Publié le 27 Sep 2018 - 19:04
PRESIDENTIELLE 2019

Pape Diop prend son destin en main

 

Après Ousmane Sonko à la place de la Nation, Pape Diop va lancer son cri de guerre, aujourd’hui, à la place du Souvenir. Retour sur un parcours en dents-de-scie.

 

C’était un secret de polichinelle. Pape Diop sera bien de la partie en 2019. Aujourd’hui, à la place du Souvenir, il compte, dit-il, faire une ‘’importante déclaration’’. Le moins que l’on puisse dire est que l’ancien président du Sénat et de l’Assemblée nationale ne veut pas jouer au figurant, lors des prochaines joutes électorales. L’ami de Me Wade semble fin prêt pour aller à l’assaut du suffrage des Sénégalais. Aux Etats-Unis, il y a quelques semaines, il déclarait déjà sa candidature. Là-bas, au pays de l’Oncle Sam, il avait décliné quelques-unes de ses convictions fortes. Ainsi, apprenait-on que Pape Diop milite pour un président de transition, en 2019 ; un président qui ne fera qu’un seul mandat de 5 ans. ‘’Le Sénégal, avançait-il, a besoin d’un homme qui n’ambitionne que d’entrer dans l’histoire… Je ne vois pas dans la classe politique quelqu’un de consensuel en mesure de rassembler tous les partis politiques ; qui s’entend avec tous les foyers religieux. Voilà pourquoi je me présente pour faire un mandat de 5 ans et ensuite organiser des élections transparentes’’.

Cette déclaration de candidature, loin des frontières, était presque passée inaperçue. Le président de Bokk Guiss Guiss va certainement la réaffirmer avec force, aujourd’hui, devant ses partisans et le peuple sénégalais tout entier. La révolution Sonko est-elle passée par là ? Pas de réponse tranchée. Ce qui est sûre, c’est que si le président du Pastef, qui défraie la chronique depuis quelques mois, est un novice dans la sphère politique, Pape Diop, lui, commence à blanchir sous le harnais.

Depuis 1974 au moins, il est dans le militantisme actif. Depuis 1993, il sollicite, avec succès, des postes électifs. Député plusieurs fois, Pape Diop a aussi siégé à maintes reprises comme conseiller municipal à la mairie de Dakar. Lui le natif de Mbour, homme d’affaires prospère depuis les années 1980, selon ses proches. Ancien président de l’Assemblée nationale, ancien président du Sénat, ancien trésorier du Pds, Pape Diop se fixe un nouveau destin à partir de la perte du pouvoir par son ancienne formation.

2019, pour lui, aura, à coup sûr, un cachet assez particulier. Pour la première fois, en effet, l’ancien maire de Dakar briguera pour lui-même le fauteuil présidentiel. Mais que le chemin fut âpre !

L’échappée solitaire d’un libéral pur jus

Après les instants de gloire au Pds, 2012 sonne le glas du compagnonnage entre Wade et son ancien argentier. Le ‘’Pape du Sopi’’, peiné par la rébellion de son ex-bras droit, lui déclare la guerre sans même sourciller. C’est lors de ce combat du maitre contre son protégé que l’équation du véritable prénom de l’ancien maire de Dakar a été soulevée devant l’amusement général du public. Pape Diop ou Moustapha Diop ? Peut-être les deux à la fois. En tout cas, pour l’ancien chef de l’Etat, il y a bien eu fraude sur l’identité de son ‘’frère libéral’’.

C’était au mois de mai 2012. Comme actuellement, nous étions à la veille d’élections importantes dans la vie de la République du Sénégal. Le secrétaire général du Pds disait, bouillant de rage : ‘’Pape Diop, qui s’appelle (en réalité) Moustapha Diop, a usurpé le nom de son frère. Nous avons examiné cela dans nos instances et avons décidé de saisir le procureur de la République pour lui demander d'ouvrir une enquête pour savoir qui est Pape Diop.’’ La révélation était fracassante. Elle n’a pas été plus étonnante que l’échappée solitaire de Pape ou de Moustapha du Parti démocratique sénégalais. Certaines sources d’indiquer que Pape Diop n’avait que 20 ans, quand il entrait au Pds. C’est ainsi que les deux compagnons que d’aucuns croyaient inséparables se sont éloignés, à la surprise générale.

Après plus de 35 ans de compagnonnage, l’ancien président du Sénat quitte l’école du père pour fonder la sienne. Le parti Bokk Guiss Guiss, qui était d’abord une coalition, est ainsi né sur les flancs du parti libéral. Au grand dam de l’ancien président qui avait alors traité son ancien trésorier de tous les noms d’oiseaux. Il n’empêche, Pape Diop fonce dans sa nouvelle voie avec des pans entiers du parti libéral dont Mamadou Seck, Abdoulaye Baldé, Ousmane Masseck Ndiaye…

Aux législatives de 2012, la dissidence du Pds arrive en 3e position avec un score plus qu’honorable : plus de 143 000 voix. Ce qui lui permit d’ailleurs d’obtenir 4 sièges à l’Assemblée nationale. Dans le même sillage, Pape Diop s’était engagé avec la même coalition aux élections locales de 2014, et a pu obtenir plusieurs postes de conseillers municipaux et même certaines mairies importantes du Sénégal, comme celle de Rufisque-Est. Aux dernières élections législatives de 2017, Pape Diop, en fin tacticien, s’est allié avec son parti d’origine. Ce qui lui a permis d’obtenir cinq sièges de député.

Même si, entre 2012 et maintenant, il a perdu pas mal de ses lieutenants, l’ancien maire de Dakar n’en demeure pas moins un candidat sérieux qui peut jouer les trouble-fêtes au rendez-vous électoral de 2019.

MOR AMAR

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