Publié le 6 Apr 2018 - 01:46
PRESIDENTIELLE DE 2019

Idy drague l’électorat militaire

 

Le président du parti Rewmi et candidat déclaré à l’élection présidentielle de février prochain, Idrissa Seck, a profité, hier à Thiès, du défilé du 4 avril pour rendre un vibrant hommage à l’ensemble des forces de sécurité et dévoiler le programme qu’il ambitionne de mettre à leur disposition.

 

Venu assister hier au défilé du 4 avril, le président du Conseil départemental de Thiès a très vite improvisé un mini meeting au terme de la cérémonie pour s’adresser aux forces de défense et de sécurité, aux anciens combattants, aux blessés de guerre... ‘’Je voudrais rendre un hommage appuyé à l’ensemble de nos forces de sécurité et de défense qui nous rendent des services considérables. Je voudrais leur donner l’assurance que nous avons confiance en leur mérite et en leur patriotisme. Je voudrais avoir une pensée d’admiration et de respect à l’endroit d’abord des anciens combattants, des blessés de guerre qui ont des indisponibilités temporaires ou définitives. J’ai une pensée de respect et de gratitude pour leur sacrifice au service de la nation’’, a déclaré l’ancien Premier ministre.

Poursuivant son propos, Idrissa Seck souligne qu’il faut donner aux forces de défense et de sécurité et aux anciens combattants tout le respect qu’ils méritent et les assister dans les moments les plus difficiles comme c’est le cas aux États-Unis. Tout le contraire au Sénégal, selon lui. ‘’J’ai noté des difficultés dans la prise en charge médicale notamment, de nos blessés. J’ai noté des difficultés au niveau de leurs pensions. Ils quittent du jour au lendemain leurs salaires pour se retrouver avec le tiers, dans un environnement où ils ont pourtant en charge les mêmes familles puisque les enfants sont encore à l’école ou ne travaillent pas encore. Naturellement, j’invite à ce qu’une solution soit trouvée à cette situation. En tout cas, je voudrais donner à cette armée l’assurance qu’elle sera au cœur de notre préoccupation’’, ajoute Idrissa Seck qui annonce la tenue d’un séminaire sur ce sujet dans le courant du mois d’avril à l’issue duquel plusieurs propositions seront faites aux différents groupes socioprofessionnels.

Abordant la question de la retraite, notamment des officiers de l’armée, l’ancien Premier ministre pense que c’est du ‘’gâchis de les voir partir à 65 ans’’. ‘’Il y a des officiers qui sont dans des domaines de conception, de stratégie militaire où on a besoin de la maturité de leur parcours et de leur expérience. J’ai l’intention au moins, pour un certain nombre de corps, de prolonger l’âge de la retraite parce je pense que ce sont des gens qui ont encore la possibilité de servir. Nous pouvons avoir aussi des généraux qui ne sont pas en activité, mais qui sont en activité dans la stratégie militaire et dans la conception’’, déclare-t-il tout en faisant aussi un clin d’œil aux magistrats et aux enseignants qui, dit-il, vont à la retraite alors qu’ils sont ‘’encore utiles à leur pays’’.

Vers des retrouvailles avec les Wade ?

Dans la course à la Présidentielle du 24 février 2019, un duo Karim-Idy pour faire face à Macky Sall n’est pas totalement à écarter. En tout cas, le président de Rewmi a fait part de la sympathie qu’il a pour les Wade. ‘’C’est à l’âge de 14 ans que j’ai connu Abdoulaye Wade dans notre maison de Grand Thiès puisqu’il était l’ami de Badara Niang. Et c’est mon propre père qui les a mis en relation. Nous avons été ensemble père et fils. Des comploteurs se sont arrangés pour nous brouiller. Cela a créé une crise gigantesque au Sénégal au sommet de l’État. Lesdits comploteurs se sont retournés contre lui, ont emprisonné Karim, l’ont exilé. Maintenant, les choses sont claires. Du point de vue familial, il n’y a plus de problème’’, révèle Idrissa Seck. Avant de clarifier l’opinion sur le coup téléphonique qu’il a reçu de l’ancien ministre de la Coopération internationale: ‘’Quand Karim m’a appelé, il m’a dit lui-même : ‘’Je veux en tant que jeune frère m’occuper personnellement de ta retrouvaille avec ton père.’’ Voilà ce qu’il m’a dit’’, précise-t-il.

