Publié le 22 Oct 2018 - 14:10
PREAVIS DE GREVE ET RETENTION DES NOTES

Les recommandations coercitives de Diamé Diouf

 

Conseiller en éducation et formation à la présidence, Diamé Diouf invite l’Etat à interdire les préavis de grève annuels et les rétentions de notes. La réponse des syndicalistes ne s’est pas fait attendre.

 

La grève est un droit, l’éducation aussi. Entre les deux, se pose la problématique du juste milieu. Samedi dernier, au cours d’un panel sur le thème ‘’Droit syndical, droit à l’éducation : Quelles réponses pour le système éducatif sénégalais ?’’, le coordonnateur du Mouvement national pour la revalorisation de la fonction enseignante a déclaré qu’il y a nécessité de revoir certains textes pour une harmonisation qui tient compte du droit à l’éducation.

Selon Diamé Diouf, par ailleurs conseiller technique en éducation et formation à la présidence, le droit à l’éducation pour l’enfant est fondamental et doit être préservé, alors que le droit syndical a des limites. C’est ainsi qu’il a formulé six recommandations pour l’Etat. Parmi elles, la modification des textes, pour mieux encadrer l’action de grève. L’une des pistes de réflexion qu’il propose consiste à interdire les préavis de grève annuels et la rétention des notes. ‘’Ça n’existe nulle part, déposer des préavis annuels. L’Etat doit revoir les limites des grèves. De même, la rétention des notes est illégale’’, dit-il. Il enchaine pour demander l’amélioration des textes des élections de représentativité. ‘’L’Etat peut rabaisser le taux de représentativité de 10 à 5 %. Ce qui permettra d’élargir la base syndicale, une fois les élections terminées, faire en sorte que tout syndicat qui n’a pas ce pourcentage ne pourra pas déposer un préavis de grève’’, préconise M. Diallo.

Diamé Diouf invite également l’Etat à accompagner les syndicats représentatifs dans l’équipement et la formation par l’octroi de bourses. Mais il veut aussi que l’autorité rappelle aux enseignants la nécessité à se conformer aux textes qui régissent leur profession. ‘’Je veux parler du phénomène «khart matt» (travail au noir)’’, lance-t-il dans l’ironie. A la place, il faudra établir une réglementation de partenariat, afin de permettre aux enseignants de diminuer la pression syndicale sur le budget de l’Etat, d’améliorer la condition enseignante. A l’Etat de respecter les accords signés, mieux institutionnaliser le dialogue national.

‘’Il n’y a pas un texte qui interdit le préavis de grève annuel’’

Ces recommandations n’ont pas laissé indifférent le secrétaire général du Saemss. Saourou Sène déclare qu’il ne sera jamais question, pour les syndicats, d’accepter que l’Etat revienne sur des acquis. Parmi ceux-ci, il y a, dit-il, la liberté syndicale qui évoque un ensemble de principes qui sont d’abord le dépôt du préavis de grève annuel. ‘’Nous n’accepterons pas que le gouvernement y revienne. On nous dit que la rétention des notes est interdite ; il n’a qu’à dire le texte qui l’interdit, il n’y a pas un texte qui l’interdit’’.

Saourou Sène lance, à l’endroit de Diamé Diouf, que toute limitation de la liberté remet en cause cette liberté. ‘’Nous sommes suffisamment intelligents pour comprendre que la question syndicale est éminemment importante, tout comme celle de l’éducation. Nous avons la pleine conscience de cette situation’’, rétorque le syndicaliste. Selon qui les recommandations du conférencier sont à analyser sous l’angle de trois dimensions : c’est en tant qu’ancien ministre de l’Education nationale, syndicaliste et homme politique.

‘’Vous êtes tout le temps en grève’’

Kalidou Diallo a encouragé les enseignants à l’éducation syndicale, afin qu’ils puissent être conscients du droit à l’éducation. ‘’Il faut qu’ils forment leur base. S’ils ne sont pas conscients, à la base, de l’importance du droit à l’éducation, ils vont faire des pressions sur leurs responsables qui vont mener des grèves illimitées’’, prévient-il. Kalidou Diallo prône l’unité syndicale, d’autant plus que le corps compte 100 000 enseignants, ce qui représente, pour lui, une force économique, morale et intellectuelle. Il donne l’exemple des pays anglophones qui ont réussi pas mal dans ce domaine.

L’ancien ministre de l’Education nationale, Kalidou Diallo, les appelle à des initiatives africaines, sous-régionales, internationales à la Cedeao, à l’Ua dans la mise en œuvre des programmes. ‘’Vous pouvez bénéficier de financements pour vos formations dans ces organismes, vous impliquer dans les programmes internationaux. Mais vous ne le faites pas, parce que vous êtes tout le temps en grève’’, a-t-il craché. Kalidou Diallo ne s’en arrête pas là. Il a demandé aux enseignants de renforcer le rôle de la femme dans le leadership syndical, car il considère que cette dernière a une sensibilité dans l’éducation.

Le coordonnateur du Mouvement national pour la revalorisation de la fonction enseignante, Diamé Diouf, compte élaborer un rapport après cet exposé de recommandations et le soumettre au chef de l’Etat Macky Sall.

AIDA DIENE

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