Publié le 7 Jun 2012 - 12:00
POST-POINT

Emmerdement maximum

 

Les nouvelles autorités issues de la présidentielle du 25 mars 2012 devront définitivement s'en convaincre : l'ex-président de la République a décidé de les emmerder jusqu'au bout de l'impossible. Sans avoir l'air d'y toucher, il débarque à Dakar la veille d'un Conseil des ministres décentralisé pour ne pas laisser le terrain de la communication à ses adversaires. Rien que du politique. Au fond, Abdoulaye Wade envisage de rendre le pays ingouvernable, d'une manière où d'une autre. Le vernis démocratique dont il se prévaut est la couverture au magma d'entreprises subversives qu'il pose par dose homéopathique.

 

Aussi bizarre que cela paraisse, il convoque, lui Wade, des principes démocratiques pour expliquer, par exemple, qu'un «changement de (la forme du) régime» serait en cours alors que la terrible histoire du 23 juin 2011 est encore fraîche dans les mémoires. Il lance un slogan, celui de «liberté surveillée et octroyée», en oubliant la terreur quasi robespierrienne de son magistère. Il dit constater des «violations graves des fondements de la République» comme si la censure qui a frappé les productions intellectuelles dans ce pays pendant douze ans relèverait du conte. Mais dans quel papillonnage sommes-nous ? Cet homme n'est pas sérieux !

 

Son monologue du mercredi ne vise pas simplement à perturber le Conseil des ministres de Saint-Louis. Il remet encore et toujours sur la table des éléments de compromissions politiques et judiciaires parce qu'il sent que la justice s'approche dangereusement d'un point G. Celui de l'humiliation qui consisterait à traîner son fils devant la Division des investigations criminelles ou la Section de recherche de la Gendarmerie. Wade a encore de l'espoir. Celui de convaincre les Sénégalais que le pouvoir qui lui a succédé n'est pas capable d'aller au bout de la logique déclarée. C'est une guerre psychologique qu'il mène contre Macky Sall. Et il tiendra sur cette ligne aussi longtemps que la prison de Rebeuss n'accueillera pas un premier délinquant économique financier issu de ses basses œuvres.

 

MOMAR DIENG

 

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