Publié le 1 Sep 2023 - 06:39
PORTRAIT DE SERIGNE ABDOU SAMAD MBACKÉ

Le fils itinérant de Bamba

 

Serigne Abdou Samad Mbacké est un des fils du fondateur du mouridisme, Serigne Touba Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul. Qui était cet homme méconnu de la société et qui n’a pas accédé au khalifat ?  

 

C’est en 1917 que Serigne Abdou Samad Mbacké a vu le jour à Diourbel, coïncidant le 18 Dhûl Qicda 1335.  Sa mère, la vertueuse Sokhna Khary Sylla, appartient à l’une des grandes familles religieuses du Sénégal, les Sylla. Son grand-père Serigne Ahmadou Ndoumbé Mar Sylla, communément appelé Serigne Taïba, fut également un compagnon de longue date de Mame Mor Anta Sally, père de Cheikh Ahmadou Bamba sur les foyers d’enseignement et d’étude du Sénégal. 

Ayant très tôt mémorisé le Saint Coran auprès de Serigne Amsatou Diakhaté, Serigne Abdou Samad Mbacké excella dans l’étude des sciences religieuses. Sa piété, expression de l’intensité d’un soufi, pratiquant et d’un ascète, laissait deviner le degré de sa foi à travers ses recommandations et paroles brèves empreintes de l’unicité de Dieu.  

Éducateur, Serigne Abdou Samad l’était. En témoignent les multiples ‘’Daaras’’ (centre d’éducation et de formation) qu’il a implantés dont les plus connus sont ceux de Mbar installé en 1938, et Diamatil dans le Cayor. Suivant les traces de son vénéré père, selon le site mourides.com, Serigne Abdou Samad s’est beaucoup déplacé à travers le Sénégal pour rencontrer d’anciens compagnons de Cheikhoul Khadim. Ses voyages ont permis à des disciples des contrées lointaines de se rendre compte de son charisme, sans compter ceux qui épousaient le mouridisme à travers lui.  

De la Casamance, la région sud du Sénégal, en passant par le Sine-Saloum, Koupentoum et les zones environnantes du Sénégal oriental, Louga et beaucoup de villages du Ndiambour et du Cayor, Serigne Abdou Samad a beaucoup contribué au développement de la voie de Cheikh Ahmadou Bamba. 

Modèle de générosité, il avait fait de l’assistance des créatures un sacerdoce. Il donnait tout ce qui lui tombait sous la main. Une qualité qui allait bien de pair avec sa sobriété, son humilité et sa simplicité qui frappaient toute personne qui le fréquentait.  

Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, le premier khalife des mourides, et l’homonyme de son fils qui a été rappelé à Dieu trop jeune disaient souvent qu’ils se souvenaient de Cheikh Ahmadou Bamba à chaque rencontre avec Cheikh Abdou Samad.  

De Serigne Fallou Mbacké, tout le monde retient qu’il était son frère écouté et dévoué. Il contribua largement à sa formation religieuse et lui aurait enseigné le traité de jurisprudence ‘’Risâlah’’. C’est également sur ses directives que le Cheikh fonda sa première maison de culte et de formation spirituelle ‘’Daara’’ à Mbar.  

Quant à Serigne Abdoul Ahad Mbacké, tout le monde s’accordait à dire qu’ils étaient des jumeaux, tant ils étaient inséparables. De même que Serigne Abdoul Khadre, avec qui il partageait le même centre d’enseignement. Ce dernier se plaisait à l’appeler ‘’Qutb’’ et Serigne Abdou Samad le lui rendait par ‘’Khawsu’’. Sokhna Mame Bousso Mbacké, la fille unique de Cheikh Abdou Samad Mbacké, communément appelée ‘’Badiène’’, fut le modèle accompli de la femme vertueuse. Sa formation intellectuelle et son éducation islamique, conformément à son statut, ont fait d’elle une savante, une docte, une éducatrice. 

Pour cette mouride, l’amour sincère à l’endroit de son grand-père et maître spirituel n’avait pas de limites. C’est pourquoi elle s’est engagée dans des chantiers et actions multiples pour le servir à chaque occasion. Compagnon inséparable du livre de Dieu, le Saint Coran pour lequel elle avait une passion et un amour indicibles, et des ‘’khassaïdes’’ de Boroom Touba, Sokhna Mame Bousso est devenue une référence pour plusieurs générations de femmes qui ont trouvé en elle l’incarnation d’un modèle à tous ses contemporains.

La jeune génération qui a eu la chance de connaître cette fille unique du vénéré Cheikh Abdou Samad Mbacké, retiendra d’elle une générosité et une bonté qui ne sauraient être qualifiées. ‘’En effet, toutes les personnes qui l’ont rencontrée ont retenu sa douceur de caractère doublée d’une hospitalité légendaire. Sokhna Mame Bousso se distingue par sa taille moyenne, son pudique regard d’une profondeur insondable et son sourire immédiat qui exprime la philanthropie de son cœur. Elle ne mange pratiquement pas, préférant voir des plats circuler çà et là. Sa voix n’avait jamais une haute tonalité et elle avait une mélodie basse et doucereuse qui hypnotisait et émouvait à la fois. Elle ne sortait pas. Elle se consacrait essentiellement à la lecture du Coran, à la formation coranique des jeunes filles. Sokhna Mame Bousso est réputée être une formatrice d’une trempe extraordinaire’’, renseigne-t-on.

‘’Elle avait d’étonnants dons de médiatrice et éprouvait du plaisir à rapprocher toutes les familles et les communautés, à éteindre les conflits silencieux et à dissiper les malentendus. Elle a consacré sa vie au raffermissement des liens entre les divers membres de la famille Mbacké, en jouant aussi bien le rôle de mère et de Badiène. Elle était l’épouse de Serigne Bara Mbacké, fils de Serigne Fallou Mbacké et le successeur de Serigne Saliou, cinquième khalife des mourides. En fait, ceux qui l’ont connue sont unanimes : elle pose un regard altruiste sur tout le monde et tient au nivellement de tous dans la quête du savoir’’. 

CHEIKH THIAM 

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