Publié le 10 Apr 2012 - 08:44
POST POINT

MACKY  Déjà dans le piège des lobbies ?

 

A cet effet, le khalife Serigne Sidy Mokhtar Mbacké a rappelé à Macky Sall toute l'estime dont bénéficie son prédécesseur auprès de la confrérie. En langage prosaïque, cela a un sens : ne touchez pas au talibé Abdoulaye Wade et, subsidiairement, à sa famille. Ce serait alors l'aboutissement “heureux” de l'opération “Save my son” que le chef de l'Etat sortant avait lancée sur Touba et Tivaouane au lendemain de sa débâcle à la présidentielle et dont EnQuête avait déjà fait état dans ses colonnes.

 

Aujourd'hui, on ne sait pas jusqu'où ira la détermination du président de la République par rapport aux audits qu'il a promis. Mais on peut considérer que l'intervention du khalife général des mourides est susceptible de représenter un frein à cette volonté. Or, le mandat que le peuple a confié au nouveau chef de l'Etat n'est pas de nature religieuse ou confrérique : c'est un sacerdoce populaire émanant du peuple souverain. Il théorise les aspirations fondamentales des Sénégalais par rapport à une problématique essentielle aux yeux des électeurs du 25 mars, la gouvernance vertueuse. Le détournement de ce mandat au travers de connexions personnalisées sans lien avec les raisons de la pulvérisation d'Abdoulaye Wade serait inacceptable et constituerait un très mauvais signal à l'endroit des forces démocratiques et citoyennes du Sénégal.

 

Du reste, les prémices des futures orientations économiques inquiètent à travers les premiers actes que pose le président de la République. Plus d'une semaine après l'investiture du président de la République, le Conseil constitutionnel n'a pas encore rendu publique la déclaration de patrimoine du chef de l'Etat. Le Premier ministre, cinq jours après son entrée en fonction, ne donne aucun signal de transparence en révélant par exemple à l'opinion les liens qu'il pourrait avoir avec les milieux d'affaires duquel il est issu. Sans parler des vingt-cinq membres du gouvernement dont on attend également un geste d'éclat. A côté, la présence déjà affirmée du “grand capital” français au cœur de ce qui va être la politique économique de Macky Sall doit interpeller les vigies du respect des engagements souscrits par le président de la République, notamment dans la défense des intérêts supérieurs du Sénégal. On se fait peut-être des idées... Mais c'est au président de la République de poser les actes qu'il faut.

 

MOMAR DIENG

 

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