Publié le 28 May 2013 - 22:34
POST-POINT par MOMAR DIENG

 La «franchise Wade» et la gaucherie d'Amnesty

Le régime du Président Macky Sall en général, le Gouvernement en particulier est facilement attaquable sur plusieurs fronts, politique, institutionnel, social, au plan de la transparence... Le dernier forcing des membres du Conseil économique, social et environnemental (CESE) pour rendre opaque le fonctionnement de l'institution en est une preuve tangible. La vérité, clamée depuis longtemps, est que ce pouvoir ne tient pas (encore) la promesse des semis d'alternance après avoir fondamentalement tiré profit d'un contexte général qui faisait du départ d'Abdoulaye Wade autant une nécessité historique qu'un facteur de sécurité nationale.

 

Mais aujourd’hui, il y a des lignes de brouillage tissées à dessein et manipulées en écrin qui cherchent obstinément à inverser les postulats à partir desquels on doit pouvoir lire ce qui se joue sous nos yeux et en expliquer les soubresauts. Au fond, c'est la façon dont le Parti démocratique sénégalais voudrait imposer son agenda qui est proprement inacceptable et scandaleux car elle repose sur la bonne vieille méthode de l'éthique du mensonge.

 

A dire vrai, tout s'enchevêtre dans la situation actuelle entre des protagonistes qui, quelque part, partagent un fil d'Ariane qu'ils s'acharnent à diriger dans leur orbite respectif. On peut désespérer d'Amnesty International dont le représentant au Sénégal se couvre gauchement de ridicule en mettant sur un pied d'égalité le régime d'Abdoulaye Wade et la gouvernance Macky Sall. Si cette prise de position n'est pas politicienne, il va falloir revisiter tous les dictionnaires de la planète pour identifier le vrai sens du non sens qui vient d'être servi à l'opinion publique nationale et internationale.

 

Les «jumeaux» Amnesty et HRW

 

Cette posture n'est pas surprenante car Amnesty International s'est transformée depuis longtemps en une organisation politique qui refuse de s'assumer comme telle. Ses dérives dans les grandes questions internationales, et notamment sa très grande complaisance avec les administrations Bush, hier, et Obama, depuis cinq ans à propos du bagne de Guantanamo, lui a extirpé une grande part de la crédibilité morale dont elle se prévalait.

 

En réalité, avec Human Right Watch, l'autre jumeau anglo-saxon, Amnesty forme une paire de redoutables propagandistes, prompte à sévir en pays pauvres, là où la «civilisation démocratique» n'a pas encore totalement mis les pieds, silencieuse quand il faut couvrir les forfaits des grandes puissances dans quelque territoire rebelle à dresser comme on le ferait d'animaux sauvages. On voit bien aujourd'hui que Amnesty International est devenu le pivot intellectuel et juridique de l'organisation du procès de Hissène Habré. Mais on a également bien remarqué qu'elle a déserté le terrain du combat pour le procès de l'ex-Administration Bush à propos de plusieurs massacres et assassinats de populations, palestiniennes notamment, mais pas seulement.

 

Seulement quatorze mois après le changement de régime, Amnesty Sénégal vient de commettre une faute lourde imputable à une absence d'objectivité impardonnable au regard des missions qu'elle s'est assignées. Ce rapport qu'il vient de publier est une agression morale autant qu'une insulte contre tous les Sénégalais qui ont milité, de diverses manières, contre l'autocratie d'Abdoulaye Wade. Sa démarche est d'autant plus gauche qu'elle coïncide malheureusement avec l'agenda d'action que l'ancien chef de l'Etat a décidé de mettre en œuvre pour exfiltrer de prison, d'une manière ou d'une autre, son fils Karim Wade, avec l'appui des affidés politiciens qui veulent marchander les explosifs de la «Franchise Wade» ; harcèlements, rapports de forces, menaces physiques, passages à l'acte si besoin...

 

D'un autre côté, il est plus que temps que le pouvoir prenne la mesure du danger subversif qui le guette et consente enfin à se défendre et à défendre le choix démocratique du peuple sénégalais. Face à «l'âne qui se couvre de la peau du lion», disait Ésope, «s'asseoir sur sa victoire» peut être un vilain défaut car «c'est un fauteuil qui ne tient pas», selon Mérindolus...

 

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