Publié le 8 Feb 2015 - 03:41
PROCES DES HUIT JEUNES LIBERAUX ARRETES SAMEDI DERNIER

Toussaint Manga et Cie relaxés

 

Le procès tant attendu des huit jeunes libéraux a débouché hier sur une relaxe pure et simple des prévenus. Cela, malgré la volonté du parquet de les maintenir encore en prison pour six mois.

 

Toussaint Manga et ses sept co-prévenus hument à nouveau l’air de la liberté. Ils ont été tout simplement relaxés par le tribunal départemental de Dakar à l’issue d’un procès qui a trop duré. Mais il faut signaler qu’avant d’arriver à ce verdict, les avocats de la défense ont mouillé le maillot. D’entrée de jeu, ils ont soulevée une exception de nullité pour l’annulation pure et simple des poursuites.

Selon Me Ousseynou Fall, la procédure ayant conduit à l’arrestation et à la mise sous mandat de dépôt de ses clients a été viciée dès le départ. A l’en croire, l’arrestation des prévenus par les forces de l’ordre a été irrégulière. Puisque, dit-il, aucune sommation n’a été faite par les forces de l’ordre. Or, les formalités prévues par l’article 92 du code pénal prédisposent trois sommations sonores ou lumineuses avant de procéder à toute arrestation des manifestants.   

Evoquant la jurisprudence de Me Abdoulaye Wade, arrêté en 1985 alors qu’il participait à une manifestation interdite pour la libération de Nelson Mandela, Me El Hadji Amadou Sall a appelé le tribunal à rendre le même verdict, c’est-à-dire, la libération pure et simple de ses clients. ‘’Compte tenu du fait que ces individus ont été privés de leur droit, compte tenu qu’ils ne sont pas arrêtés pour des faits de vol, je demande à ce qu’ils soient libérés’’, sollicite-t-il.

Mais le délégué du parquet n’a pas tardé à démonter l’exception de nullité soulevée par la défense en soulignant que des sommations ont été bel et bien faites aux prévenus. Un argumentaire qui n’a pas convaincu Me Madické Niang. Ce dernier a soutenu que ‘’la nullité ne peut intervenir que si elle remet en cause la vérité, la matérialité des faits ou si elle porte atteinte à des droits fondamentaux des prévenus’’. Or dans ce cas, souligne Me Assane Dioma Ndiaye, ‘’ce sont les droits fondamentaux des prévenus qui ont été violés par les forces de l’ordre’’.

Malgré tout cet argumentaire, l’exception de nullité sera finalement rejetée par le juge qui a ouvert par la même occasion les discussions générales.

Dans cette deuxième manche, la défense a multiplié les assauts et s’est montrée beaucoup plus acerbe. Et c’est Me Amadou Sall qui ouvre les hostilités en faisant savoir devant la Cour que c’est lui-même et Oumar Sarr, coordonnateur du Parti démocratique sénégalais, qui ont organisé la manifestation au cours de laquelle, ses clients ont été appréhendés. ‘’Nous avons été arrêtés en même temps que ces jeunes mais Oumar Sarr et moi fûmes libérés sans être entendus au préalable. Pourquoi donc maintenir ces jeunes en prison ?’’ demande-t-il au juge. 

Non sans ajouter qu’il porte en lui les stigmates du combat que le PDS mène depuis plus de 40 ans concernant le respect des libertés individuelles. ‘’Condamnez ces jeunes et demain, Amnesty international et les autres organisations de défense des droits humains saisissent le Sénégal’’, fulmine-t-il, s’adressant au juge. Se tournant vers les jeunes libéraux, il laisse entendre : ‘’Battez-vous ! Continuez parce que c’est comme ça que notre pays ira de l’avant. Notre parti, le PDS, a décidé maintenant dans ce pays, de ne plus subir les atteintes à la liberté. En tout cas moi, je n’hésiterai pas à défier l’autorité et je l’affirme ici’’, tempête-t-il. Avant d’ajouter : ‘’C’est ceux-là qui interdisent les manifestations qui sont les fauteurs de troubles à l’ordre public. Ce n’est pas nous qui allons détruire ce pays parce que nous l’avons construit.’’

Les plaidoiries épuisées, le juge a rendu le verdict qui a remis en liberté Toussaint Manga et ses camarades de parti. 

ASSANE MBAYE

 
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