Publié le 10 Nov 2014 - 04:53
POUR JOUER AU GENDARME MONDIAL

Washington brandit la menace terroriste

 

Le président des États-Unis Barak Obama a déclaré que Washington est déterminé à  neutraliser l’organisation terroriste de L’Etat islamique en Irak et au levant (Eiil). Toutefois, on peut relever que s’agissant des frappes aériennes sur les positions de l’Eil, elles ont été exécutées à la demande de L’Irak. Contrairement au bombardement des objectifs situés dans le territoire Syrien, dont Damas n’a été informé de l’opération que la veille de l’attaque. Une telle attitude est une atteinte grave à la souveraineté de ce pays, d’autant que le conseil de sécurité de l’Onu n’a pris jusqu’ici aucune décision autorisant ces opérations.

Ces opérations militaires des États-Unis en Iraq et en Syrie sont à l’évidence, destinées à  faire jouer par Washington, le  rôle du gendarme mondial avec tout ce que cela peut comporter comme abus. 

En effet le double jeu est manifeste avec l’administration américaine qui a approuvé la décision d’intensifier son aide militaire à l’armée syrienne libre (ASL) pour faire à l’Eil et à d’autres groupes de l’opposition syrienne pourtant réputés comme des terroristes.  Au même moment, beaucoup de volontaires de l’Asl entrainés par des instructeurs militaires  américains en Jordanie et en Turquie regagnent avec leurs armes les rangs des combattants djihadistes. La stratégie américaine  dans ce conflit a pour but manifestement de réduire  l'influence de l'Iran dans la région et de tenir en respect le gouvernement de la majorité chiite à Bagdad. Sur le même registre il faut inscrire le renversement  du régime de Bashar al-Assad à Damas et l’isolement du Hezbollah au Liban. Ainsi, les terroristes-islamistes internationaux jouent le rôle de détachement avancé et de force de frappe dans cette stratégie géopolitique des États-Unis.

L’histoire a démontré que pratiquement,  toutes les organisations terroristes dans le monde ont été créées avec la participation directe ou indirecte des services secrets des États-Unis. La CIA a soutenu "Al-Qaïda" et le mouvement des Taliban. Les services secrets des alliés régionaux des États-Unis (Arabie Saoudite, Qatar et d'autres pays du golfe Persique) soutenaient les groupes radicaux  sunnites en Syrie et en Iraq et contribuaient ainsi  à la création de nouvelles branches "d'Al-Qaïda", tels que "Djabkhat an-Nousra", "Khorasan" et "l'État Islamique en Irak et au Levant", qui sont sortis en fin de compte du contrôle des sponsors et autres souteneurs pour se transformer en une nouvelle menace pour la sécurité internationale et régionale. 

Aujourd'hui, un de ces monstres terroristes est l’Eiil "l'État qui est né dans les flancs d’"Al-Qaïda. L'Eiil a  réussi à consolider autour de lui-même des groupes  islamistes qui faisaient partie des subdivisions de L'Armée syrienne libre. Les dizaines de milliers de mercenaires et les engagés volontaires-islamistes  d'autres États arabes et islamiques, des pays de l'Europe et les États-Unis, ont profité du succès de l'insurrection des provinces sunnites en Iraq pour attaquer par surprise, les régions du nord-ouest et centre du pays. Ils ont détruit trois divisions mécanisées des troupes gouvernementales et ont pris le contrôle d’un tiers du territoire irakien et d’un important lot  d’entreprises de l'industrie pétrolière. Ils ont rallié à leur cause  des  groupes radicaux  locaux  sunnites et les anciens militaires de l'armée de Saddam Hussein.

Comme trophées de guerre, les djihadistes de l'Eiil se sont retrouvés avec des moyens considérables de change, des valeurs dérobées des musées, des modèles les plus récents des armements lourds américains (artillerie, armement de fusées, tanks, véhicules blindés, etc.), pris en Iraq. Ils ont aussi des matériaux  radioactifs, des composants de l'arme chimique. Aujourd'hui sur  les territoires occupés en 'Iraq et en Syrie se dessine un nouvel État islamique soumis à la charia, ou on poursuit les hétérodoxes (les Kurdes, les chiites, les chrétiens et les représentants des autres confessions) et s’exercent  des supplices massifs, la prise d'otages et le commerce des esclaves. L'EI contrôle aujourd’hui, une vaste zone, allant des frontières de l'Iraq avec la Syrie, la Jordanie et la Turquie, et y fait la contrebande de pétrole, d’armes et munitions, et même de la drogue

Les frappes aériennes  des États-Unis et leurs alliés sur les positions des djihadistes en Syrie et en Iraq ne pourront  leur infliger de pertes sérieuses (car) les détachements de l'Eiil sont dispersés sur un immense territoire qu’ils maîtrisent très bien. Ils se dissimulent habilement, au sein des populations ou en les prenant comme boucliers humains.

L'armée libre syrienne, financée par  l'argent des États-Unis, et les forces armées de l'Iraq ne peuvent pas contenir l’assaut des groupes djihadistes et ne résisteront que difficilement au groupement des djihadistes forts d’un effectif de cent mille combattants bien entrainés et dotés des armes les plus modernes, qui bénéficient  du soutien d’une grande partie des  populations des régions occupées.

Le refus  des États-Unis de coopérer avec le gouvernement de Bachar Al-Assad et Téhéran dans la lutte contre l'Eiil et des groupes affiliés en Syrie et en Iraq ne peut que renforcer les positions des djihadistes. Il convient de souligner que l’espoir nourri par Washington, d’obtenir le ralliement dans la lutte contre les islamistes  de l'Arabie Saoudite, du Qatar et d'autres pays arabes est très illusoire. Même si les souverains du golfe Persique soutiendront verbalement l'intention des États-Unis de faire partie de la lutte contre les islamistes, par les canaux des services secrets et les organisations non gouvernementales les cercles salafistes (Wahhabites) continueront à soutenir les groupes militaro-politiques islamistes d’obédience sunnite. 

À cet égard, la demande de Barak Obama au sujet de "l'État Islamique" se limite seulement à la lutte contre le terrorisme et à une tentative de se justifier aux yeux de son opinion publique. Pour la lutte avec cette menace internationale, il est nécessaire de créer un front uni contre le terrorisme international sous l'égide du Conseil de sécurité de l'ONU, avec la participation de tous les acteurs régionaux et mondiaux (Russie, Syrie, Iran, Turquie, Pakistan). Washington doit penser aussi à l'introduction du paquet des sanctions restrictives en ce qui concerne les sponsors des terroristes des pays du golfe Persique. 

 

Macodou Ndiaye 

Mouvement mondial pour la paix

 

Section: