Publié le 22 May 2020 - 22:06
PLAN DE RESILIENCE ECONOMIQUE ET SOCIALE

Le cri du cœur des personnes vivant avec un handicap

 

En collaboration avec l’ONG 3D, les personnes vivant avec un handicap ont organisé, hier, une conférence de presse pour demander plus d’inclusion dans le Plan de résilience économique et sociale. Pendant ce temps, les services de Mansour Faye annoncent la tournée de lancement du programme de distribution aujourd’hui.

 

Pendant que le ministre du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale, Mansour Faye, continue son périple pour lancer le programme de distribution des vivres dans les 14 régions du Sénégal, les personnes vivant avec un handicap montent au créneau pour réclamer plus d’attention de la part des autorités. Hier, lors d’une conférence de presse co-organisée avec l’ONG 3D, le président de la Fédération des associations de personnes handicapées, Yatma Fall, a estimé qu’elles sont les grands oubliés du Plan de résilience économique et sociale.

‘’Compte tenu de la particularité de ces couches de la population, on devait expressément les prendre en compte dans la définition du plan de riposte. Ce qui n’a pas été fait. Vous avez vu que même pour le point du jour, au début, il y avait un interprète des signes. Mais, au fur et à mesure, on ne le voit plus. Ce qui n’est pas du tout normal’’, fulmine M. Fall.

Laissés en rade par le ministère de la Santé et de l’Action sociale, dans le cadre de la communication liée à la pandémie, les personnes handicapées protestent également contre leur oubli dans le RNU (Registre national unique). Ils se plaignent de leur omission, malgré des directives du président de la République datant de 2014, lors du lancement de la carte d’égalité des chances. Yatma Fall : ‘’Les personnes handicapées détentrices de la carte d’égalité des chances sont dans un fichier à part de l’Etat. Lors du lancement de la carte d’égalité des chances, le président de la République avait demandé que ce fichier soit versé dans le RNU. Malheureusement, cela n’a jamais été fait. C’est ce que nous avons constaté avec la présente campagne de distribution des vivres.’’

Ainsi, ils sont plus de 50 000 personnes à détenir ce sésame dont l’objectif est de pouvoir bénéficier de certains programmes de l’Etat, dont la Couverture maladie universelle, les Bourses de sécurité familiale, entre autres. Mais, à en croire le président de la FASPH, les handicapés sont toujours exclus de certains mécanismes. En plus du RNU dans lequel ne figurent pas tous les détenteurs de la carte d’égalité des chances, les handicapés relèvent également un manque d’équité dans le ciblage des victimes de la crise. ‘’Ce que nous demandons, c’est un traitement spécial pour les personnes vivant avec un handicap, dans le cadre de ce plan de riposte contre la Covid-19. Si on a pu réserver un traitement spécial à la presse, on doit le pouvoir pour les personnes handicapées. D’autant plus qu’eux sont dans une vulnérabilité structurelle et non passagère. Cette crise vient exacerber leur situation’’, indique M. Fall. 

Selon lui, ses camarades, les enfants en particulier, ne se voient pas non plus dans le concept ‘’L’école à la maison’’. ‘’Ce concept vise à dispenser des cours, via la télévision et d’autres supports audiovisuels. Mais on a oublié que l’école ne compte pas que des enfants valides. Elle a aussi parmi ses apprenants des handicapés qui ont le même droit. Il en est ainsi des non-voyants, des personnes sourdes… Pendant que les autres continuent leurs apprentissages, eux sont laissés en rade’’, renchérit le président de la Fédération des associations des personnes vivant avec un handicap.

Pour veiller sur le processus de mise en œuvre du plan de résilience sur l’ensemble du territoire national, un comité national de suivi a été mis en place par ladite fédération avec l’appui de ses partenaires dont l’ONG 3D. ‘’Sur la base des remontées d’informations, nous avons noté qu’il y a beaucoup de difficultés auxquelles sont confrontées les personnes vivant avec un handicap, pour bénéficier des avantages du plan de résilience. Nous allons élaborer un plan pour que les manquements soient corrigés’’, insiste Yatma Fall.

Pour Cheikh Guèye de l’ONG 3D, l’Etat devrait revoir sa copie en réservant un traitement particulier à ces couches de la population, compte tenu de leur situation de vulnérabilité. ‘Même dans l’élaboration des budgets, l’Etat doit prévoir cette question. Car, depuis 2010 que nous avons voté la loi d’orientation sociale, les difficultés sont toujours là. Dans le cadre du plan de résilience, on devait régler cette question dans la note conceptuelle. On n’a tenu compte que des ménages vulnérables sans distinction. On doit savoir qu’il y a des familles vulnérables parmi les ménages vulnérables’’. 

Ainsi, les participants à la conférence exigent une correction des insuffisances.  
 
Dans un communiqué reçu, hier, le ministère du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale informe, cependant, qu’il va terminer son tour dans les régions, dans le cadre du lancement des opérations de distribution. Lesquelles opérations ont déjà mené la délégation de Mansour Faye dans les régions de Diourbel, Thiès, Louga, Matam, Kaolack, Kaffrine, Tambacounda, Ziguinchor, Kolda, Kédougou et Dakar. Hier, la délégation était dans le Nord, plus précisément au fief du ministre de tutelle, avant de se terminer aujourd’hui chez le président de la République, à Fatick. 
 
Pour rappel, un fonds de 69 milliards de francs CFA a été mis en place pour appuyer un million de ménages. Lesquels seront dotés d’un kit composé de 100 kg de riz, 10 l d’huile, 10 kg de sucre, 10 kg de pâtes alimentaires, 1 carton de savon de 18 briques. Toutefois, le ciblage des ayants droit (588 045 dans le RNU et 411 955 parmi les ménages affectés par la crise) de cette aide n’en finit de soulever des polémiques.
 
MOR AMAR

 

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