‘’Macky doit demander pardon au peuple sénégalais…’’

Avant-hier, lors de son adresse à la nation, le chef de l’État a parlé pendant presque une quinzaine de minutes et a omis certaines questions politiques qui alimentent les débats ces derniers jours, notamment le parrainage. Pour Idrissa Seck, il ne reste qu’une ‘’seule tâche et un seul discours’’ au Président Sall, c’est ‘’demander pardon au peuple sénégalais, à la jeunesse qui chôme, aux anciens à qui nous, Wade et moi, avions donné le plan Sésame et qui n’y ont plus accès puisque les hôpitaux sont en faillite. D’ailleurs, le prochain morceau que je lui dédierai et qu’il doit écouter attentivement, c’est le morceau de Youssou Ndour, ‘’Jégëlu’’’’, raille le leader du Rewmi. 

...REACTIONS...

PAPE SAER GUEYE, PDS

‘’Macky Sall est très mal à l’aise de vouloir toucher la Constitution’’

‘’Le chef de l’Etat a omis  volontairement de parler du parrainage. De notre point de vue, il est très mal à l’aise qu’après le référendum, en moins de deux ans, il veuille toucher la Constitution. Ça, c’est inédit, qu’il puisse chercher à modifier l’article L57 où il glisse subtilement la notion de tout Sénégalais électeur. La difficulté et le problème qu’il a, c’est que la loi est générale et impersonnelle. Si on cible deux candidats, Karim Meissa Wade et le maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall pour changer une loi, cela pose problème. Parce que si cette loi est changée, ils ne pourront pas s’inscrire. Karim Wade, là où il est, il n’y a pas de commission. Il ne peut pas donc s’inscrire à partir de là-bas. Maintenant avec ces dispositions, s’il partait en France, s’il avait prévu de partir à la fin du mois pour s’inscrire, son inscription sera invalidée dès lors que la loi sera promulguée. Khalifa Sall lui est en prison et il ne peut même pas sortir pour aller s’inscrire. Cela veut dire qu’il ne pourra pas être candidat. Donc cette loi vise ces deux candidats.

Maintenant la leçon de tout cela, c’est que nous avons un président de la République qui, à travers ces dispositions, cherche à éliminer systématiquement les candidats qui peuvent le battre. Car le parrainage qu’il a fait passer de 10 000 à 65 000 signatures voire 70 000, et qu’il veut élargir aux partis politiques, est une violation flagrante de l’esprit de toutes les lois qui confèrent aux partis politiques qui doivent compétir au suffrage universel. On ne peut pas se réveiller et dire qu’un parti qui travaille depuis plus de 40 ans et qui est représenté à l’Assemblée nationale, qui a géré des mairies, qui a participé à la formation des citoyens, est d’égale dignité avec un citoyen qui a de quoi payer sa caution ; ça menace les fondements de l’esprit d’un fonctionnement démocratique.

C’est une démarche qui menace la stabilité de notre pays. Ce n’est pas à un président sortant de choisir ses adversaires, d’éliminer ceux qu’il veut, de sponsoriser des candidats marionnettes. Il ne veut pas aller au deuxième tour. Voilà les risques qu’encourt le pays. C’est pourquoi nous appelons tout le peuple sénégalais, dans toutes ses composantes, à se mobiliser pour qu’il n’y ait pas de menace de la sécurité de notre pays.’’

ZAHRA IYANE THIAM, MINISTRE  (CONSEILLERE DU CHEF DE L’ETAT)

‘’C’est un discours fort et rempli de symboles’’

‘’Je me réjouis de la célébration du 58ème anniversaire de notre accession à la souveraineté internationale. Je pense que c’est un discours très fort et rempli de symboles du président de la République, président de toute la nation sénégalaise. Une nation qu’il a tenté de définir à travers un avenir qui se tracera sur la base de ce que nous vivons, de notre présent, sur la base également de ce qui s’est passé. Il a fait appel à ceux qui se sont battus, ceux qui se sont sacrifiés pour nous permettre aujourd’hui de reprendre le flambeau et de continuer les nombreux défis qu’il nous faut relever. Les défis sécuritaires au niveau des personnes, des biens et des services, la sécurité intérieure du pays. Mais également la sécurité vue sous l’angle de l’éducation, de la formation. Pour avoir cette sécurité intérieure et économique, il faut bien être formé. Il a rappelé les enjeux au niveau de la formation, de l’enseignement supérieur, de l’emploi des jeunes à travers la Délégation de l’entrepreneuriat rapide. C’est vraiment un discours d’unité, d’espoir, d’apaisement. Il a essayé de rassurer par rapport au nombre de défis qui nous interpellent.

