Publié le 31 Oct 2012 - 20:08
PRÉPARATIFS DE LA TOUSSAINT

Les tombes embellies, certains sans leurs crucifix

 

 

Les catholiques du Sénégal commémorent la Toussaint, prévue le 1er novembre de chaque année, dans le contexte de récentes profanations de centaine de tombes dans des cimetières chrétiens à Dakar. EnQuête est allé faire un tour au cimetière Saint Lazare de Béthanie, un des lieux profanés.

 

Célébrée le 1er novembre de chaque année, la Toussaint survient cette année dans le contexte de profanation de centaines de tombes dans les cimetières chrétiens de Saint Lazare et Bel-Air à Dakar. La deuxième forfaiture a eu lieu le 15 octobre dernier une dizaine jours après la première le 6 du même mois. Fête catholique au cours de laquelle l’Église romaine honore tous les Saints, la Toussaint précède d'un jour la commémoration des fidèles défunts dont la solennité a été officiellement fixée le 2 novembre.

 

Hier vers 12h 45 minutes, le cimetière Saint Lazare de Béthanie grouillaient de monde alors que le soleil au zénith tape fort. L'assainissement des lieux est bien avancé. Les herbes arrachées sont jetées au fur et mesure dans un camion. Les parents s'occupent de repeindre et fleurir les tombes de leurs proches disparus. Augustin Dasylva est en train d'enlever les petites herbes qui encombrent la plante Aloe Vera qui orne la tombe de sa défunte maman Marie Thérése Tine. Pendant ce temps, ses deux frères David et Léon puisent de l'eau pour ensuite nettoyer la sépulcre.

 

Selon Augustin, 22 ans, chaque trois mois, ses frangins et lui, viennent débarrasser la tombe de ses herbes parasites. Mais le lavage se fait seulement à l'approche de la Toussaint. ''La Toussaint est une fête pour tous les Saints, y compris les vivants et les morts. Comme les défunts ne sont plus avec nous, c'est une bonne chose de prier pour eux le lendemain de la fête. C'est pour leur montrer que nous ne les avons pas oubliés. Donc, l'endroit doit être propre pour accueillir le Christ'', explique Augustin.

 

Plus loin, Moustapha Sylla s'affaire à repeindre une tombe où repose la défunte Adeline Bass, à la demande de la famille Bass. ''Chaque année, à une semaine de la Toussaint, je viens au cimetière pour gagner de l'argent. Pour chaque tombe, on me paie 1500 francs Cfa. Je peux gagner jusqu'à 10 000 francs Cfa la journée'', confie Moustapha. ''Je suis obligé de faire une nouvelle peinture à l'approche de chaque Toussaint. Avec l'hivernage, l'eau de pluie rend la tombe sale. Et ce n'est pas bien de la laisser ainsi parce que nos défunts doivent aussi être bien traités'', dit Théodore Bass, père défunte.

 

Pagne soulevé à mi-genoux et bien noué aux reins, Michelle Badiane, brosse à la main, asticote le tombeau de son défunt mari. Sueur dégoulinant de son visage, pieds nus, elle monte sur la tombe pour bien frotter le haut. Sa fille Chantale Sène lui sert par moment un pot d'eau pour le rinçage. ''Il y en a qui le font tous les mois. Mais si tout le monde le fait durant cette période, c'est parce que le 2 novembre est consacrés aux fidèles défunts. Et pour cette commémoration, l'endroit doit être sain. Nous allons prier avec des bougies qui ne doivent pas être déposées dans un lieu insalubre'', souligne Michelle. Pour sa part, Thérèse Ndour plante des fleurs autour de la tombe de son frère disparu Luc Ndour. ''C'est un moment très spécial dans notre vie. La fête nous rapproche de nos parents décédés et nous rappelle des moments difficiles. Nous devons embellir les tombes afin que là où ils se reposent, qu'ils sachent que nous veillons toujours et prions pour le repos de leur âmes'', souligne Thérèse.

 

''Situation apaisée''

 

Quid du récent vol de crucifix par des individus non encore identifiés ? ''Je ne peux pas me prononcer sur cette affaire car c'est la gendarmerie qui s'en charge. Mais la situation s'est apaisée. Pour beaucoup plus de prudence, j'ai demandé aux fidèles de ne pas remplacer les crucifix volés en attendant que l'affaire s'arrange. Même ceux qui ont voulu mettre de nouveaux crucifix, je leur ai demandé d'attendre'', informe Ibrahima Sarr, chef de poste du cimetière.

 

Viviane DIATTA

 

 

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