Publié le 11 May 2017 - 21:38
PRISE EN CHARGE DES DREPANOCYTAIRES

L’hôpital Fann dispose d’une unité de soins ambulatoires 

 

Les drépanocytaires disposent désormais d’une unité de soins leur permettant d’avoir une meilleure prise en charge. D’un coût global de 500 millions, elle a été construite par la Principauté de Monaco.

 

Les personnes souffrant de la drépanocytose peuvent pousser un ouf de soulagement. L’unité de soins ambulatoires aux enfants et adolescents drépanocytaires a été inaugurée hier au centre hospitalier national Albert Royer. D’un coût global de 500 millions de F Cfa, elle est le fruit de la coopération entre la Principauté de Monaco et le Sénégal. Depuis plusieurs années, cette unité a été annoncée. Aujourd’hui qu’elle a été mise sur pied, elle va, selon le directeur de l’hôpital Albert Royer, Thierno Ndiaye, contribuer substantiellement à un meilleur traitement des enfants et adolescents drépanocytaires, grâce à une prise en charge exclusive (consultation, hospitalisation, bilan sanguin) et un renforcement des compétences du personnel. Cette unité de soins a une capacité de 15 lits, 3 espaces d’attente d’une capacité de 40 places, 4 salles de consultations ainsi qu’une unité de laboratoire équipée. Il y a également des box de consultation pour les vacataires.

 Le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Action sociale a rappelé que la drépanocytose est une maladie fréquente, grave, qui nécessite que les pouvoirs publics et les populations lui consacrent toutes les énergies nécessaires. Au Sénégal, a dit Ibrahima Wone, même si 10% de la population générale est concernée, sans distinction de sexe, d’ethnie ou de catégorie sociale, la plupart des porteurs l’ignorent. Parce que, a-t-il expliqué, la grande majorité d’entre eux présente la forme ‘’AS’’ ou ‘’trait drépanocytaire’’ qui ne se manifeste généralement pas. Ainsi, de ‘’l’union des personnes AS, naissent chaque année plus de 1 700 enfants porteurs de la forme SS qui est une maladie grave dont la mortalité est estimée à 50%, avant l’âge de 5 ans, si elle n’est pas diagnostiquée et prise en charge tôt, dès l’enfance’’, a soutenu M. Wone.

A l’en croire, les deux principaux axes stratégiques dans la lutte contre la drépanocytose sont la prévention primaire et la prise en charge précoce et adéquate des patients. Mais malgré les efforts réalisés dans la lutte contre cette maladie, a souligné M. Wone, de nombreux défis restent à relever. Il s’agit de réduire le nombre de naissances d’enfants porteurs de drépanocytose et de réduire la morbidité et la mortalité liées à la maladie par une prise en charge appropriée et accessible à tous. ‘’Il faut également mettre en place un programme national prenant en compte la formation du personnel de santé, le dépistage néonatal systématique, la mise en place d’un réseau de prise en charge des cas, mais aussi assurer la couverture sociale de la prise en charge des patients’ ’, a-t-il relevé.

ENCADRE

Le réseau africain de lutte contre la drépanocytose boycotte

Le réseau africain de lutte contre la drépanocytose a boycotté hier  l’inauguration de l’unité de soins ambulatoires aux enfants et adolescents drépanocytaires. Les membres de ce réseau ne sont pas contents des agissements du directeur de l’hôpital Albert Royer. D’ailleurs, cette frustration n’a pu être cachée par un des leurs, le président de l’Association sénégalaise de lutte contre cette maladie. A la place d’un discours, Maguèye Ndiaye n’a fait que des remerciements à l’endroit des partenaires qui ont aidé à la construction de l’unité. Selon ce dernier, ils ne peuvent pas comprendre l’attitude du directeur d’Albert Royer qui a refusé d’offrir un petit-déjeuner et un déjeuner aux enfants malades venus  assister à la cérémonie. Au même moment, a dit M. Ndiaye, il remet des cadeaux de 500 000.

‘’Devant cette mascarade, l’association et le réseau ont décidé de sortir pour ne pas voir ce qui va se passer après. On va tenir une conférence de presse pour dire à l’opinion ce qui s’est réellement passé. Jusqu’à hier, nous étions au cabinet du ministre. En tant que malades, on refuse d’entrer dans ce qui se passe et qui ne vise pas le bien-être des patients. On n’assiste pas à l’inauguration, on est là à titre symbolique’’, a-t-il pesté.

Pour lui, si chacun est conscient de son rôle, il y a de l’espoir pour les enfants malades. Mais ‘’avec l’attitude des autorités d’Albert Royer, on n’y croit pas beaucoup. C’est la récupération, le fait de penser que tout ce qui est investi comme budget est reversé au fonctionnement de l’hôpital, alors que c’est pour les malades drépanocytaires. Le centre ne devrait même pas être construit dans un hôpital’’, a fulminé M. Ndiaye.

VIVIANE DIATTA

 

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