Publié le 13 Jun 2020 - 03:42
PROCES EN CORRUPTION A L’IAAF

Lamine Diack assume 

 

Le procès en corruption, sur fond de dopage à la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) connait une nouvelle avancée, avec l’audition sur le fond de l’affaire de l’ex-président de ladite fédération. Lamine Diack a assumé, hier, la décision prise de retarder la procédure disciplinaire sur les athlètes russes soupçonnés de dopage sanguin.

 

L’ex-président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) est finalement descendu sur la piste, hier. Lamine Diack a répondu aux questions de la présidente de la 32e chambre du Tribunal correctionnel de Paris, Rose-Marie Hunault, relevant du fond de l’affaire. L’ancien patron de la première discipline olympique, informe l’Agence France-Presse (AFP) a endossé la responsabilité concernant la décision de retarder la procédure disciplinaire concernant les 23 athlètes russes soupçonnés de dopage sanguin.

‘’C’est moi, tout le monde a dit «casse-cou président»’’, a-t-il répondu à la question de la juge Hunault de savoir ‘’qui a pris la décision qu’il fallait étaler’’ les sanctions disciplinaires. Selon l’ancien président du Comité national olympique et sportif du Sénégal (Cnoss), cela répondait à un souci de préserver la santé financière de l’instance dirigeante de l’athlétisme mondial. ‘’C’était principalement pour la santé financière de l’IAAF. J’étais prêt à faire ce compromis’’.

Monsieur Diack confirme ainsi les propos du responsable de l’antidopage à la Fédération internationale d’athlétisme, au moment des faits, Gabriel Dollé. Lors de son audition, lundi dernier, le Français a déclaré agir sous les consignes de son ancien boss. Il ‘’m’avait demandé de considérer la situation financière très critique (de l’IAAF) et qu’à ce moment-là, avec la liste [...], cela allait provoquer un scandale (qui) allait influencer le cours des négociations avec les sponsors et les faire péricliter’’, a expliqué Dollé à la barre. L’ex-président l’IAAF dit avoir obtenu des garanties auprès des autorités russes, notamment Valentin Balakhnitchev, Président de la fédération d’athlétisme, qu’aucun de leurs athlètes ne devait être sur le podium, lors des JO de Londres-2012.

Mais, au grand dam de Lamine Diack, certains Russes ont décroché des médailles, lors de ces olympiades. ‘’L’idée que quelqu’un participe pour ne pas gagner, c’est truquer les résultats ; ce n’est pas le sport’’, lui a alors fait remarquer la juge Rose-Marie Hunault.

‘’Massata s’est conduit comme un voyou’’

Si Lamine Diack a assumé toutes les décisions relatives à la protection des athlètes russes, il ne l’a pas fait sur d’autres aspects. Il en est ainsi du financement obtenu des Russes pour battre campagne contre Abdoulaye Wade, lors de la Présidentielle de 2012. Le pacte aurait été scellé fin 2011, lors d’un voyage à Moscou, où il avait été décoré par le président russe de l’époque, Dmitri Medvedev. S’il a reconnu avoir reçu 1,5 million de dollars (873 millions de francs CFA), l’ancien maire de Dakar nie tout rapport entre l’arrangement de protection des athlètes russes et le financement obtenu pour le départ de Wade du pouvoir. ‘’Mais quand la présidente de la 32e chambre, Rose-Marie Hunault, l’interroge sur ce volet, Lamine Diack se fait flou. ‘’C'est eux’’, les Russes, ‘’qui m'ont demandé si je voulais être candidat’’, élude-t-il, en concédant avoir évoqué la somme ‘’de 1,5 million de dollars’’ devant le ministre des Sports de l'époque, Vitali Moutko’’, écrit l’AFP.

De même, sur le racket d’athlètes russes, le champion de France de saut en longueur dit ne pas être au courant, du moins avoir su tardivement que de l’argent avait été demandé aux sportifs russes dopés pour bénéficier d’une ‘’protection totale’’ de l’IAAF. Monsieur Diack dit être ‘’tombé des nues’’, quand il a été informé que son fils Papa Massata Diack, alors conseiller marketing de l'IAAF, était mêlé dans cette affaire. ‘’Il s’est conduit comme un voyou’’, regrette-t-il.

Diack fils, resté à Dakar, est sous le coup d’un nouveau mandat d’arrêt international. Il est poursuivi pour corruption, blanchiment aggravé et recel.

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