Publié le 10 Feb 2012 - 12:31
POST-POINT

Le problème !

Les déclarations publiques du président de la République à Thiès mercredi donnent l'effroi. Mais elles sont vraiment sans surprise aucune ! La manipulation du dossier des Chantiers de Thiès, les ordres qui s'abattent sur les magistrats, en particulier sur un juge bien singulier nommé Cheikh Tidiane Diakhaté, relèvent des banalités ordinaires qui sont le fondement du wadisme gouvernant. On peut au passage saluer les capacités apparemment illimitées du président du Conseil constitutionnel, hier en charge des Chantiers de Thiès, à endurer l'humiliation permanente avec une constance si stoïque, si increvable, en un mot si...surhumaine.

 

Sous cet angle-là, il n'y a rien de nouveau en dessous des tropiques qui surplombent le domaine de notre Roi-Soleil. Abdoulaye Wade n'agit pas forcément en homme bien. Le comprendre comme tel permet de ne pas trop ''souffrir'' des énormités comme celle déclamée mercredi dans la capitale du Rail.

 

 

 

En revanche, on aimerait bien entendre ses affidés, collaborateurs et autres partisans sur ce fameux discours de Thiès. ''Les Chantiers de Thiès, c'est moi qui les ai volontairement bloqués... Redonnez-moi Thiès (en votant pour moi à la présidentielle) et je reprends les travaux...'', a-t-il dit en substance. Sans tremblote. C'est du Wadisme pur et dur ! Est-ce qu'un homme soucieux a minima des principes démocratiques peut parler et agir ainsi ? Sur quelle échelle de valeurs doit-on placer un président de la République capable de porter un tel coup à la séparation des pouvoirs ? A travers ses propos de Thiès, Wade n'humilie pas seulement Cheikh Tidiane Diakhaté ; il en fait de même, en pire, contre ses plus farouches défenseurs, ceux qui envahissent les colonnes de journaux et la bande FM pour chanter sa ''gloire'', ''son attachement à la démocratie''... Si présentement ils ne sont ni gênés ni dérangés par de tels propos, c'est peut-être parce qu'ils sont comme lui !

 

 

Devant un tel désastre face à un président de la République aussi incontrôlable et vindicatif, on pourra toujours gloser sur les tares flagrantes de l'opposition, le passé de certains d'entre ses leaders, les compromissions passées avec un diable ou un autre, ses incapacités à formuler une véritable alternative... Mais il semble que l'urgence aujourd'hui réside dans la nécessité de quitter l'impasse dans laquelle le pays se fourvoie et qui interpelle toutes les bonnes volontés susceptibles d'y apporter leur contribution. Mais est-il seulement possible d'atteindre cette ambition avec un président si hors du commun ?

 

MOMAR DIENG

 

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