Publié le 11 Aug 2014 - 18:23
PROCESSUS D’EXTRACTION DE L’OR A SABODALA

Un investissement si… lourd

 

La société Teranga Gold Corporation a organisé, samedi dernier, une visite de presse, à la mine d’or de Sabodala. De la carrière d’exploitation à l’usine de traitement du minerai, en passant par le camp des travailleurs, les journalistes ont eu droit à toutes les explications. Cela, pour mieux comprendre comment ce travail, à la chaîne, se fait à Sabodala.

 

Sabodala. Cette localité, située dans la région de Kédougou est devenue célèbre grâce à l’exploitation de ses mines d’or. La seule mine d’or en exploitation est assurée par Teranga Gold Corporation qui exploite une concession minière de 246 km2. Tout au long de la route qui mène au site, un important dispositif sécuritaire est mis en place. Ici, on ne badine pas avec la sécurité, que ce soit les travailleurs ou les visiteurs, confie Mouhamadou Mbacké Niang, le coordinateur de la sécurité au travail. Après un bref exposé des mesures sécuritaires par le coordonnateur de la sécurité au travail, direction la carrière d’exploitation de l’or.

Auparavant, tout le groupe respecte les normes de sécurité : casques de protection, gilets… C’est dans cette carrière, la principale dans le périmètre de Teranga Gold où est extrait le minerai. Dans la carrière, les ouvriers sont à pied d’œuvre, les camions font des rotations. Le bruit assourdissant des moteurs rend la discussion quasi inaudible. Dans le périmètre, 70 000 tonnes de minerai sont déplacées par jour.

Selon le Directeur de la mine, 450 employés travaillent régulièrement sur le site. En plus des ressources humaines importantes, il y a, à côté, un investissement lourd en matériels et équipements. D’après Martin Lanctot, depuis le début des exploitations, 250 millions de dollars ont été investis dans cette carrière. Pour le moment, c’est la seule carrière en fonctionnement dans le site. Toutefois, M. Lanctot informe qu’une deuxième carrière sera ouverte dans 2 semaines. Ensuite, la troisième carrière sera fonctionnelle dès le début de l’année prochaine. Dans cette carrière, on retrouve 4 machines d’extraction, 24 camions et 4 pelles. Pour les camions, ils coûtent 1,2 million de dollars l’unité, environ  600 millions de FCFA. Quant aux pelles, l’unité coûte 2 milliards de FCFA renchérit le Directeur général de la mine.

Des milliers de litres de gasoil par heure

En plus des équipements et installations, la carrière consomme des centaines de litres d’essence par heure,  des milliers par jour. Selon Martin Lanctot, chaque pelle consomme 180l de gasoil par heure. Et pour les 24 camions, c’est 76l de gasoil par heure et par camion. ‘’Si on regarde nos coûts d’investissements, notre marge bénéficiaire n’est pas très élevé’’, reconnaît le directeur de la mine’’. De l’avis de Youssoupha, un des ingénieurs géologues, il y a dans cette carrière, 4 principales structures dans lesquelles on peut trouver de l’or : le minerai à teneur marginal ou négligeable qui varie entre 0,5 et 1g, le minerai à teneur faible, entre 1 et 1,5g, le minerai à teneur moyen variant entre 1,5g et 2g. Enfin, le haut minerai qui est supérieur à 2g.

Salle secrète

Après son extraction, le minerai est transporté vers l’usine de traitement. Une très longue distance sépare les deux installations. L’endroit est très bien sécurisé. Les grandes installations, les importantes décharges de minerais attirent la curiosité de tout visiteur. Parmi ces installations, se trouve le concassage. C’est là ou le minerai extrait de la carrière est traité, explique Malang Seydi, technicien à l’usine. Le minerai passe d’abord par le concassage primaire qui réduit sa taille de 800mm à 200mm. Ensuite, il est envoyé vers le compresseur secondaire qui réduit les pierres en une taille beaucoup plus réduite, 40mm, détaille-t-il.

Après le travail de concassage, le minerai est acheminé vers le broyeur. Comme son nom l’indique, ce dernier transforme les minerais en boue. Après la transformation du minerai en boue, de longues pompes rattachées aux broyeurs transportent cette boue vers les cyclones. Tout ce qui est broyé ‘’est classifié’’, séché, avant d’être mis dans une salle, appelé la ‘’salle de l’or’’ ou ‘’salle secrète’’, explique, avec humour, cet ancien pensionnaire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Cette salle constitue la dernière étape d’un très long processus qui a commencé depuis la carrière.

CONTRIBUTION ECONOMIQUE EN 2013

11,226 milliards versés à l’Etat

A l’occasion de la visite de la mine, avec la presse, Teranga Gold corporation en a profité pour faire la présentation de son rapport de responsabilité sociétale 2013. Au cours de cette année, la société a produit 207 204 onces d’or, soit 6,4 tonnes. Une production qui a légèrement baissé comparée à celle de 2012 ou la production était de 214 310 onces d’or environ 6,6 tonnes. En 2013, Teranga Gold qui détient 90% de Sabodala Gold Operations qui exploite la mine d’or de Sabodala a réalisé un chiffre d’affaires de 147 milliards de FCFA.

Par ailleurs, l’initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) exige plus de transparence dans l’exploitation des ressources naturelles. Les revenus tirés de ces ressources doivent être communiqués aux populations. Ainsi, dans son rapport, Teranga Gold souligne que ‘’pour chaque levée d’or, des agents de la Direction des mines et de la géologie sont présents. L’or est ensuite envoyé à l’étranger pour être raffiné et commercialisé sur le marché international’’.  Toutefois, le document précise que ‘’Sabodala Gold Opérations ne produit pas de l’or pur mais du ‘doré’ qui contient environ 86% d’or’’.

Grâce à ces opérations, l’exploitation de l’or contribue au développement économique. Pour l’année 2013, le Sénégal a bénéficié d’un paiement de 11 226 150 000 FCFA. Ces paiements au bénéfice de l’Etat sénégalais sont constitués de redressement fiscal, de droits de douane, de retenues d’impôts à la source, de redevance minière… Cependant, les salaires des travailleurs locaux sont estimés, en 2013, à 2 milliards 128 millions. La contribution à la responsabilité sociale de l’entreprise est évaluée à 405 574 000 FCFA et les achats de matériels locaux à  59 milliards 836 millions.

Par ailleurs, 934 personnes travaillent dans cette mine. Ils sont constitués, selon le document, de 28% de local, c’est à dire des habitants du périmètre de Sabodala, de 12% de régional, qui sont de la région de Kédougou. Les employés venant de la région de Tambacounda sont 8% et ceux des autres régions du pays 42%, plus les expatriés 10%.

ALIOU NGAMBY NDIAYE

 

 

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