Publié le 24 Jun 2014 - 11:18
POURSUIVI POUR OUTRAGE

Fou Malade encourt six mois ferme

 

En prison depuis vendredi dernier, le rappeur Fou Malade sera édifié sur son sort aujourd’hui. Si jamais le tribunal des flagrants délits de Dakar suit le réquisitoire du parquet, le ‘’Y’en a marriste’’ passera les six prochains mois en prison.  

 

Il avait, devant un parterre d’invités dont le ministre de l’Intérieur et la directrice générale de la Police nationale, laissé entendre que des policiers rackettaient les populations. Mais devant la barre, hier, Malal Tall alias Fou Malade a réitéré ses dénégations faites à l’enquête. Il a persisté à dire qu’il n’a jamais eu l’intention d’outrager quiconque. 

‘’Mon intention n’a jamais été d’outrager les policiers, mais c’était tout simplement pour leur demander davantage de protection à l’endroit de la population’’, a insisté Fou Malade. Sur sa lancée, il a indiqué que son souci, c’était ‘’d’apporter une critique positive pour une police de qualité’’. ‘’Je n’ai jamais eu l’intention de jeter le discrédit ni sur la police ni sur les institutions d’autant que mon père fut policier, et j’ai des parents dans l’administration pénitentiaire et dans le gouvernement’’, a-t-il ajouté pour sa défense.

Le rappeur s’est désolé de l’interprétation faite de ses propos. ‘’ C’est au cours de mon interrogatoire que j’ai senti que certains policiers étaient blessés’’, a regretté Fou Malade avant de présenter ses excuses. ‘’Si mes propos sont diffamatoires, je m’en excuse car je voulais faire comme le 23 juin’’, a-t-il dit. Ses excuses n’ont pu convaincre le substitut du procureur Adama Ndiaye qui a tenté de confondre Malal Talla via certains de ses propos.

‘’Avez-vous une fois assisté à une scène de racket ?’’ lui a demandé le parquetier. Le prévenu de répondre par la négative, soutenant avoir rapporté les complaintes des populations. ‘’En tant que leader d’opinion, vous aviez la latitude de dénoncer ces faits auprès des autorités’’, lui a rétorqué le parquetier, selon qui ‘’la liberté d’expression a des limites’’. 

L’affaire de la drogue de la police et de Touba planent sur le procès 

Pour la défense, si le rappeur a été invité à la manifestation, c’était pour exprimer son opinion. ‘’C’était une tribune pour diagnostiquer et proposer des solutions’’, a relevé Me Ousseynou Faye. Qui a écarté le délit d’outrage à agent dans l’exercice de ses fonctions. Car, a-t-il argué, les policiers présents à la manifestation n’y étaient pas dans le cadre de leur fonction. Son confrère Me Ndiène Ndiaye de renchérir : ‘’Le contexte ne permettait pas une poursuite. Lorsqu’un individu participe à la construction de l’édifice, il y a un autre moyen de le féliciter que de le traîner devant la barre’’. 

Tout en tirant sur la police, Mes Mouhamadou Bamba Cissé et Mame Adama Guèye ont insisté sur la tentative de bâillonnement de la démocratie. ‘’C’est indigne d’une démocratie. On ne bâillonne pas une démocratie’’, a asséné Me Guèye estimant que leur client a été arrêté tout simplement parce que ‘’certains se sont sentis blessés dans leur ego’’.

‘’Pourquoi le parquet ne considère-t-il pas le rapport du Forum civil comme outrageant, dans la mesure où chaque année, la police y occupe une bonne place dans l’indice de perception de la corruption ?’’ a lancé l’ancien président du Forum civil, non sans évoquer l’affaire de la drogue dans la police mais aussi le saccage et l'incendie des biens du député Moustapha Cissé Lô. ‘’On vous demande de le mettre en prison au moment où à Touba on libère les 19 personnes passibles devant une juridiction d’assises pour incendie criminel’’,  a fustigé Me Guèye. 

Malal Almamy Talla sera édifié sur son sort aujourd’hui. Si jamais le tribunal des flagrants délits de Dakar suit le réquisitoire du parquet, le ‘’Y’en a marriste’’ passera les six prochains mois en prison.

 FATOU SY 

 

 

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