Publié le 1 Apr 2015 - 13:29
PLAINTES CONTRE AGIR IMMO

Abdoulaye Youssou Diagne livré à l’Ofnac

 

Les victimes de l’Agence pour la gestion immobilière et le renouvellement (Agir Immo) ont déposé hier 500 plaintes à l’Ofnac. Ils invitent l’institution à se pencher sur le cas Abdoulaye Youssou Diagne.

 

L’office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a reçu hier une visite peu particulière. Les collaborateurs de Nafi Ngom Keita (directrice de l’office) ont vu débarquer dans leurs locaux les victimes de l’Agence pour la gestion immobilière et le renouvellement (Agir Immo). Ils étaient venus porter plainte contre Abdoulaye Youssou Diagne le directeur de la société pour un préjudice évalué à 2,5 milliards.

Les victimes de M. Diagne qui ont déposé des milliers de plaintes à travers les différentes institutions habilitées (commissariats de police, brigades de gendarmerie, parquet) ont décidé de placer la barre très haut. Ainsi 500 plaintes ont été déposées hier, à la même heure. ‘’L’Ofnac est une juridiction à part. Il rend compte au président de la République. Nous espérons donc que le chef de l’Etat prendra en main ce dossier’’, se montre optimiste Abdoulaye Ndir, porte-parole des victimes. 

En fait, plus de 1 000 personnes ont remis leur argent à Abdoulaye Youssou Diagne dans l’espoir d’avoir un terrain. Mais si l’on en croit M. Ndir, aucun d’eux n’a un terrain. Ou alors ceux qui pensent en avoir détiennent un terrain appartenant à autrui. C'est-à-dire que le DG d’Agir immo conduit ses clients jusqu’à des parcelles qui ne lui appartiennent pas pour leur faire croire qu’ils en sont les propriétaires. D’ailleurs des attributaires ont eu la stupéfaction de se voir être traduits en justice, alors qu’ils étaient en pleine construction.

Comme ils n’ont pas de titre foncier, les vrais propriétaires les ont obligés à arrêter et à démolir. D’autres ont déjà construit et ont même emménagé depuis quelques années. Mais notre interlocuteur est convaincu qu’ils ne sont pas à l’abri d’une mauvaise surprise. ‘’Depuis 2007, le Dg Abdoulaye Youssou Diagne parvient toujours à s’en sortir. Ce n’est qu’en 2012, avec l’arrivée des nouvelles autorités qu’il a été arrêté. Après avoir passé près de deux ans en prison, la chambre d’accusation lui a accordé une liberté provisoire de 6 mois en 2014 afin qu’il s’acquitte de sa dette envers ses clients. Un an plus tard, rien n’est fait. Il sera à nouveau arrêté en 2015’’, a déclaré Abdoulaye Ndir. Avant de poursuivre : ‘’Il y a de cela juste deux mois, la commission d’instruction l’a libéré à nouveau sans que le parquet général ne s’y oppose. Nous ne comprenons pas.’’

Demande de saisie conservatoire à la traîne

Les victimes disent craindre que le patron d’Agir immo fasse disparaître ses biens qui sont déjà identifiés, surtout  que la demande de saisie conservatoire, sur la table du juge depuis un an, tarde à connaître une suite favorable. Une crainte d’autant plus grande que la raison de sa libération fait sourire notre interlocuteur. ‘’Il dit qu’il est libéré pour raison de santé, alors que si vous allez dans les chantiers tout de suite (11h 30mn), vous allez le retrouver là-bas’’, s’indigne le porte-parole des victimes d’Agir Immo. M. Ndir se montre perplexe du fait que M. Diagne est un ancien de l’appareil judiciaire. ‘’Il est vrai qu’il est un ancien greffier en chef, mais ça ne doit pas être une raison. Ce dont nous sommes sûrs, c’est qu’un citoyen simple n’aurait jamais bénéficié d’un tel traitement’’, dénonce-t-il. 

BABACAR WILLANE

 

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