Publié le 6 Dec 2016 - 23:29
PENURIE D’EAU A DAKAR

Keur Momar Sarr fait encore des siennes 

 

L’usine de Keur Momar Sarr est à nouveau aux arrêts, depuis ce week-end, à la suite des perturbations au barrage de Manantali qui l’alimente en électricité. Conséquences, une pénurie d’eau est notée dans certains quartiers de Dakar, confirme le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement interpellé hier, lors de son passage à l’Assemblée nationale pour le vote du budget 2017 de son département, arrêté à 56 246 603 000 F CFA, contre 54 276 877 080 F CFA en 2016, soit une hausse de 3,63%.

 

Le ministre de l’Hydraulique s’est rendu avant-hier dans l’après-midi à Keur Momar Sarr, pour s’enquérir de la situation qui prévaut au niveau de l’usine d’eau de la localité aux arrêts, depuis samedi dernier, et qui prive 40% des Dakarois du liquide précieux. “Keur Momar Sarr est actuellement en arrêt de production, puisqu’il y a une petite fuite qui a été constatée dimanche soir. Les équipes sont sur place pour essayer d’apporter une solution rapide à cela. L’arrêt en réalité ne date pas d’aujourd’hui. Avant-hier (samedi), nous avons connu cette même perturbation due au défaut d’alimentation suite à un black-out total de Manantali qui a occasionné la rupture d’alimentation électrique au niveau de Dakar, au Sénégal, au niveau de la Mauritanie également. Présentement, dès que je quitte l’Assemblée, je vais me rendre à Keur Momar Sarr pour voir personnellement l’avancement des travaux”, a expliqué Mansour Faye.

Selon lui, cette question pourrait être réglée “théoriquement” dans les 24 heures. “Il faut que je dise clairement les choses. Si ça prend 24 heures, on le fera. Si c’est 48 heures aussi, on le fera. Mais, ça sera réglé”, a-t-il affirmé. A la suite des évènements de 2013, notamment la panne de l’usine qui avait privé les Dakarois d’eau, pendant plus de deux semaines, des mesures avaient été prises pour pallier toutes ces difficultés, a révélé le ministre. “On a changé des groupes de secours, des motopompes défectueuses pour avoir beaucoup plus de puissance. Des marchés afférant à ces ouvrages sont déjà attribués. L’autre vulnérabilité la plus importante est plutôt technique. Il est prévu une réunion de chantier mercredi pour que l’entreprise puisse faire les chemins d’exécution en vue de réaliser les travaux”, a dit Mansour Faye.

409 milliards F CFA pour régler la question de l’eau

En termes d’alternatives de sources, l’usine de dessalement de l’eau de mer va être réalisée aux Mamelles, pour une production de 100 000 mᶟ par jour. Les installations de cette unité vont commencer en 2017. “Ce sont des efforts que l’Etat est train de faire avec une mobilisation de financement qui tourne autour de 409 milliards de francs CFA”. “Nous ne pouvons pas nous permettre, dans une période de trois ans, d’avoir des pannes de cette envergure qui privent 40% des usagers de ce réseau du liquide précieux. Pour une question aussi importante avec tous les risques, on doit pouvoir avancer sur cette question”, a soutenu la parlementaire Hélène Tine.

900 milliards de F CFA mobilisés pour 2017-2019

Au-delà du budget 2017, l’Etat a mobilisé pour la période 2017-2019, plus de 900 milliards de financement extérieur pour des projets majeurs dans les secteurs suivants : hydraulique urbain (466 milliards F CFA), projet Keur Momar Sarr 3 (274 milliards F CFA), projet de dessalement de l’eau de mer (55 milliards). “La mobilisation et la gestion de l’eau constituent une grande préoccupation au Sénégal. Le potentiel hydrique global est évalué à environ 4 750 mᶟ par habitant et par an, largement au-dessus de la valeur de référence évaluée à 1 000 mᶟ par habitant et par an”, a soutenu le ministre de l’Hydraulique. Le Sénégal étant choisi pour organiser, en 2021, le Forum mondial sur l’eau, événement majeur, Mansour Faye a indiqué que l’objectif du gouvernement est d’atteindre l’universalité d’accès à l’eau potable, aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain, avant cette date.

Des députés plaident pour la baisse du tarif de l’eau

En outre, ils ont été nombreux, hier, lors du passage du ministre de l’Hydraulique au Parlement, à l’interpeller sur le coût du mètre cube au Sénégal. “Le mois passé, ma facture d’eau était plus chère que celle d’électricité et je ne comprends pas cette hausse soudaine du coût de l’eau”, s’est interrogé Zator Mbaye. Par rapport à l’accès à l’eau potable, les tarifs de l’eau en milieu rural sont encore très élevés, d’après le député de Mbirkilane Fallou Fall. “Un problème d’inégalité se pose entre le monde rural et celui urbain. En général, la SDE pratique des tarifs sociaux dans le monde urbain, ce qui n’est pas le cas en zone rurale. Le taux de 300 F CFA le mètre cube a été peut-être réduit avec les contrats d’affermage à 275 francs. Mais ce tarif reste encore très élevé par rapport aux bourses des populations rurales”, a-t-il estimé.

Le ministre a répondu qu’on a deux grilles de tarification de l’eau. Il y a l’urbain et le rural. Au niveau du rural, le prix moyen est de 500 F CFA le mᶟ mais, c’est par tranches pour le privé au niveau de l’urbain par branchement social, de 0 à 20 mᶟ, une tranche intermédiaire de 20 à 40 et une tranche dissuasive à partir de 40 mᶟ. “Comme nous allons vers la réforme de la seconde génération avec le contrat de la SDE qui va arriver à expiration en 2018, il y a une étude tarifaire qui est déjà en cours pour arriver probablement à une baisse du prix de l’eau”, a-t-il rassuré. 

MARIAMA DIEME

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