Publié le 28 Dec 2017 - 14:46
POUR UNE MEILLEURE DEFENSE DES ACCUSES

Le procès de Imam Ndao et Cie renvoyé au 14 février prochain 

 

Comme l’on s’y attendait, le procès de l’imam Alioune Badara Ndao et ses co-inculpés, prévu hier, a été renvoyé au 14 février 2018. C’est pour permettre à la défense de mieux se préparer en conséquence. Les proches et souteneurs des accusés, en particulier de l’imam, n’ont pu cacher leur émotion en voyant le religieux. Ce dernier était la grande attraction dans une salle où la sécurité a montré ses limites.   

 

Finalement, c’est le 14 février 2018 que l’imam Alioune Badara Ndao et ses 32 co-accusés, inculpés pour des faits de terrorisme, seront jugés. Le procès était prévu hier, mais a été renvoyé pour permettre à la défense de mieux se préparer. Celle-ci avait déjà annoncé la couleur en estimant que les conditions de la tenue du jugement n’étaient pas réunies. Pourtant, hier, un seul accusé manquait à l’appel. Il s’agit d’Abdou Diallo alias ‘’Abou Djendel’’ qui n’a pas été extrait. Après l’appel, le président Malick Lamotte a procédé à la vérification des constitutions des avocats. Occasion saisie par certaines robes noires pour se constituer à côté de leurs confrères déjà commis par les présumés terroristes.

Par conséquent, plusieurs accusés ont vu leur défense renforcée. Par la suite, le juge a annoncé le renvoi. C’est pour permettre aux avocats de mieux préparer la défense de leurs clients afin de leur assurer un procès équitable. ‘’Le 14 février prochain, on aura droit à une audience spéciale continue, puisque ce sera la seule affaire à juger’’, a précisé le président du tribunal de grande instance de Dakar. Mais avant que l’audience ne soit levée, Me Mouhamadou Moustapha Dieng a fait part de leur préoccupation en tant que conseils des accusés. ‘’Nous sommes au regret de porter à votre connaissance que c’est tard dans la journée d’hier (mardi) que nous avons reçu le dossier qui est différent du vôtre. Celui que nous avons comporte des failles et des lacunes qui ne nous permettent pas d’exercer notre ministère’’, a fait savoir la robe noire. A l’en croire, leur dossier est incomplet et comporte beaucoup de pages blanches’’. Une préoccupation que le juge Lamotte a promis de résoudre. Sur ce, il a levé l’audience.

Ainsi, les accusés sont retournés dans le box sous les signes d’encouragement et de compassion de leurs proches.  ‘’Tenez bon. Courage. C’est la volonté divine’’, disaient certains, tandis que d’autres, des femmes particulièrement, pleuraient. Les soutiens des accusés, furieux contre le renvoi, avaient également la mine triste. Quant aux accusés, ils ont fait preuve d’une grande sérénité. Sourire aux lèvres, ils se congratulaient.

Imam Ndao en star, les failles de la sécurité

Si la plupart d’entre eux ont retrouvé le box sans grande difficulté, c’était tout le contraire pour Imam Ndao. Vêtu de blanc avec la tête couverte d’un châle, le religieux, distingué par sa barbe blanche, a été la grande attraction. Plusieurs personnes se sont dirigées vers lui scandant ‘’Allahou Akbar !’’. Récitant des versets du Coran, une femme voilée maudissait l’Amérique, la France et toute la communauté internationale qu’elle accuse d’être les commanditaires des poursuites déclenchées contre Imam Ndao et ses co-accusés. Si les gendarmes ont pu évacuer facilement la dame, il leur était difficile de ramener le religieux. Visiblement débordés par la déferlante de ses proches, les pandores, pas très nombreux dans la salle, ont mis du temps pour sortir l’imam.

Se débattant contre les hommes en bleu qui le poussaient par les épaules, l’homme de Dieu levait la main en signe de victoire en s’égosillant avec des propos inaudibles du fait des autres cris d’’’Allahou Akbar !’’. Cette situation a sonné plusieurs avocats et justiciables qui ont dénoncé une faille dans la sécurité de la salle. ‘’Avec le méli-mélo, même un infiltré peut commettre un acte grave. Il devait y avoir plus de gendarmes dans la salle. C’est dangereux ce qui s’est passé’’, a fulminé un jeune avocat.

En effet, lors des procès d’envergure comme celui de Karim Wade et de Hissein Habré, un cordon de sécurité était dressé pour empêcher le public de s’approcher du box et même du banc réservé aux avocats. Mais hier, tel n’a pas été le cas, puisque les gendarmes sur place étaient en nombre insuffisant. Cependant, dehors et aux alentours du tribunal, le dispositif sécuritaire était impressionnant. Devant le portail, la sécurité était assurée par la police. A l’entrée, au niveau du hall, le passage au portique était obligatoire pour détecter tout objet pouvant causer un danger.

Dans cette affaire, 33 personnes doivent être jugées. D’où la grande mobilisation notée avec de nombreux bus stationnés au terrain vague situé en face de l’entrée principale du tribunal et qui sert de parking pour les justiciables.

S’agissant des faits, les accusés répondront du chef d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, actes de terrorisme, apologie du terrorisme, financement du terrorisme, blanchiment de capitaux dans le cadre d’activités terroristes en bandes organisées et complicité. Les accusés, dont 3 dames, sont en prison depuis deux ans. Un seul a comparu libre, pour avoir été placé sous contrôle judiciaire après son inculpation.  

FATOU SY

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