Publié le 3 Sep 2013 - 20:00
POST-POINT par MOMAR DIENG

De l'efficacité et moins de gazouillis !

 

 

Après seize mois de tâtonnements, d'hésitations, d'imprécisions et de confusions, marqués par quelques petites ruptures n'ayant pas essentiellement changé le visage du Sénégal, le président de la République est dans une dynamique de reprofilage d'une action gouvernementale qui a véritablement manqué de leadership, d'inspiration et de pragmatisme. Le limogeage longtemps attendu du faux-austère Abdoul Mbaye, et la montée en puissance d'Aminata Touré, visent à replacer le pays dans le sens de la marche, mais aussi et surtout à donner un élan nouveau au phénomène de prise en charge des préoccupations sociales incompressibles des populations.

Au-delà de certaines élucubrations stricto partisanes sur la répartition des strapontins, c'est sur ce terrain de la demande sociale que le nouveau Premier ministre est attendu. La parenthèse douloureuse d'une première année (perdue) de gouvernance Sall scotchée entre déception et inquiétude doit laisser place à un engagement plus fort et à un pragmatisme mieux senti autour d'une vision moins floue des aspirations des Sénégalais. Une vie moins chère, une distribution d'électricité moins chaotique, zéro mort lors des pluies d'hivernage, plus d'efficacité et moins de gazouillis dans la traque des biens mal acquis, plus de modestie et moins d'arrogance, plus de responsabilité et moins de personnalisme dans l'action de service public. Sous ce rapport, le pouvoir n'a plus le choix après avoir vendangé la marge de manœuvre dont il disposait au lendemain du départ d'Abdoulaye Wade. Soit il produit des résultats probants, soit l'opinion le sanctionnera à la mesure des attentes déçues.

On peut certes partir de l'a priori selon lequel Aminata Touré a la détermination et l'engagement nécessaires à la prise en charge de la demande sociale et de la bonne gouvernance. C'est la volonté politique. Malheureusement, engagement et détermination ne suffisent pas à obtenir des résultats. Et les pesanteurs systémiques qui annihilent depuis plusieurs décennies les perspectives d'un développement économique et social durable du Sénégal sont encore bien ancrés chez nous. Ils ont pour noms : indiscipline, inconstance, frivolité, désinvolture... Autant de maux qui avaient été à l'origine du scandale du bateau Le Joola et ses 2 000 morts, et qui sont loin d'être l'apanage des seuls simples citoyens.

C'est alors pour rappeler l'énorme responsabilité des politiques investis de pouvoir dans la mise en œuvre d'une citoyenneté de développement qui, ailleurs, a permis à d'autres de se hisser un peu plus haut dans la pyramide des nations émergentes. On l'oublie trop souvent, c'est autour des hommes politiques que se jouent, au quotidien, les olympiades de la corruption, de la concussion et de la prévarication.

L'idée n'est pas d'être pessimiste face aux travaux d'Hercule qui attendent Mimi Touré. Elle a du cœur, le nouveau PM ! C'est simplement d'être attentiste et vigilant devant les actes que cette ancienne trotskiste de la Quatrième Internationale s'apprête à poser pour le destin du Sénégal.

 

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