Publié le 12 Mar 2016 - 00:57
PLACE DES FEMMES DANS LES SPHERES DE DECISION DES MEDIAS

Pourquoi ça coince depuis si longtemps

 

La grande salle de conférence de l’Ucad 2 a reçu hier une conférence sur la place des femmes dans et par les médias. Elle a été organisée par Onu femmes, le haut commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme et l’Unesco.

 

Trois tendances se dégagent dans les médias sénégalais concernant les femmes. Selon le journaliste Boury Sock, elles y sont faiblement représentées, les sujets parlant de leurs problématiques manquent de visibilité et celles qui officient dans les rédactions ont du mal à imposer leurs idées, n’étant pas dans les sphères de décisions. Également membre de l’Observatoire national de la parité, la dame a partagé cette réflexion au cours d’une conférence sur le thème ‘’Femmes et égalité des sexes dans et par les médias : perceptions, défis et opportunités’’, organisée par des agences des Nations unies présentes au Sénégal. De l’avis de Boury Sock, les postes clés dans les médias sont occupés par des hommes.

Des propos confirmés par Fatoumata Bernadette Sonko, enseignante au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti). ‘’Nous avons fait une enquête dans les médias. Elle a démontré qu’il n’y a presque pas de femmes responsables de médias’’, fait-elle savoir. Ainsi, la féminisation accrue de la profession démontrée par la même étude ne concerne pas encore les sphères de décision. Seulement, selon l’ancienne secrétaire générale du syndicat national des professionnels de l’information et de la communication au Sénégal (Synpics) Diatou Cissé, il faut cesser de croire que ce sont les femmes qui peuvent ou doivent porter les combats des femmes dans les rédactions. Même si elle reconnaît que ‘’la division sexiste du travail est une réalité dans les médias’’, pour elle, il y a des hommes qui sont de véritables militants des causes féminines.

‘’Les médias ne sont pas des espaces neutres’’

Quoi qu’il en soit, Boury Sock reste convaincue, tout comme Bernadette Sonko, que ‘’pour restaurer l’équilibre des droits entre les hommes et les femmes, il faut s’appuyer sur les médias’’. Mais, il faudrait dans ce cas, selon Diatou Cissé, déconstruire certains postulats de départ qui sont faux. Surtout que la problématique de l’image de la femme dans les médias est source de débat, depuis les années 1970. Et jusqu’à ce jour, les choses n’ont pas changé.

‘’La problématique commence même à prendre des rides sans être réglée’’, soutient même l’ancienne secrétaire générale du Synpics. Pour elle, il faut arrêter de penser que ‘’les médias sont des espaces neutres’’. Les personnes des médias sont des membres à part entière de la société. Ce qui fait qu’il y a un risque de reprise de certains clichés véhiculés au sein de la communauté, tel que le souligne Bernadette Sonko. C’est ainsi qu’au niveau des télés et radios par exemple, on voit dans les sketchs les femmes reléguées au second plan. Ainsi, les médias sont perçus comme le prolongement de la société, tel que l’a indiqué Boury Sock.

Cela ne signifie pas que c’est peine perdue de vouloir investir les médias pour mieux vulgariser les causes féminines. Le numérique offre des opportunités que pourraient saisir les femmes et, à la base même, pour créer leurs programmes. L’insuffisance notée dans le traitement de certains sujets pourrait être résolue avec la formation. Mais également par une unité de femmes s’activant dans la lutte pour le respect des droits des Femmes. Car, des fois aussi, le problème n’est pas que les médias ne veulent pas parler des femmes, leur donner la parole, mais plutôt parce qu’il ne se passe rien, chez ces dernières. Aussi, le plaidoyer des femmes est un peu pauvre et manque d’acuité. Une unité règlerait peut-être ce problème.

BIGUE BOB

 

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