Publié le 5 Nov 2018 - 19:36
PR. DAOUDA NDIAYE (CHEF DU SERVICE DE PARASITOLOGIE DE LE DANTEC)

‘’Personne ne viendra régler le problème de l’Afrique  à notre place’’

 

La fuite des cerveaux, il est contre et ne s’en cache pas. Ainsi,  de retour au Sénégal ce week-end, après sa nomination comme conseiller spécial à l’Université Harvard de Boston, le professeur Daouda Ndiaye compte rester dans son pays. Et poursuivre son combat contre le paludisme et toutes les maladies infectieuses, surtout celles à transmission vectorielle.

 

Il n’est pas du genre à tout abandonner dès qu’il obtient une meilleure proposition. Nommé conseiller spécial à l’Université Harvard de Boston, le professeur Daouda Ndiaye ne compte pas quitter le pays. Il préfère rester dans son Sénégal et dérouler ses nouvelles fonctions. Le chef du Service de parasitologie de l’hôpital Aristide Le Dantec a accepté ce poste parce que, soutient-il, son désir de rester au Sénégal et de continuer son travail à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a été pris en compte. ‘’Je compte coordonner mes activités liées à cette fonction depuis Dakar. Je voulais préciser cela, parce que j’ai été interpellé de partout dans le monde. Cependant, j’aurai à faire des missions de courtes durées toute l’année aux Etats-Unis’’, a-t-il précisé samedi dernier à son retour des Etats- Unis.  

La raison  de sa décision est simple. Il dit : ‘’Je suis contre la fuite des cerveaux, quel que soit ce que l’on vous propose et également l’importance de la fonction. Nous Africains avons été formés pour appuyer nos pays à sortir du sous-développement et ainsi améliorer les conditions de vie de nos populations. A ce propos, je reste sénégalais et africain dans la veine, car convaincu que personne ne viendra régler le problème de l’Afrique à notre place.’’ Sur sa lancée, le parasitologue de souligner : ‘’Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir décider pour le Sénégal, pour l’Afrique et pour le monde, à travers cette nomination. Je le ferai fièrement en tant que premier Africain nommé à ce poste. J’estime que nous ne pouvons pas régler les problèmes de l’Afrique si tous ses fils partent vers d’autres  continents.’’

Cependant, le Pr. Ndiaye a déploré le fait que l’Afrique n’ait jamais été  reconnaissante envers ses fils. ‘’Ce qui est par contre dommage en Afrique, c’est que la reconnaissance vient toujours de l’étranger avant que nos dirigeants ne daignent reconnaitre le mérite de leurs dignes fils. C’est malheureusement la raison principale qui justifie que des Africains reçoivent des propositions à l’international et quittent leur pays. Je suis persuadé qu’ils quittent parce qu’ils n’ont pas le choix. Pour arrêter la fuite des cerveaux, l’Afrique doit apprendre à exploiter ses talents et reconnaitre leur mérite avant que d’autres continents ne le fassent à sa place’’, a-t-il dénoncé.

Selon lui, les différentes nominations prouvent encore une fois que les Africains n’ont pas les moyens financiers nécessaires à leur disposition pour atteindre leurs objectifs. Qu’ils n’ont pas non plus les plateaux techniques adéquats, encore moins les ressources indispensables pour leur mise en œuvre. ‘’Mais ils ont le savoir’’, se console-t-il.

Des bourses d’excellence aux élèves du Sénégal

Avec cette nomination, le  Pr. Daouda  Ndiaye ne compte pas croiser les bras. Loin s’en faut. Explications : ‘’J’ai décidé de créer des bourses d’excellence aux élèves. Je commencerai d’abord par l’école élémentaire et aussi dans le département de Pikine. Cette ville  m’a vu naitre et m’a tout donné. A partir de ce mois (novembre), je ferai le tour du Sénégal, je donnerai des bourses aux meilleurs élèves du pays, désormais.’’

En plus de l’école, la santé, son domaine, sera également prise en compte. ‘’J’appuierai également les couches défavorisées avec la Couverture maladie universelle, en passant par ces élèves. Pour le moment, je compte m’investir activement dans la promotion de l’école sénégalaise’’.

Par ailleurs, le chef du Service de parasitologie de l’hôpital Le Dantec a exprimé sa fierté d’avoir été proposé en tant qu’Africain pour être un conseiller spécial à la très prestigieuse Université Harvard de Boston. Lui et ses collègues conseillers auront, a-t-il expliqué, à décider des programmes de formation d’enseignement, de proposer des stratégies innovantes pour l’éradication du paludisme à travers le programme international piloté par l’Université de Boston. ‘’Notre rôle sera de proposer également de nouveaux concepts en matière de formation diplômante, d’enseignement en matière de paludisme en particulier et de santé en  général. Car les méthodes de recherche de lutte contre le paludisme restent similaires aux approches de lutte contre les maladies infectieuses, surtout celles à transmission vectorielle qui sont liées au sous-développement’’.  

Cette initiative de formation et de recherche, a soutenu le Pr. Ndiaye, est enseignée à  Harvard aux spécialistes de la santé et aux grands décideurs du monde depuis plusieurs années. Elle a, poursuit-il, permis ‘’la formation de plusieurs spécialistes venus des quatre coins du globe’’.

VIVIANE DIATTA

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