Publié le 23 Sep 2019 - 11:28
PREMIER LEAGUE

Liverpool passe le bridge à l'arrache

 

Totalement dépassés en seconde période, les Reds s'imposent sans convaincre contre Chelsea grâce à deux combinaisons malignes sur coups de pied arrêtés (2-1), et creusent leur avance en tête de Premier League. Pour son retour sur les terrains, N'Golo Kanté a marqué le but du week-end.

 

Dieu seul sait à quelle drogue fonctionne ce Liverpool-là. On dit Dieu : on voudrait écrire Klopp. Il fallait être arrivé en avance dans les travées de Stamford Bridge pour assister à la scène : les Reds, disposés en rond sur la pelouse londonienne en fin d’échauffement, et le gourou en chef pour fermer le cercle. Il éructe, invective Henderson, agite les bras vers Van Dijk : à quoi tient un match réussi ou, plus que cela, une saison de champion ? Les détails. Peut-être, à cet instant, Klopp parlait-il des combinaisons sur coups francs qui ont permis aux siens de plier Chelsea en deux ce dimanche après-midi, grâce à Trent Alexander-Arnold et Firmino (1-2). Ou peut-être parlait-il d’autre chose. Le résultat est le suivant : une talonnade, un but. Le football pratiqué par les Reds est parfois flamboyant, il était face aux Blues teinté de sobriété et, osons le dire, très peu inspiré. Spoiler : au bout du compte, cela fait six victoires en six matchs, comme l’an dernier, une première dans l’histoire de la Premier League.

Missile téléguidé

Le foot étant ce qu’il est, une affaire de pieds autant que de caméras, l’après-midi avait commencé par un sourire. Celui de Frank Lampard, toutes dents dehors, heureux de confier à la presse de Stamford Bridge que N’Golo Kanté serait titulaire, enfin. « On sait combien il est important dans notre jeu, quel travail formidable il abat. » Prenez Sadio Mané comme témoin : rapidement muselé par le Français sur son côté gauche dans le 4-3-3 caractéristique de Liverpool, ses combinaisons avec Salah et Firmino semblent dans un premier temps court-circuités par Azpilicueta et Emerson. S’en remettre alors à ce que les Reds savent faire : les coups de pied arrêtés, phases sur lesquelles ils ont déjà trouvé la faille à 32 reprises depuis le début de la saison dernière, plus que toute autre équipe anglaise.

En rajouter deux : sur une combinaison qui voit Salah talonner pour Alexander-Arnold, ce dernier envoie un missile (chronométré à 118km/h) côté ouvert dans la lucarne de Kepa (0-1, 14e). Puis, sur un coup franc très excentré, nouvelle talonnade de « TAA » pour Andy Robertson, qui dépose un caviar sur la tête de Firmino, gagnant d’un duel tranquille avec Marcos Alonso au point de penalty (0-2, 30e). Voilà qui fait 34, et voilà surtout qui fait cher payé pour les Blues de Sarri, dominateurs dans le jeu et dangereux via Willian (10e), Abraham (24e) et surtout Azpilicueta, auteur d’un but refusé par le vidéo-arbitrage (27e). Et comme les emmerdes - comme les buts - vont toujours par pair, Lampard voit Emerson et Christensen sortir sur blessure avant la pause. Foutue loi de Murphy, foutue Angèle.

Saucissonnés

Il n’y a rien d’exaltant dans ces Reds-ci : les triangles offensifs ont presque disparu (cinq tirs seulement à l’heure de jeu), mais le boulot de l’ombre est éclairant au cœur du jeu, où Fabinho, Henderson et Wijnaldum coupent toutes les lignes de passes vers Abraham, Mount et Willian. Un travail de forçat concluant, mais qui n'amène aucun danger sur les cages de Kepa, et progressivement, lentement, Chelsea pose son empreinte sur la rencontre. Liverpool, dont la fébrilité défensive est le centre névralgique des inquiétudes de Klopp (une seule clean-sheet cette saison, lors du 3-0 contre Burnley), se craquelle devant Abraham (58e) et Kanté (59e), avant que ce dernier ne rentre le but du week-end d’un raid solitaire largement inspiré d’Eden Hazard (1-2, 71e).

Liverpool ne joue plus. Liverpool recule. Liverpool est cramé. Mané sort, Henderson sort, Salah, à côté de ses pompes, devrait les suivre. Chelsea pousse comme une femme enceinte en salle d'accouchement, multiplie les centres et les situations dangereuses, et Batshuayi manque de profiter d'une erreur d'alignement de Van Dijk et Matip (89e), avant que Mount ne gâche la balle de match (90e). Comme depuis le début de saison, Chelsea a des idées, propose, mais ne parvient pas à trouver la faille face à une équipe qui n'a perdu qu'un seul de ses 44 matchs de championnat. La première victoire de la saison à domicile attendra. Le bilan de l'après-midi pour Liverpool n'est pas probant, mais le résultat comptable est pourtant celui-ci : jamais un leader n'avait compté autant de points d'avance sur son dauphin (cinq points) au soir de la 6e journée. Pour la manière, on repassera.

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