Publié le 24 Jan 2014 - 21:27
POURSUIVIS POUR DIFFAMATION PAR LE COMMISSAIRE CODÉ MBENGUE

 Les journalistes du ‘’Quotidien’’ s'appuient sur une lettre confidentielle

 

Après plusieurs renvois, le procès en diffamation opposant l’ancien directeur général de la Police nationale (DGPN), Codé Mbengue au journal ‘’Le Quotidien’’, s’est finalement tenu hier.

 

Attraits hier, devant le tribunal correctionnel de Dakar pour diffamation et complicité, le directeur de publication du journal ‘’Le Quotidien’’ Mohamed Guèye et son reporter Bocar Sakho n’ont pas pu affronter leur accusateur. Car, l’ancien directeur général de la Police nationale (DGPN), le commissaire Codé Mbengue, était absent. Il était représenté par son conseil qui s’est opposé à la volonté du conseil des prévenus de suspendre les poursuites contre ses clients.

Car, dès la notification de la prévention à ses clients, Me Abdoul Aziz Djigo a soulevé une exception. Il a estimé que le tribunal correctionnel de Dakar devait surseoir à statuer sur cette affaire, parce que pendante devant la justice.

Pour étayer ses dires, il a évoqué l’information ouverte par le doyen des juges sur l’affaire de la drogue dans la police, suite aux accusations de trafic de drogue portées par le commissaire Cheikhna Keïta contre son prédécesseur à l’Office centrale de répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS) et par ailleurs éphémère DGPN, le commissaire Abdoulaye Niang.

Me Ibrahima Diawara, avocat de Codé Mbengue, a donc invité le tribunal à ne pas suivre son confrère, en soutenant que la défense n’a pas apporté la preuve que l’affaire est pendante. Ainsi, le tribunal a joint l’exception au fond, avant d’ouvrir les débats.

Les journalistes ont-ils franchi le Rubicon ?

Au cours de l’interrogatoire, les deux journalistes ont clamé leur innocence. Ils ont nié avoir diffamé le plaignant à travers l’article contenant l’information selon laquelle, le commissaire Codé Mbengue ‘’recevait des parts de l’argent de la drogue’’. Auteur de l’article incriminé, Bocar Sakho a expliqué qu’ils n’ont jamais été animés par une volonté de nuire. 

Car, s’est-il défendu : ‘’Nous n’avons fait que citer le rapport du commissaire Cheikhna Keïta et nous avons même usé des guillemets’’. Le directeur de publication du journal le ‘’Quotidien’’ a abondé dans le même sens. Mouhamed Guèye a précisé qu’il s’agissait d’une lettre confidentielle adressée à l’époque au ministre de l’Intérieur.

‘’Est-ce que vous avez contacté le commissaire Codé Mbengue  pour qu’il donne sa version, dès lors qu’il s’agit d’accusations graves ?’’, lui a demandé le président Seck Diouf. Le Dirpub a répondu par la négative, arguant que des sources ont confirmé l’authenticité de la lettre confidentielle de Cheikhna Keïta. Le juge est revenu à la charge, en ces termes : ‘’Est-ce que vous n’avez pas franchi le Rubicon, en publiant une lettre confidentielle, d’autant qu’il y a une limite à la liberté d’informer’’.

Dans sa réponse, le journaliste a soutenu que leur souci était de porter à l’endroit du public des informations ‘’assez graves’’. Sur sa lancée, il s’est rectifié pour confier avoir tenté de joindre Codé Mbengue.

Quoi qu’il en soit, Me Diawara a considéré que le mal est déjà fait, dans la mesure où ‘’le policier le plus gradé du Sénégal est presque traité de trafiquant de drogue’’. La robe a ajouté que la lettre évoquée par les prévenus ne saurait constituer une preuve, étant entendu que le délai légal de 10 jours a été dépassé. Estimant que l’honneur de son client a été bafoué, il a réclamé le franc symbolique.

La défense a répliqué que le Commissaire Mbengue aurait dû porter plainte s'il s’était estimé bafoué. Ainsi, aux yeux de Me Djigo, les journalistes méritent d’être félicités, au lieu d’être traduits en justice. ‘’Ils n’avaient aucune intention malveillante, sinon que de porter une information au public’’, a déclaré l’avocat du Quotidien. A défaut du sursis à statuer, il a demandé au tribunal de relaxer les prévenus et de débouter la partie civile.

Délibéré le 13 février prochain.

FATOU SY et EMMANUEL BOUBA YANGA

 

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