Publié le 26 Oct 2018 - 21:33
POLIOMYELITE AU SENEGAL

Aucun cas noté en 2018

 

A l’occasion de la Journée mondiale contre la poliomyélite célébrée hier, le Rotary Club a organisé une rencontre, à Dakar, pour faire le point sur la maladie dans les pays africains. Au Sénégal, après l’élimination de la transmission du poliovirus, aucun cas n’a été enregistré, cette année.

 

La poliomyélite, plus couramment appelée ‘’polio‘’, est une maladie virale qui touche plutôt les enfants, en particulier ceux de moins de 5 ans. Le virus responsable de cette maladie très contagieuse attaque le système nerveux central et peut provoquer, en quelques heures, sur environ un cas sur 200, une paralysie définitive. Elle a été une cause importante d’invalidité dans le monde. Ce virus, qui provoque le décès dans 5 à 10 % des cas de paralysie, entre dans l'organisme par la bouche, puis se développe dans les intestins. Il peut ensuite gagner la moelle épinière ou le tronc cérébral et provoquer des lésions irréparables.

Toutefois, dans de nombreux cas, la maladie reste asymptomatique ou ne génère que des symptômes bénins. La personne atteinte risque tout de même de transmettre la maladie à son entourage, car la poliomyélite se transmet de personne à personne. Beaucoup de pays touchés par cette maladie endémique ont des problèmes pour lutter contre.

Tel n’est pas le cas du Sénégal, car le pays n’a pas enregistré de cas, cette année. L’annonce a été faite, hier, au cours d’une rencontre organisée par le Rotary Club sur la maladie, par le médecin-chef du district du Plateau, docteur Jacques Ndour.  Ce, en marge de la célébration de la Journée mondiale contre la maladie. Mais pour le médecin, cela ne signifie pas qu’il faut croiser les bras. ‘’Nous faisons la surveillance et dans tous les hôpitaux, il y a un point focal polio qui s’occupe des suspects. S’il en détecte, il fait le prélèvement et l’analyse des selles afin d’identifier le poliovirus’’, explique Dr Ndour.  

A l’en croire, avec l’absence de cas et le contrôle de la maladie, ils ne recherchent plus la polio, mais le syndrome de paralysie flasque aiguë. C’est une stratégie adoptée pour éradiquer cette maladie. ‘’Nous faisons également des vaccinations de ratissage. Parce qu’un seul cas nécessite la mobilisation de beaucoup de ressources. Nous gagnons plus à mieux investir dans la prévention’’, souligne-t-il.

Cette blouse blanche est convaincue qu’il est possible d’éradiquer la maladie, parce que le pays n’a pas de réservoir animal. En plus, dit-il, nous avons des moyens efficaces pour la lutte (vaccination et prévention) et la maladie ne survit pas facilement dans l’environnement.

‘’Nous finançons les pays pour la surveillance des cas’’

Si le Sénégal, comme tant d’autres pays, a réussi à interrompre la transmission du poliovirus, c’est grâce à l’appui du Rotary Club, mais aussi le pays a eu de la volonté pour combattre la maladie. Du moins, selon le président du comité ‘’Polio plus’’ Rotary Sénégal, Patrice Zombré. Parce que, renseigne-t-il, quand les gouvernements reçoivent les fonds, ils ont plusieurs priorités. Mais le Sénégal a fait de la polio l’une de ses priorités premières et il a mené les actions qu’il fallait pour éliminer cette maladie.  Cette année, le Rotary a mobilisé environ 100 millions de dollars auxquels il faudra ajouter 200 millions de la fondation Bill et Melinda Gates. Cet argent va servir aux différents pays qui ont besoin de vacciner les enfants. ‘’Le vaccin de 0 à 5 ans est totalement gratuit, sauf pour ceux qui veulent aller dans les cliniques. Cela veut dire que c’est le Rotary qui prend en charge toutes les dépenses inhérentes à ce vaccin. Ce n’est pas seulement les vaccins, nous finançons les pays pour la surveillance des cas et leurs activités’’, fait-il savoir.

En effet, depuis 1988, lorsque le Rotary Club a plaidé la création d’un fonds mondial pour la lutte contre la polio, ce comité a été créé. Il vise à aider les différents pays à lutter contre la maladie.

Au départ, précise M. Zombré, c’était le Rotary seul qui finançait la lutte. Il remettait des fonds à l’Organisation mondiale de la santé (Oms) qui, à son tour, redistribué aux pays qui en avaient le plus besoin.  ‘’L’Oms commandait les vaccins, finançait les actions sur les terrains pour aider les pays et prendre en charge les enfants atteints.  En 2008, le Rotary a été rejoint dans sa lutte par la fondation Bill et Melinda Gates, qui a décidé que pour 1 dollar financé par le club, la fondation offre un dollar de plus. Ce qui a permis au club d’augmenter son financement auprès de l’Oms. A partir de cette année, le nombre de cas a considérablement baissé’’, explique M. Zombré.

A côté de la polio, le Rotary s’active, entre autres, dans la construction de maternités, de dispensaires et d’écoles.

VIVIANE DIATTA

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