Publié le 30 Apr 2017 - 10:41
POURSUIVI POUR USURPATION DE FONCTION

Un ‘’médecin ambulant’’ condamné à 6 mois de prison ferme

 

Le tribunal d’Instance de Kolda a condamné, ce jeudi 27 avril, Moussa Fané à 6 mois d’emprisonnement ferme. Il a été reconnu coupable d’avoir exercé le métier de médecin sans autorisation administrative.

 

Né le 15 juillet 1966 à Kolda, Moussa Fané a grandi en Gambie. Là-bas, dit-il, il a fait ses études en médecine traditionnelle et moderne, avant de poursuivre la « médecine à Freetown, capitale sierra léonaise, puis au Nigeria ». Après sa formation, ajoute-t-il, il est revenu au pays d’Adama Barrow pour pratiquer. « Depuis plus de 15 ans, je pratique ce métier et je nourris ma famille grâce à la médecine », a-t-il expliqué.

Ce fils du Fouladou faisait des va-et-vient entre la Gambie et son pays natal, le Sénégal. Au pays de la Teranga, il avait pour habitude de se rendre à Kabendou et environs. Dans ces localités situées dans le département de Vélingara, région de Kolda, « les populations, dit-il, viennent se faire consulter. Je leur donne des remèdes ».  A bord de sa moto, il allait de village en village avec son sac de voyage rempli de médicaments, notamment des vitamines B12, des boîtes de magnésium, de xylocaïne, de dicacilline. Il faisait des consultations, délivrait des médicaments aux patients, leurs prescrivait des ordonnances et les traitait. Pour gagner la confiance des populations, Moussa Fané se faisait passer pour un médecin assermenté.

Ainsi, tombés sous le charme de la « qualité de son travail », les malades se ruaient vers lui, ignorant totalement qu’ils avaient affaire avec « médecin ambulant dangereux pour la société », selon le mot du substitut du Procureur de la République, Abdoulaye Diouf.

A ce jeu, il est parvenu à empocher beaucoup d’argent. « J’avais beaucoup de clients et je vendais aussi des médicaments que j’avais par devers moi », a-t-il dit devant la barre du tribunal. Mais le charlatan ignorait que les techniciens de la santé de ces localités étaient au courant de ses manœuvres. Le lundi 6 mars dernier, le charlatan s’est rendu dans un village pour assister à un baptême, le sac rempli de médicaments.

En quittant le village pour se rendre à Médina Chérif, vers 20 heures, il a été appréhendé sur le chemin du retour par l’infirmier chef de poste de la commune de Médina Chérif, Moussa Ba, qui était parti à sa rencontre. Alerté, le sous-préfet de la commune de Dabo a envoyé son véhicule à l’infirmier qui a conduit Moussa Fané à la brigade de gendarmerie de Dabo. Déféré au parquet, il a été envoyé en prison.

Ce jeudi, devant la barre du tribunal d’instance, le prévenu a reconnu les faits, mais il a nié le délit d’usurpation de fonction. Ainsi, le président du tribunal, Cheikh Diop lui a demandé s’il disposait d’une autorisation administrative qui lui permet d’exercer ce métier au Sénégal ? Moussa Fané a rétorqué « Non ». ‘’Avez-vous des diplômes qui prouvent que vous avez subi la formation en médecine ?’’ Le prévenu a présenté quelques certificats rédigés en anglais. « Vos documents ne sont pas valables. Vous n’avez pas l’autorisation administrative et vous continuez à administrer des soins médicaux aux populations », a conclu le président Diop.

En prenant la parole, le Procureur Abdoulaye Diouf a requis 6 mois contre Moussa Fané et a demandé au tribunal de l’interdire de séjour au Sénégal pendant 10 ans. Selon le ministère public, « le prévenu est un danger public » qui profitait de la pauvreté des populations.

Le tribunal l’a condamné à 6 mois d’emprisonnement ferme et a ordonné la destruction des médicaments saisis.

EMMANUEL BOUBA YANGA

 

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