Publié le 4 Feb 2019 - 12:46
PENURIE D’EAU A DAKAR

Mansour Faye promet un retour à la normal dans 24 heures

 

L’alimentation en eau de la capitale sénégalaise reviendra à la normale dans 24 heures et, au pire des cas, dans 48 heures. La promesse a été faite, hier, par le ministre de l’Hydraulique, Mansour Faye, lors d’une visite des travaux d’installation à la cité des Eaux. Mais, pendant ce temps, les femmes vivent le calvaire, surtout dans la banlieue, pour trouver le liquide précieux.

 

Dakar est privée d’eau depuis vendredi soir. Selon le ministre de l’Hydraulique Mansour Faye, cette pénurie est causée par un accident de chantier provoqué par des opérations de sondage qu’Ageroute effectuait. C’est ainsi que la grosse conduite alimentant Dakar a été atteinte. Ce qui a occasionné l’arrêt de la production pour des travaux de réparation nécessaires à la remise en marche de l’alimentation en eau de la capitale sénégalaise. ‘’C’était dans la nuit du mardi à mercredi. Présentement, une solution technique a été trouvée et la fuite a été réparée. L’alimentation va s’effectuer progressivement et nous pensons que, dans les 24 heures, la situation va revenir à la normale. Ce sont des incidents qui arrivent, malheureusement. Les services de la Sde et de la Sones sont à pied d’œuvre pour qu’au moins, dans 24 heures, les populations n’aient plus à aller chercher de l’eau’’, rassure le ministre.

Il effectuait, hier, une visite de l’installation de la cité des Eaux qui a été touchée.

Cependant, pour soulager la souffrance des ménages, Mansour Faye affirme qu’ils ont mis en service ‘’plus de 90 camions citernes’’. Une opération qui va se poursuivre jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de difficultés. Interpellé sur la qualité des infrastructures de conduite d’eau, le ministre soutient qu’elles ‘’ne sont pas vétustes’’. ‘’C’est un accident de chantier, suite à une erreur humaine, d’appréciation de coordonnées géographiques. Mais le réseau en tant que tel fonctionne très bien. Maintenant, pour la prochaine fois, d’autres dispositions seront prises pour que pareille situation ne se reproduise’’, dit-il.

Présentement, le ministre de l’Hydraulique insiste que ‘’l’alimentation est en train de s’effectuer progressivement’’. ‘’Donc, dans les 24 ou 48 heures au plus tard, les choses vont redevenir à la normale. Les travaux sont déjà terminés. Il y a un temps de circulation pour que l’eau arrive au niveau des ménages’’, conclut-il.

48 heures de souffrance pour les femmes

Personne n’a vu venir la pénurie d’eau. De ce fait, le week-end a été chargé pour les ménagères. En plus des travaux domestiques quotidiens, elles ont parcouru des dizaines de kilomètres à la recherche du liquide précieux. Pendant 48 heures, le collège d’enseignement moyen (Cem) Thiaroye 44, dans la banlieue dakaroise, a été un des lieux de convergence des femmes. Bouteilles vides, bassines, seaux à la main ou sur la tête, elles se sont ruées sur les deux robinets de l’établissement publics. ‘’Je viens de Lamsar (Ndlr : vers le quartier Tableau-Tivaouane, sur la route de Rufisque) pour venir chercher de l’eau au Cem Thiaroye 44. Depuis hier, nous vivons un calvaire. Imaginez la distance que nous avons parcourue pour chercher de l’eau. Nous portons sur la tête des bouteilles de 20 l avec plus de 4 bouteilles, en traversant la passerelle de l’autoroute à péage pour rejoindre notre quartier. C’est trop pénible’’, narre Thiané Diop, la trentaine, assise sur l’une des bouteilles vides, attendant son tour.

Habillée d’un ‘’jallabé’’ à fleurettes, les pieds couverts de sable, le visage démaquillé, elle poursuit : ‘’Nous sommes trop fatiguées, mais que faire. Quand on a des enfants, on ne peut pas rester sans une goutte d’eau à la maison. Nous avons vraiment vécu le martyre, ces deux jours. En plus, les coupures d’eau sont récurrentes à Dakar. Une, deux, trois, on ferme les robinets. On en a vraiment marre.’’

A côté d’elle, se tient debout une autre femme, son enfant sur le dos. Elle fait les cents pas pour le dorloter. Fatou Niang renchérit : ‘’C’est vraiment pénible, surtout pour nous les ménagères. Imaginez qu’on a le repas à préparer, le linge à faire, les enfants à laver, etc. On peut utiliser certes l’eau des puits et des pompes pour le linge, la vaisselle, mais elle n’est pas potable. Pour cela, on nous faut chercher de l’eau du robinet n’importe où. Macky Sall doit vraiment nous venir en aide. Franchement, nous sommes épuisées’’, témoigne-t-elle. L’air fatigué, elle garde quand même le sourire. Selon notre interlocutrice, elles ont passé ‘’toute la journée’’ à la recherche du liquide précieux. ‘’Au lieu de préparer le repas, la première chose qu’on fait le matin, c’est d’aller faire la queue devant les bornes fontaines jusqu’à 13 h. Donc, on va déjeuner vers 18 h. C’est compliqué pour les mères de famille que nous sommes’’, confie cette jeune dame.  

A l’autre bout de l’école, Thioumbé Ndiaye rejoint son domicile, après avoir posé ses récipients sur les rangs. Elle presse le pas. Interpellée, elle explique que sa famille n’a pas encore déjeuné. ‘’J’habite à Guinaw rail. Il est déjà 17 h passées et nous n’avons pas encore déjeuné, à cause de la coupure d’eau. On se lave à peine et, personnellement, j’ai pris une douche normale vendredi matin. Je n’étais pas au courant qu’il y aura une coupure d’eau’’, raconte-t-elle. Mais elle précise que ses enfants le lui ont dit, après avoir entendu l’information à la télé. ‘’Et malheureusement, ils ont oublié de m’informer. L’eau est vitale et avec cette coupure, l’hygiène fait défaut dans les ménages. Le peu d’eau qu’on a à la maison, on l’économise. Il y a la vaisselle, le ménage, les toilettes à laver. Mais à défaut de s’en passer, on le fait avec une quantité d’eau insuffisante. Même la vaisselle, on ne la fait pas normalement. Mais bon, on fait avec’’, se résigne Thioumbé.

Au moment où elle s’en va, Astou fait son entrée dans l’enceinte de l’école, accompagnée de son fils âgé d’une vingtaine d’années qui tient les bouteilles vides. ‘’Nous faisons des va-et-vient depuis hier. Actuellement, nous sommes épuisées. Il faut vraiment que les autorités nous aident. Demain c’est lundi, les enfants doivent aller à l’école et nous n’avons même pas d’eau pour laver leurs tenues’’, lance-t-elle avant de rejoindre l’un des deux robinets de l’établissement, laissant son fils aller de l’autre côté.  

MARIAMA DIEME

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