Publié le 10 Mar 2017 - 19:12
PROFESSEUR BABACAR DIAO SUR LA TRANSPLANTATION RENALE

‘’Il n’y a que Le Dantec qui remplit les conditions’’

 

La loi sur la greffe n’est pas encore mise en œuvre au Sénégal. En attendant, Le Dantec est le seul hôpital pour le moment habilité à faire la transplantation.

 

Votée depuis décembre 2014, la loi sur la transplantation rénale n’est pas encore mise en œuvre. Même si le ministère de la Santé annonce des avancées significatives, la réalité reste tout autre.  Beaucoup de questions sont restées en suspens, comme les hôpitaux habilités à faire cette greffe. A l’occasion de la célébration hier de la journée mondiale du rein, le chirurgien urologue à l’hôpital Aristide le Dantec, Professeur Babacar Diao, a précisé que seul Le Dantec remplit les conditions pour faire une greffe. Car, selon lui, pour réussir une bonne transplantation, il faut le personnel, l’équipement nécessaire et avoir une équipe de transplantation.

C'est-à-dire, poursuit-il, qu’il faut dans l’équipe des néphrologues, des urologues et d’autres spécialités. Parce qu’au Sénégal, ‘’on va vers la transplantation donneur vivant. Il faut deux chirurgiens pour prélever un rein et au moins deux chirurgiens pour greffer. Et ce n’est pas celui qui prélève qui va greffer. Donc, il faut au minimum 4 urologues dans le service’’, a-t-il expliqué. Il faut également, dit-il, un service d’immunologie, un service de bactériologie, d’urologie, un service de radiologie fonctionnel, un service de chirurgie viscérale, un service d’anatomie pathologique. ‘’Il faut que, dans tous ces services-là, des gens disponibles soient désignés. Un médecin de transplantation n’est pas un médecin qui ferme son téléphone, la nuit. Il doit être joignable 24h sur 24.  Actuellement, il n’y a qu’un seul hôpital qui remplit ces conditions-là. C’est Le Dantec’’, renseigne Pr Diao.

En outre, le chirurgien indique que si on veut faire ailleurs la transplantation, ça sera très risqué. Si Dalal Jamm, qui a une belle architecture, remplit les critères d’équipements et de ressources humaines, ce serait l’idéal, ajoute-t-il. ‘’On ne déplace pas des équipes pour aller transplanter dans un autre hôpital.  Ceux qui travaillent doivent former une équipe. C’est des gens qui sont habitués à travailler ensemble et chez qui le courant passe’’, explique le chirurgien urologue.

‘’A Dalal Jamm, on peut le faire, d’ici 10 ans’’

Selon Professeur Babacar Diao, aucun autre hôpital n’a les ressources humaines ou le matériel, encore moins l’équipement pour faire une greffe. Même si d’éminents professeurs ont été envoyés à Dalal Jamm, ‘’il  faut un appui sur le plan du personnel, parce que le pool de spécialistes qu’ils constituent ne peut pas se transporter. A Dalal Jamm, on peut le faire d’ici 10 ans. Je pense qu’intellectuellement, ils ne l’accepteront pas. Il faut qu’on se dise la vérité, Le Dantec est équipé dans le cadre de la transplantation. Il a rénové un pavillon où un malade transplanté peut être hospitalisé en toute sécurité. Donc, je ne vois pas le problème‘’.

Dans la même veine, le néphrologue, Professeur Boucar Diouf, soutient qu’ils sont en train de buter sur l’arrêté qui va créer l’Organe de régulation de cette transplantation. Parce que ce n’est pas n’importe quel hôpital qui doit faire cette greffe. ‘’C’est une bonne chose de faire voter des lois, mais, il faut faire vite.  Bien que tout dialysé ne soit pas transplantable, l’hôpital le mieux structuré, c’est le Dantec. L’Hôpital général de Grand Yoff aussi, mais il n’a pas assez de néphrologues bien outillés’’, fait-il savoir.

De son côté, le directeur général de la Santé, Docteur Pape Amadou Diack, qui a présidé la conférence de presse, soutient que la transplantation rénale est en cours de mise en place. Il existe, dit-il, au niveau de Le Dantec, une équipe multidisciplinaire (néphrologues, urologues, bactériologie-virologie, Anatomie pathologique, Biologie, Biochimie, autres spécialités médicales et chirurgicales en veille, immunologiste nouvellement recruté par l’hôpital). ‘’Nous sommes aussi en partenariat avec Rabat et un hôpital de Grenoble et l’Agence Française de Biomédecine. Un Organe de régulation sera mis en place dans le cadre de la transplantation’’, annonce Dr. Diack.

Les obèses présentent 83% de risque d’insuffisance rénale

‘’Maladie rénale et obésité’’. C’est le thème de la journée mondiale du rein célébrée hier. Selon le Professeur Boucar Diouf, les personnes obèses ont une augmentation de 83% du risque de Maladies rénale chronique (MRC). ‘’24,9% de la MRC chez la femme est associé à une obésité. 13,8% de la MRC chez l’homme est associé à une obésité.

La prévalence de l’obésité centrale est de 26%, selon le tour de taille et de 39,8%, selon le rapport tour de taille et tour de hanches ‘’, a dit Prof Diouf. C’est pourquoi, conseille-t-il, il urge de mettre l’accent sur la prévention. ‘’Les personnes en surpoids présentent deux fois plus de risques de développer une insuffisance rénale terminale que l’ensemble de la population. Ce risque est multiplié par trois chez les personnes obèses et par 7 chez celles dont l’IMC est égal ou supérieur à 40 (obésité morbide)’’. Sur ce, il a demandé aux personnes concernées par l’obésité de vérifier le bon fonctionnement de leurs reins. ‘’En cas d’anomalie, ce dépistage peut permettre une prise en charge précoce’’, a conseillé le néphrologue.

Le Directeur de la Santé, Papa Amadou Diack, renseigne que 319 patients sont dialysés dans le public et 273 dans le privé, 49 sont en dialyse péritonéale.

VIVIANE DIATTA

 

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