Publié le 13 Aug 2018 - 09:52
PELERINAGE 2018

Blaise Diagne chasse les fantômes de Senghor

 

Contrairement aux années précédentes, cette année, l’organisation du pèlerinage aux lieux saints de l’Islam se déroule, pour le moment, sans souci majeur. C’est du moins l’avis des pèlerins interpellés hier, à l’occasion de la cérémonie officielle à l’Aibd.

 

Circulez ! Il n’y a rien à signaler. Tel est le sentiment général des pèlerins trouvés hier à l’aéroport international Blaise Diagne de Diass, en partance pour La Mecque. Dans le hangar qui leur est réservé dans cette nouvelle infrastructure aéroportuaire, l’ambiance est bon enfant. Nous sommes loin du climat tendu des années précédentes où pèlerinage, souvent, rimait avec amertume, inquiétude et même parfois des grognes et des larmes. Ici, les fantômes de Léopold Sédar Senghor semblent s’être dissipés. ‘’Tout se passe bien’’, si l’on se fie aux témoignages recueillis.

Comme pour s’associer à la bonhomie des voyageurs, les astres sont on ne peut plus cléments en cette matinée de vendredi. Sur cette partie de la Petite Côte, souffle un vent doux et frais sous un ciel bleu couvert de gros nuages. Il est presque 12 h. Sagement, certains pèlerins restent assis à leur place, attendant leur tour. D’autres passent devant l’équipe médicale pour accomplir certaines formalités. Pendant ce temps, les accompagnateurs, sous l’œil vigilent des forces de l’ordre, sont parqués derrière les barrières, leurs yeux rivés sur les partants. Debout à côté de l’équipe médicale, Ndèye Sokhna Diakaté, vêtue d’un grand boubou aux couleurs or, vient de Touba. La quarantaine, très enthousiaste, elle se réjouit : ‘’Franchement, on n’a rencontré aucune difficulté particulière. Jusque-là, tout se passe normalement. On a exécuté toutes les formalités sans problème majeur. Certaines, je les ai faites à Touba, d'autres à Dakar.’’

Cette sensation de satisfaction est le sentiment le mieux partagé chez les voyageurs que nous avons pu accrocher. En ce jour si important pour eux, ils ont pris toutes les dispositions pour passer un séjour plein de grâces aux lieux saints de l’Islam. A quelques mètres de Ndèye Sokhna, se trouve Ibrahima Mbaye. Rufisquois, il avance lentement vers le point de contrôle santé. Emmitouflé dans son boubou traditionnel, il salue, à l’instar de Mme Diakhaté, le déroulement des opérations. ‘’C’est la première fois que je me rends aux lieux saints, mais Dieu merci, on ne se plaint pas. Par rapport à ce qu’on avait l’habitude d’entendre lors des années précédentes, on peut affirmer qu’il y a une nette amélioration. En tout cas, jusque-là. Priez que cela perdure pour tous les pèlerins jusqu’au dernier retour’’, confie-t-il le sourire en coin. Pour ce qui est du prix fixé à 2,600 millions de francs Cfa, il ne se fait aucun souci. Pour lui, ‘’c’est raisonnable. En plus, c’est le même prix que l’année passée. C’est donc bien. La cause en vaut bien la peine’’. Par ailleurs, M. Mbaye remercie également la délégation pour les séances ô combien importantes d’apprentissage qu’elle leur accordait tous les mercredis et samedis. ‘’Cela nous a permis, dit-il, de savoir à quoi nous attendre une fois en Arabie saoudite. C’était vraiment très important, surtout pour ceux qui n’y ont jamais été comme moi’’.

Après son arrivée à l’Aibd, le pèlerin est appelé à passer différentes étapes. D’abord, le dépôt des bagages ; ensuite, le contrôle sanitaire, l’enregistrement des passeports, les contrôles de police et de douane avant l’embarquement.

Au point de contrôle médical, le représentant du ministère de la Santé revient sur les différentes vérifications. Il explique : ‘’Comme chaque année, le ministère de la Santé et de l’Action sociale prend des dispositions pour accompagner les pèlerins. Nous sommes chargés de leur offrir cinq prestations principalement.’’ Il s’agit, détaille-t-il, du contrôle des documents de santé, en particulier du carnet international de vaccination, de la régularisation des ordonnances afin que les pèlerins qui suivent des traitements au Sénégal puissent voyager avec leurs médicaments en toute quiétude, de la prise en charge des urgences médicales à l’aéroport, de l’évacuation des malades dans le besoin et enfin des conseils pour préparer le pèlerinage : ‘’Comment voyager ? Comment vivre une fois sur les lieux ? Comment préparer le retour et quelles disposions prendre une fois rentrée au Sénégal’’, renseigne le spécialiste. Enfin, en plus de l’assistance à l’aéroport, il y a une équipe qui est, selon lui, spécialement affrétée pour accompagner les pèlerins durant tout le voyage.

Les minutes s’égrènent. Les pèlerins quittent le hangar pour la salle d’embarquement. Dans quelques instants, ils s’envoleront pour accomplir le cinquième pilier de l’Islam. Sidiki Kaba, dans son grand boubou blanc immaculé, leur délivre le message du président de la République. Il déclare : ‘’Le chef de l’Etat avait souhaité que les meilleures conditions soient réunies. Le diable étant dans les détails, nous avons tenu à visiter l’avion. Nous avons constaté que c’est un Airbus A330 qui est de dernière génération. Ce qui nous rassure davantage, puisque l’on souhaite que tout se passe dans les conditions de sécurité, de confort, de bien-être. Nous souhaitons que les pèlerins puissent partir en paix et nous revenir bien portants.’’

Pour une capacité de 440 places, l’Airbus ne convoiera que 417 pèlerins. Quelques instants plus tôt, le délégué général, Abdoul Aziz Kébé, s’adressant aux voyageurs, leur rappelait leur statut d’ambassadeur. Il les exhortait à montrer la meilleure image du Sénégal. Car, leur faisait-il savoir, ‘’vous êtes des ambassadeurs’’.

ABDOUL AZIZ KEBE (DELEGUE GENERAL AU PELERINAGE)

‘’On a déjà transporté plus de 4 400 personnes sur les 7 500 qui sont à notre charge’’

‘’Ils sont partis à l’heure. Ils sont arrivés à l’heure. Aujourd’hui, nous sommes au dixième vol. Avec la compagnie qui devait convoyer les pèlerins, il y avait un petit problème. Nous avons signé avec elle un cahier des charges dans lequel il était convenu de nous affréter trois avions. Deux parce que nous avons deux vols par jour qui font la navette, plus un troisième au cas où il y aurait un problème.

Il s’est trouvé qu’un jour, on a voulu nous amener un avion qui n’était pas prévu par le contrat. Nous ne l’avons pas accepté puisqu’une mission a été dépêchée jusqu’en Indonésie pour vérifier l’état des avions. Nous ne saurions donc accepter qu’on nous amène des avions qui n’ont pas fait l’objet de cette inspection de nos experts. Même si l’avion a toutes les garanties. On nous avait apporté un avion de 17 ans, alors que l’appareil que nous avions inspecté avait 10 ans. Maintenant, tout est rentré dans l’ordre. Cette année, nous avons tout fait pour réduire le nombre de jours que nos pèlerins vont faire à l’étranger. Au total, il y aura 15 vols. Il nous reste donc cinq. A ce jour, on a déjà transporté plus de 4 400 personnes sur les 7 500 qui sont à notre charge, soit plus de la moitié.’’

 

 

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