Karim Meissa Wade a été au cœur de la gestion du pouvoir au Sénégal. Retour sur quelques séquences d’un long feuilleton fait de milliards, de scandales, d’accusations et de contre accusations.

Karim Wade, le début du commencement. Le procès du fils de l’ancien président Abdoulaye Wade s’ouvre ce matin et adopte des contours plutôt sinueux pour cet homme dont le destin semble intimement lié à la gestion de milliards. ANOCI, Plan Takkal, affaire Qatari….Partout où il est passé, Karim a trouvé sur son chemin des milliards qu’il a fallu gérer. Mais l’homme dont la puissance avait poussé les Sénégalais à lui coller le nom de ‘’ministre du ciel et de la terre’’, est entré dans une nuit qui peine à prendre fin depuis la chute de son père. Aujourd’hui que s’ouvre son procès, Karim devra répondre de sa gestion. A-t-il bien travaillé au point que sa maman le sache où à-t-il dilapidé au point que la République le traque ? La cloche a sonné et ça va se savoir ! Mais en attendant le verdict de juges, retour sur les faits qui, dit-on, restent sacrés.

 En l’an 2008, le Sénégal abrite le sommet de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) et Karim Wade se voit confier cette ô combien symbolique et juteuse organisation. L’Agence nationale de l’Organisation de la conférence islamique (ANOCI) verra le jour et lui sera confiée. L’on  annonce des dépenses de plus de 205 milliards qui auraient été faites. Ce qu’a toujours réfuté l’ANOCI qui affirmait avoir dépensé 72 milliards dans l’organisation de l’événement à travers la réalisation de grands travaux. Des propos à l’encontre d’une conviction populaire matérialisée par l’ouvrage du journaliste Abdou Latif Coulibaly intitulé : ‘’Contes et mécomptes de l’ANOCI’’.

ANOCI, gouffre à milliards

Dans son ouvrage, le journaliste mentionne que 205 milliards 211 millions de dépenses effectives et réelles auraient été utilisés par l’ANOCI pour la réussite du sommet. Des dépenses entre autres réparties comme suit : La composante ‘’Aménagement des bureaux du siège de l’ANOCI’’ a mobilisé 750 millions de F CFA. L’argent a été utilisé pour aménager et équiper les bureaux de Karim Wade et ceux de ses collaborateurs. Évaluées à 101 milliards, les réalisations des chantiers ouverts à la veille de l’OCI dépasseraient de loin ladite somme et l’argent serait en grande partie tiré du trésor public. La bâche sous laquelle le président Wade recevait les hôtes aurait coûté 600 millions de F CFA à l’Agence des aéroports du Sénégal (ADS). L’année dernière, la presse faisait une découverte burlesque en apprenant que la bâche faisait l’objet d’une plainte déposée au parquet pour vol.

Scandale Qatari, 13 milliards pour faire quitter Kadhafi

Après le sommet de l’OCI, Karim Wade a été cité dans une affaire de milliards que son père aurait reçus en provenance du Qatar. Saïf Al Islam, le fils de l’ex-guide libyen Mouammar Kadhafi qui donne l’information, souligne que Me Wade aurait reçu 13 milliards de francs Cfa du Qatar par le biais de son fils. La contrepartie de ce deal était qu’Abdoulaye Wade se rende en Lybie pour demander à Kadhafi de quitter le pouvoir.

Plan Takkal, 650 milliards CFA

Autre gouffre à milliards, cette fois-ci, le plan Takkal. Ce dernier, créé pour Booster la fourniture en électricité dans un Sénégal qui était constamment noyé dans le noir, a été estimé à 650 milliards de nos francs. Karim Wade sera accusé de plusieurs passations de marchés de gré à gré. Ce qui allait aboutir à la modification de l’article 3 du code des marchés publics par un décret, sans que l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) ne soit mise au courtant. Ainsi, en l’espace de 6 mois, il passera des marchés de gré à gré pour l’achat de produits pétroliers d’un montant de 115 milliards. Un autre gré à gré sera fait pour réaliser une centrale à charbon à Sendou. Le coût de l’ouvrage a été de 300 milliards F CFA et c’est à l’entreprise sud coréenne KEPCO que revenait la construction.

Près de 700 milliards reprochés à Wade-fils

Incarcéré depuis le 17 avril 2013 à la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss, Karim Wade est poursuivi par la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI). Sa fortune est estimée, selon le procureur spécial Alioune Ndao, à 694 milliards de francs CFA. Il lui a été reproché d'être le propriétaire de sociétés dont Dubaï Port World, estimé à 391 milliards de F CFA, AHS Sénégal, AHS Niger, AHS Jordanie, AHS Ghana, AHS Malabo... La liste est loin d’être exhaustive.

 Karim Meissa Wade a été ancien ministre d'Etat chargé de la Coopération internationale, de l'Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures. De portefeuille en portefeuille, l’homme a bénéficié d’une confiance totale de son père de président accusé de vouloir en faire son successeur à la tête de l’Etat. Dans le camp de l’ancien chef de l’Etat, Karim est victime d’une machination politique visant à l’éliminer de la course présidentielle de 2017. Quoi qu’il en soit, le procès qui s’ouvre ce matin reste très attendu par des Sénégalais qui veulent en savoir plus sur une affaire assez complexe. Surtout que les 694 milliards reprochés à Wade-fils, au début, n’ont cessé de se déprécier. Aujourd’hui, l’on parle de 117 milliards. 

AMADOU NDIAYE