Publié le 29 Aug 2018 - 22:02
PRISE EN CHARGE DES USAGERS DE DROGUES

Les forces de l’ordre invitées dans le combat

 

Les forces de défense et de sécurité sont, depuis hier, en formation sur les techniques de réduction des risques chez les usagers de drogues. Initiée par l’Alliance nationale des communautés pour la santé et l’Ong Ajd/Pastef, elle a pour objectif de permettre à ces derniers d’accéder à une meilleure prise en charge.

 

Réduire les risques chez les consommateurs de drogues injectables (Cdi). C’est ce que cherche l'Alliance nationale des communautés pour la santé (Ancs), en collaboration avec l'Ong Ajd/Pastef, dans le cadre du programme régional Pareco. Ainsi, depuis hier, un atelier de formation est organisé à l'endroit des forces de défense et de sécurité. Selon le médecin psychiatre, légiste et addictologue, Dr Abou Sy, depuis quelques années, la lutte contre la drogue s’est beaucoup appesantie sur le volet de la répression. Celui-ci, explique-t-il, malgré les financements qui ont été injectés, n’a pas donné les résultats escomptés. A partir de ce moment, il y a eu un changement de paradigme basé sur deux approches. Une approche qui concerne la réduction de l’offre et une autre basée sur la réduction de la demande.

C’est-à-dire une innovation qui consiste à ne plus exclure ou stigmatiser les usagers de drogues, mais à essayer de les réintégrer dans la société, en leur offrant une meilleure prise en charge.  ‘’On s’est rendu compte qu’en les excluant, cela ne faisait qu’empirer la situation.  A partir de ce moment, de nouveaux modèles ont été créés et sont en train d’être disséminés un peu partout dans le monde. C’est dans ce cadre que le Sénégal, ne faisant pas exception, a créé deux modèles innovants, qui visent plus à réduire les risques (sanitaires, sociaux, familiaux) inhérents à la consommation de substances’’, a expliqué Dr Sy.

C’est sur cette base, dit-il, que cette formation en technique de réduction de risques pour la prise en charge des usagers est aujourd’hui dédiée aux agents militaires et paramilitaires.

Selon docteur Abou Sy, c’est à partir des années 84 qu’une nouvelle approche est développée. ‘’Il était nécessaire de sortir un peu les usagers du cadre exclusif de la psychiatrie. Parce que des offres de services étaient créées, notamment la méthadone. On a pris une aile de la psychiatrie pour former l’addictologie afin de répondre de façon holistique aux besoins des usagers de drogues’’.  A son avis, les besoins de ces derniers n’étaient pas seulement psychologiques, mais aussi somatiques. Parce qu’il fallait prendre aussi en compte les maladies infectieuses.

Prendre exemple sur la Suisse

Le coordonnateur de l’Ong Ajd/Pastef,  Ousmane Sène, a précisé que des projets innovants seront développés dans ce programme régional. ‘’Nous aimerions que les forces de sécurité puissent intégrer dans leurs interventions l’axe des droits humains, parce qu’il est important pour nous. Le projet innovant nous permet réellement de pouvoir opérationnaliser des activités sur le terrain. Nous avons remarqué que dans l’espace public, la police fait son travail et c’est bien que l’on puisse travailler ensemble sur beaucoup d’aspects pour permettre à ses agents de terrain de mieux comprendre’’, a-t-il développé. Pour M. Sène, il est possible de changer de paradigme, parce que cela a réussi ailleurs, la Suisse par exemple, même s’il a fallu attendre 30 ans. ‘’Aujourd’hui, ils ont changé de paradigme. Pourquoi pas le Sénégal ? Nous serons beaucoup plus patients parce que la règlementation n’est pas trop favorable. Mais, dans l’approche ‘’droit humain et droit à la santé’’, nous pourrions intervenir en faveur de ces Cdi’’, a-t-il souligné.

VIVIANE DIATTA

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