira que l’indiscipline est érigée en règle au Sénégal”, a-t-il martelé. Le conseil de l’Ageroute, Me Youssoupha Camara, a abondé dans le même sens, avant de réclamer le franc symbolique au titre de dom- mages et intérêts.

Mais, pour la défense, ni l’Ageroute ni l’AJE ne peuvent se constituer partie civile. Mieux, Me Khouraïchi Bâ a estimé qu’il n’y a ni contravention encore moins de délit, car rien n’a été endommagé. La défense a également évoqué la force majeure car, selon Me Sadio Diaw, leur client étant “siiruman”, chauffeur non titulaire, a emprunté la passerelle pour ne pas endommager le véhicule.

Leurs arguments ont-ils convaincu les juges ? En tout cas le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour jeudi prochain, 3 septembre. D’ici là, Ousseynou Diop, né en 1979 et père de deux enfants, est retourné en prison car le tribunal a rejeté sa nouvelle demande de liberté provisoire. 

F. SY

 

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