Publié le 27 Aug 2012 - 18:05
PLUIES DU WEEK-END

Le centre-ville crache comme un chat mouillé

 

Rigoles dans les rues, trous pleins d’eau de pluie, tas d’ordures détrempés, foules semblant jouer à la marelle à force de sautiller pour éviter les flaques… le plateau de Dakar faisait peine à voir, hier, avec ses allures de vieux matou détrempé!

 

Suite à la grosse averse qui s’est abattue sur Dakar tôt hier matin, le centre-ville a passé son dimanche à moitié-immergé, rues et habitations lorgnant sans trop d’espoir un soleil qui n’a cessé de jouer à cache-cache avec les nuages. Pour les riverains, l’essentiel de la journée à été consacré à faire un peu de ménage, tendre du linge détrempé ou chasser, à grand coup de balais, le trop-plein d’eau d’un balcon ou d’un terrasse. Quand ce n’était pas le cas, il s’agissait, pour quelques téméraires, de profiter de l’accalmie du ciel pour courir se ravitailler à la boutique du coin.

 

Ses carax en plastique glissant sur le sol rendu presque impraticable par l’eau qui y stagne depuis des heures, Thierno Diop, boutiquier de la rue Fleurus, s’occupe de sortir de gros sacs d’oignons et de pommes de terre pour les déposer, afin qu’ils sèchent, devant sa porte repeinte aux couleurs de la marque de jus Tampico. Autour de lui, les Baol-baol qui, les jours ouvrables, tiennent les dépôts et magasins environnants, le regardent, assis sur leurs bancs de fortune. Ce n’est pas l’ambiance des grands jours : «Je déteste la pluie, surtout dans ce quartier! Tout est inondé, la route est impraticable et, avec le dépôt de bois à côté, on a toujours peur que la marchandise ne pourrisse», lance l’un d’eux d’un ton maussade. Un de ses amis se tient à ses côtés, près d’une bonbonne de gaz butane entourée de carton pour protéger les flammes du vent, et lui tend un vers de thé fumant : «Ça va aller», lui répond-il avec philosophie, presque sur le ton avec lequel on parlerait à un enfant.

 

Plus haut dans les étages, c’est une véritable fourmilière humaine qui s’active sur les toits en terrasses et balcons. Les hommes retournent matelas et tapis, les femmes, elles, font ployer les séchoirs à linge sous la masse des draps de lits et linges qu’elles y tendent dans l’espoir d’un rayon de soleil. Gambadant en cercles autour de tous ces adultes occupés, des enfants s’amusent à jouer à ce qui leur passe par la tête, leurs cris et leurs rires retentissent çà et là, semblant rebondir sur les nuages gris d’un ciel trop bas. Qu’à cela ne tienne, ce n’est pas un peu de pluie qui les déprimera, eux !

 

Sophiane Bengeloun

 

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