Publié le 19 Jun 2014 - 20:41
POINT D'INTERROGATION

Pourquoi refuser le débat ?

 

L'insistance avec laquelle Aminata Touré appelle de ses vœux un débat public avec son adversaire Khalifa Ababacar Sall frise l'obsession. Mais dans l'absolu, elle ne serait que «saine» et ne peut qu'être instructive pour les milliers d'électeurs, en particulier non partisans, qui souhaitent mieux appréhender les résultats de la gouvernance Benno Siggil Senegaal/Parti socialiste qui administre la commune d'arrondissement de Grand-Yoff depuis cinq ans. 

En général, deux facteurs peuvent pousser un candidat à refuser un débat électoral avec un adversaire. Soit il a la certitude de posséder une longueur d'avance documentée par un ou des sondages qu'il juge crédibles, avec des marges d'erreur négligeables. De fait, il estime n'avoir aucun intérêt à entrer dans un quelconque face-à-face. Soit il ne fait pas confiance au bilan de l'équipe (municipale) à laquelle il appartient. Dans les deux cas, ses conseillers politiques lui imposent presque d'adopter la stratégie du dos rond, certains que les lignes ne bougeront pas. C'est un risque.

Aujourd'hui, il n'y a aucune difficulté à démontrer que Khalifa Sall est dans cette double posture-là. Cette sorte de fuite en avant consistant à rétorquer à son principal adversaire d'aller débattre avec un maire sortant qui n'est plus en situation après avoir été relégué dans les bas-fonds de sa liste, pourrait être le signe d'un manque d'assurance qui ne colle pas d'avec son flegme légendaire.

A force d'insister jusqu'au 27 juin, comme elle l'a promis, Mimi Touré va frapper deux coups qui ne lui garantissent certes pas la victoire. D'abord, faire réfléchir ceux qui doutent de la nécessité de confier la commune d'arrondissement de Grand-Yoff à un candidat qui prévoit de «monter» en ville. Ensuite, affaiblir l'image de sérénité que Sall renvoie depuis plusieurs années à une partie de l'opinion.

Le débat contradictoire est l'essence de la démocratie. Malheureusement, nos politiciens ont fini de ne choisir, dans cette démocratie, que les aspects folkloriques qui leur permettent de cultiver le dogmatisme dans leur petit coin. Si l'on se soucie autant des préoccupations fondamentales des populations dans une zone aussi pauvre et déstructurée que Grand-Yoff, on doit avoir l'humilité d'affronter les contradictions, et pas seulement par presse interposée. Sous d'autres cieux, on parlerait de «courage»... Ça ne s'invente pas.

Mais n'accablons pas trop Khalifa Sall. Il n'est pas certain que, dans la position qui est la sienne aujourd'hui, Aminata Touré aurait accepté de...débattre.

MOMAR DIENG

 

 

 

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