Publié le 13 Dec 2017 - 13:50
PR. AMINATA SALL DIALLO, LORS DE L’INSTALLATION DE L’ANJSS

‘’Le Sénégal a raté beaucoup de rendez-vous’’

 

Choisie comme marraine de la toute première promotion de l’Académie  nationale des jeunes scientifiques du Sénégal (Anjss), Pr. Aminata Sall Diallo, conseillère technique au ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, a tenu un discours de vérité aux jeunes chercheurs scientifiques installés hier.

 

‘’Le Sénégal a raté beaucoup de rendez-vous dans le domaine de la recherche. Si nous ratons celui-ci, notre pays ne se fera pas. Sans la recherche, il n’y a pas d’enseignement supérieur. Nous sommes passés d’une économie de rente à une économie de savoir. Dans cette économie du savoir devenue incontournable, la recherche et l’innovation constituent un enjeu majeur’’, a d’emblée fait remarquer le Pr. Aminata Sall Diallo, en marge de l’atelier de renforcement de capacités de jeunes scientifiques en rédaction de projets de recherche. Arborant ses habits de marraine, la conseillère technique du ministre de l’Enseignement supérieur prévient les 15 jeunes scientifiques sélectionnés : ‘’Si vous tombez dans la facilité, vous tuez nos universités. Et lorsque nos universités seront mortes, notre société le sera également.’’

Pour  la chargée de la Recherche et de la Coopération auprès du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, il ne suffit pas de former ces jeunes scientifiques aux techniques de rédaction de projets pertinents. Au-delà, il faudra leur apprendre à maitriser tout le circuit et les différents modèles allant de la rédaction au montage financier des projets pour pouvoir capter les financements dédiés à la recherche dans le monde. Lesquels financements, insiste-t-elle, sont très compétitifs.

A en croire cette spécialiste en hépatologie, les résultats de beaucoup de recherches sont encore là. Pour elle, ‘’c’est bien de produire des connaissances, mais l’enjeu c’est comment  faire en sorte que les résultats de ces recherches soient vulgarisés, valorisés et même commercialisés. Le jour où nous parviendrons à sortir les différents résultats de nos recherches des tiroirs pour les commercialiser, on aura réussi à rentabiliser et à rendre socialement utile la recherche universitaire’’.

C’est pourquoi elle invite ces jeunes chercheurs scientifiques à trouver le lien entre la recherche universitaire et le développement socioéconomique. Il s’agit de faire en sorte que la recherche puisse contribuer à la croissance du pays et à son développement durable. Cela est faisable, même si elle admet que ‘’nos pays obéissent beaucoup à la dictature des urgences. Alors que la recherche se construit, demande énormément de ressources financières’’. ‘’Nous n’avons pas de gros moyens pour nous lancer dans une recherche fondamentale. Il faut aller vers la recherche pour le développement. A partir des besoins de notre pays clairement identifiés, il nous faut éclairer les décideurs politiques. Il faut que les politiques publiques soient éclairées par la recherche. Il nous faut un type de recherche qui puisse résoudre les problèmes de notre société’’, préconise-t-elle.

MAMADOU YAYA BALDE

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