Publié le 18 Feb 2012 - 14:51
POST-POINT

Police au service d'une dictature

Les forces de ''l'ordre'' qui font face depuis quelques semaines aux manifestants engagés contre la candidature du président de la République sortant méritent un autre qualificatif que celui de police républicaine. En l'espèce, cette police-là, avec ses conscrits immatures qui semblent n'avoir été ''dressés'' que pour frapper et humilier, ses ''fillettes'' hagardes, la trouille dans les yeux, qui donnent l'impression de ne pas savoir ce qu'elles font sur les théâtres d'opération du centre-ville, ses piliers de terrain qui insultent des citoyens comme ils respirent mais dont la terreur transparaît dans le regard... Cette police-là, comme toutes ses homologues du monde qui sévissent au service de dictatures naissantes ou affirmées, ne fait montre d'aucun état d'âme dans les ''missions'' qui lui sont assignées. Depuis plusieurs jours, elle agit comme elle veut sur le terrain des affrontements avec les militants pour la sauvegarde de la Constitution du Sénégal. Elle semble avoir carte blanche et coudées franches pour réprimer toutes les initiatives visant à faire entendre raison à Abdoulaye Wade, incarnation essentielle du désastre sénégalais.

 

Cette police-là, parce qu'elle dit obéir à des chefs politiques qui l'incitent à frapper aveuglément et impunément, est elle-même devenue dangereuse pour la stabilité politique et sociale du Sénégal. En sur-protégeant le régime par sa posture d'insensibilité absolue devant les vérités et arguments qui ont disqualifié Wade, elle en est devenue l'alliée fondamentale contre les revendications légales et légitimes des Sénégalais. Cette police-là, adoubée par des chefs politiques à la moralité de pâquerette, s'est abolie toutes frontières dans la traque que les autorités politiques ont décidé d'exercer sur les militants et défenseurs de la nature républicaine et démocratique de l'Etat du Sénégal, mais également sur de simples citoyens. Le gangstérisme qu'elle s'est autorisée hier en balançant joyeusement des grenades lacrymogènes dans la mosquée de la Zawiya d'El Hadj Malick Sy (RTA) traduit une autre réalité : la suite de la désacralisation de tous les symboles auxquels se réfèrent les populations, notamment institutionnels et religieux. Avant-hier, c'était à la Cathédrale de Dakar que ces mêmes forces de l'ordre s'étaient attaqués. Par manque de courage citoyenne et républicaine, elle se retrouve dans l'impasse jumelle à celle qui a déjà signé l'arrêt de mort politique du chef de l'Etat en exercice, celle-là même vers laquelle conduit tout système de répression basé sur les théories de la force.

 

Aujourd'hui, la police qui tue, réprime, insulte, vocifère, sans aucune sorte de retenue, cette police-là est aujourd'hui le déshonneur de la Nation. Elle est devenue une entité politique non secrète, fière de ses œuvres, tournée vers le passé car il semble indiscutable que ses agissements sont contraires à l'intérêt supérieur du Sénégal. Les violations concrètes des libertés de réunion et de culte auxquelles elle se rend coupable pourraient être l'aboutissement d'une fin de règne violente pour le mentor supérieur qu'elle sert si aveuglément, un apprenti-dictateur aux ambitions démesurées qui n'aura été finalement qu'un politicien pitoyable.

 

Mais en tous les cas, quelle que soit l'intensité de la répression policière contre les manifestants, un seuil psychologique important a été franchi en soixante-douze heures sur le chemin de la défense des libertés démocratiques et citoyennes. Il faut juste veiller afin que cet acquis échappe au discours tétanisant de troubles entrepreneurs politiques et religieux qui ont déjà vendu leur âme au diable.

 

MOMAR DIENG

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