Publié le 28 Sep 2013 - 22:26
PREMIER LEAGUE

Le footballeur anglais, valeur en chute libre en Premier League

 

 

Où sont passés les joueurs anglais en Premier League? Ils ne font plus recette et sont désormais absents du paysage du championnat le plus riche du monde. Et ce n’est pas fini.

 

Tony Meola doit sans doute se dire qu’il est né vingt ans trop tôt. Tony Meola, ça ne vous dit sans doute rien. Et c’est normal. Gardien de but de l’équipe des États-Unis, cent capes au compteur à la fin de sa carrière, Meola s’est fait remarquer durant la Coupe du monde 1990. Les Américains, qui faisaient leur retour sur la scène mondiale après quarante ans d’absence, avaient pris une série de raclées mais le portier avait tapé dans l’œil de l’Angleterre. Il s’était envolé de l’autre côté de l’Atlantique, mais l’aventure n’a pas duré longtemps. En septembre, le temps de passer de Brighton and Hove Albion à Watford, il avait été renvoyé manu militari aux États-Unis parce que son permis de travail n’avait pas été renouvelé. La raison? Il n’avait pas joué avec Watford. Et n’apparaissait pas comme assez "utile" aux yeux des services d’immigration de sa Majesté.

Deux grosses décennies plus tard, le paysage a bien changé. L’Angleterre et la Premier League sont le paradis des footballeurs étrangers. S’il faut toujours obtenir un permis de travail pour y jouer lorsqu’on n'est pas européen, son obtention ne pose plus les mêmes problèmes. Un joueur qui a disputé 75% des matches avec sa sélection lors des deux années précédentes et est originaire d’un pays classé au-dessus de la 70e place au classement FIFA aura son sésame. A coup sûr. Concernant les autres, c’est devenu très souple. Demandez donc à Willian (2 sélections avec le Brésil), qui ne remplissait pas le premier critère. Il a tout de même été autorisé à signer à Chelsea cet été. Le label "Brésil" a permis au joueur de passer sous les fourches caudines. Le patron de la FA, Greg Dyke, a récemment rappelé qu’il n’était pas le seul. Selon lui,"30% des joueurs qui ont reçu un permis de travail cet été ne répondaient pas aux critères de base."

Un tiers d’Anglais, deux tiers d’étrangers

Globalisée depuis plus d’une décennie, la Premier League n’a jamais été aussi planétaire qu'aujourd'hui. La preuve avec cette statistique : lors de la première journée de la saison 2013/2014, seuls un tiers des joueurs alignés d'entrée de match étaient de nationalité anglaise (33,6%). Ils étaient 73,1% quand la Premier League a vu le jour en 1992/1993. L’Angleterre est plus qu’ouverte sur le monde. Ce n’est pas nouveau. Mais c’est désormais alarmant parce que cette proportion est un plus bas historique. Quand il s’agit de recruter, les clubs anglais regardent à l’étranger. Pour deux raisons : le rapport qualité-prix du joueur anglais est souvent aberrant. Et, en même temps, le vivier local s’appauvrissant, le talent est désormais ailleurs. Logiquement. Le cercle est vicieux. Le serpent finit par se mordre la queue. Et ce n'est pas près de changer.

Durant de longues années, la Ligue 1 a fait figure de parent pauvre du football ouest-européen. Et, privé de pétrole, a tenté d’avoir des idées pour se donner de l’allure. Les jeunes et la formation, ainsi que le système D, ont pallié le manque de stars. Avec le PSG et Monaco, il existe désormais deux arbres qui cachent la forêt. En Angleterre, il n’y a pas deux arbres. Mais une forêt bien garnie qui cache le désert. Tout le monde a les moyens et en profite.

La répartition des droits TV est équitable comme dans nulle autre ligue. Et comme le gâteau est gros, il est plus simple de faire de grosses parts. Mais c’est aussi une question de volonté. En Espagne, quand le Real Madrid touche 14 euros, le dernier en touche 1. En Angleterre, quand QPR a gagné 1 euro en étant relégué à la fin de la saison dernière (et aura le droit à un parachute durant quatre ans), Manchester United, champion, en a empoché 1,53. En valeur absolue, cela donne 72,2 millions d’euros pour MU, 47,2 millions pour les Queens Park Rangers. De haut en bas, l’argent permet d’aller chercher ailleurs ce que l’on n’a pas sur le territoire. Et de recruter à prix d’or.

Top 8: zéro Anglais recruté

Cela n’est pas près de changer puisque les droits TV de la Premier League ont augmenté de 70% cet été alors que BT est entré dans la danse et, comme Sky Sports, diffuse désormais des matches (NDLR: les droits TV globaux, domestiques et à l'étranger, courent sur trois ans pour une somme de 6,5 milliards d’euros). L’an prochain, le champion d’Angleterre devrait toucher autour de 119 millions d’euros. Et le dernier ne sera toujours pas lésé. Il empochera plus que le champion 2012/2013… Conclusion : la Premier League ne connaît pas la crise et le footballeur anglais moyen a plus que jamais du mouron à se faire. Après un mercato estival 2012/2013 record (750 millions d’euros dépensés) et plus que jamais tourné vers l’étranger, il n’y a pas de raisons que l'Anglais soit plus à la mode l’été prochain.

 

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