Publié le 12 Feb 2016 - 14:19
PAUVRETE, STEREOTYPE DE GENRE, DISCRIMINATION…

Les obstacles à l’éducation des filles persistent

 

Le Sénégal peine à maintenir les filles à l’école. Celles-ci représentent moins de 20% des candidats au Bac 2015. Le ministre de l’Education exprime son inquiétude et estime qu’il est temps d’interroger les stratégies mises en place.

 

D’après le ministre de l’Education nationale Serigne Mbaye Thiam, il y a nécessité de corriger les disparités associées au genre, à la pauvreté, au handicap et aux milliers de résistances, entre autres facteurs, afin de promouvoir l’inclusion. Selon lui, les défis sont encore énormes. Même si au Sénégal des progrès sont soutenus depuis 2000, à tous les niveaux du système éducatif ; aussi bien dans l’accès aux services éducatifs que dans la qualité des apprentissages.

‘’Les disparités persistent et sont de plusieurs ordres. Globalement, on constate que plus on monte dans les cycles, plus le taux de redoublement et d’abandon des filles augmente. Au niveau des taux de réussite aux examens, les filles réussissent moins bien que les garçons. Et ceci, dans toutes les régions et à tous les examens. En atteste l’indice composite, indice de développement de l’éducation de base portant sur les performances du système’’, indique l’autorité.

En guise d’exemple, le taux de redoublement au Moyen général est passé de 20% en 2013 à 21,6% en 2014. Au Secondaire, le redoublement est passé de 21,9% à 23,1% entre 2013 et 2014. Un autre indicateur parlant est que les filles ont représenté 21,17% en 2013 contre 19,51% en 2014. Des chiffres qui indiquent la difficulté pour les filles d’arriver en classe de Terminale.

D’après le ministre, ces indices permettent de faire la synthèse de tous les paramètres et de voir que certaines localités connaissent plus de difficultés que d’autres. ‘’Ces régions sont Kaffrine, Diourbel, Kolda, Kédougou, Sédhiou, Tambacounda. La pauvreté, les mariages et grossesses précoces, l’enclavement, l’analphabétisme expliquent pour une large part cette situation’’, a fait savoir Serigne Mbaye Thiam. Un facteur important qu’est la faible implication de la communauté ne favorise pas non plus une bonne fréquentation scolaire des filles, regrette le ministre.

‘’Il est temps de nous arrêter et d’interroger nos démarches’’

Dans un tel contexte où les autres élèves sans handicap peinent à se faire une place, il va sans dire que ceux vivant avec un handicap connaissent moins de réussite. La situation est plus préoccupante quand il s’agit des filles qui deviennent vulnérables. Le ministre a révélé toutefois que la nouvelle option dans la construction est la séparation des toilettes entre les filles et les garçons. Et surtout  des latrines réservées aux enfants vivant avec un handicap.

‘’Il est temps de nous arrêter, d’interroger nos démarches, nos actions et nos stratégies. Sont-elles en phase avec nos ambitions pour notre pays ? Permettent-elles de créer un citoyen africain nouveau qui sera un agent de changement efficace pour le développement durable du continent tel que envisagé par l’Union Africaine dans son agenda Afrique 2063 ?’’, s’interroge le ministre.

Si l’on en croit ce dernier, les différentes interventions de cette table ronde vont surtout permettre d’élaborer des axes stratégiques. Cela est confirmé par la directrice exécutive du Cadre de Coordination des Interventions pour l’Education des Filles (CCIEF), Marie Siby qui déclare, qu’après cette rencontre au niveau du ministère, un plan de développement pour l’éducation des filles sera élaboré.

Le directeur de Plan International Amavi Akpamagbo constate lui aussi que, malgré les nombreux investissements, l’amélioration de l’environnement juridique et institutionnel, l’éducation demeure un chantier inachevé car, dit-il, les problèmes sont nombreux.

‘’Il y a encore du travail pour nous tous’’, admet-il. Selon M. Akpamagbo,  les contraintes de pauvreté, la situation géographique, les stéréotypes de genre, les normes sociales constituent les obstacles majeurs en ce qui concerne l’éducation des filles qu’il faut lever. 

AIDA DIENE

 

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