Publié le 11 Dec 2018 - 13:53
PONCTION SUR SALAIRE DES SYNDICALISTES GREVISTES

And Gueusseum droit dans ses bottes

 

La note circulaire du ministre de la Santé concernant la ponction sur salaire des syndicalistes grévistes, And Gueusseum en a cure. La preuve, l’alliance dirigée par Mballo Dia Thiam  se radicalise. Et décide de continuer à dérouler ses plans d’action.

 

La bataille est engagée entre le ministre de la Santé et de l’Action sociale et l’Alliance And Gueusseum.  Tout est partie de la note circulaire d’Abdoulaye Diouf Sarr qui demande la ponction journalière sur salaire ou prime en fin décembre des agents de la santé ayant observé la grève durant les mois de novembre et décembre.  Une décision que déplore l’alliance. Car, selon le président d’And Gueusseum, Mballo Dia Thiam, la grève est de la responsabilité du gouvernement qui, non seulement n’a pas respecté ses engagements, mais refuse aussi d’ouvrir des négociations sur le régime indemnitaire.

 ‘’Ils sont en train d’appliquer la loi du plus fort. Nous acceptons de subir parce que cela ne nous fera pas déchanter, ni reculer. Au contraire, cela nous ragaillardit. C’est une manière de requinquer les troupes. Si c’est le prix à payer, qu’il nous envoie la note ou les factures’’, a fustigé Mballo Dia Thiam joint hier au téléphone par ‘’EnQuête’’.   Des dires du syndicaliste, depuis  le ministre Thierno Ba vers les années 80, on n’a pas opéré de ponction sur salaire aux agents de la santé. Parce que, dit-il, il n’y a rien à ponctionner  sur leurs salaires. D’autant que, a souligné M. Thiam, le gouvernement ne paie pas les salaires des contractuels à temps, les motivations non plus.

S’agissant de la question du régime indemnitaire, il a informé que l’Etat avait promis, lors des négociations de 2014, de proposer un système de rémunération plus pertinent, plus équitable et plus juste. ‘’Cette étude est déjà bouclée avec des recommandations pertinentes du consultant.  Mais l’Etat refuse  de les appliquer’’, a soutenu Mballo Dia Thiam.  Hormis les ponctions,  le président de l’Alliance And Guesseum  a rappelé qu’ils ont vécu des rétrogradations et même des affectations arbitraires.  ‘’Nous sommes au courant que la tutelle cherche aussi à faire remplacer des gens.  Parce qu’il y a un projet de recrutement. C’est cela qui transparait dans une autre circulaire que le ministre a adressé aux médecins de région et relative aux renouvellements de contrats des contractuels. (…) Nous n’allons pas rester les bras croisés’’, a-t-il prévenu.

‘’C’est Diouf Sarr qui ne mérite pas son salaire’’

 De l’avis du président d’And Gueusseum, la révision du système global des fonctionnaires dont parle le ministre est un faux débat.  Surtout que, poursuit-il,  ce schéma est appliqué à certains corps. ‘’Les médecins et les enseignants ne sont-ils pas des agents de la Fonction publique comme nous autres ? On règle leur problème, on laisse la justice et les agents de santé dans la rue en leur disant d’attendre la révision. Donc, il y a deux catégories de fonctionnaires : ceux d’en haut et ceux d’en bas. C’est ce traitement à géométrie variable qui nous révolte. Il n’y a pas d’équité dans le traitement des agents et même dans les organisations syndicales, et c’est notre combat depuis le 11e plan d’action’’, a-t-il fait savoir.

S’agissant de l’appel lancé par le ministre lors du vote du budget de son département, pour que les grévistes rejoignent leur travail la semaine dernière, Mballo Dia Thiam  rétorque : ‘’Si Diouf Sarr veut que nous rejoignions les structures de santé, son gouvernement n’a qu’à appeler à la négociation sur ce régime indemnitaire. Nous sommes dans notre rôle, mieux  eût valu pour lui de jouer le sien et ne pas laisser une page triste et sombre de son passage au ministère de la Santé. C’est son salaire qu’on doit couper parce que depuis le mois d’avril, il n’a rien fait sinon que de se promener,  pose de première pierre par-ci, évènementiel par-là. Rien ne marche dans ce secteur, c’est lui qui ne mérite pas son salaire.’’

De son côté, le secrétaire général du Syndicat démocratique des travailleurs de la santé et du secteur social (Sdt3s), Cheikh Seck, a déclaré que ces ponctions ne règlent pas le problème et vont braquer et radicaliser davantage les gens.

Toutefois, il dit ne pas être  d’accord avec certaines formes de lutte. Surtout que ‘’les dirigeants de ce pays n’amèneront jamais leurs enfants dans nos hôpitaux. Donc, c’est la couche vulnérable qui va en pâtir’’, a-t-il fait savoir. Avant de poursuivre : ‘’On a tenu plusieurs réunions techniques, mais rien n’est réglé. Un médecin ne peut jamais travailler seul. Il est comme un ingénieur, il fait la conception d’un bâtiment, mais il ne construit jamais. Ce n’est pas lui qui est dans la salle pour faire les soins, les analyses. Tu ne verras jamais un médecin faire la vaccination. Je ne dis pas qu’ils ne méritent pas ce qu’ils ont eu, mais il ne faut pas donner aux uns et laisser les autres. C’est de la discrimination.’’

VIVIANE DIATTA

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