Maintenant pour ce qui est des questions politiques, elles ont largement fait l’objet de discussion. Ce n’est pas pour rien qu’il y a eu le Cadre de concertation sur le processus électoral où l’ensemble des acteurs politiques auraient pu avoir le temps de discuter sur toutes les questions. Parce qu’un discours à la nation ne peut que développer les grands axes. Même en parlant des efforts que le gouvernement fait pour la prise en charge de la question des enseignants, il a donné les conclusions pour ne pas entrer dans le fond des discussions. Je pense que le lieu approprié pour revenir sur les questions électorales, c’est le Cadre de concertation sur le processus électoral. Ce sont des discussions qui vont se poursuivre. Puisque parmi les recommandations qui ont été faites, il est proposé une revue technique du code électoral. Je pense que dans ce cadre-là, les prolongements des discussions pourraient se faire.’’

ABDOU MBOW (PORTE-PAROLE ADJOINT DE L’APR)

‘’Ce n’était pas le moment de faire de la politique politicienne’’

‘’Le 4 avril est une fête nationale pour célébrer, comme le président de la République l’a dit, nos héros, nos armées, rendre hommage aux anciens combattants, parler de la jeunesse et de la nation sénégalaise, des choses sociales importantes, notamment la santé, l’éducation et surtout la concorde nationale. Tout cela, le président de la République en a parlé dans son discours de 14 minutes. Il a montré à la face du monde que l’accession à la souveraineté internationale d’un pays n’est pas quelque chose avec quoi on doit jouer. Ce n’est pas le temps de faire de la politique politicienne, de lancer des diatribes. C’est le temps de travailler à réconcilier la nation qu’il dirige. C’est ce que le président de la République a fait. Maintenant nous, en tant que ses collaborateurs, nous n’allons pas entrer dans la polémique. Nous avons un bilan à défendre, un bilan très élogieux d’ailleurs ; le moment venu, comme on le fait depuis six ans, nous allons le faire.

Le Président Macky Sall dirige un pays régi par des lois et règlements. Un projet de loi a été adopté en conseil des ministres et envoyé à l’Assemblée nationale, le lieu par excellence du débat démocratique, ça va se débattre là-bas. Aujourd’hui, le parrainage encore une fois, c’est revenir à l’équité et à la démocratie. Tous les candidats issus de partis politiques ou de la société civile, tout le monde va se présenter à chance égale. C’est cela la démocratie. Je suis un parlementaire, le projet de loi est à l’Assemblée nationale. Le moment venu, on fera prévaloir nos arguments. En tout cas, il y a un temps pour faire de la politique et un temps pour faire autre chose. Mais le 4 avril est une fête de concorde nationale et nous l’avons célébré à sa juste valeur.’’

CHEIKH ISSA SALL (PRESIDENT DU PUR)

‘’Le Président a fait exprès de ne pas parler du parrainage’’

‘’Tout le monde a cette même appréciation du discours à la nation du président de la République qui a quand même fait abstraction de toutes les questions politiques. Il est clair que nous sommes dans une année préélectorale et nous sommes dans un processus qui a déjà démarré d’ailleurs avec l’inscription sur le fichier électoral, le retrait des cartes, la chose inédite et nouvelle, le parrainage. Ce n’est pas mauvais que le Président puisse l’évoquer. Il a fait exprès de ne pas en parler, c’est mon impression, parce que c’est une patate chaude. S’il en avait parlé, il aurait peut-être pu expliquer de façon explicite, à la nation et surtout à tous les Sénégalais, la quintessence du parrainage.

Maintenant, ce qu’il a dit par rapport à l’éducation et aux médecins, c’est salutaire. Les enseignants voulaient une augmentation de l’indemnité de logement et ils sont tombés d’accord sur quelque chose. Les médecins aussi avaient demandé qu’on leur prolonge l’âge de la retraite et les indemnités de présentation, là aussi c’est quelque chose à saluer. Mais je pense que ce n’était pas trop cela, l’essentiel du discours qui concerne toute la nation.’’  

A.MB    

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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