Publié le 27 Sep 2016 - 19:42
PROFESSEUR MOHAMED-CHERIF FERJANI

‘’La violence n’est pas propre à l’islam’’ 

 

L’Observatoire des Radicalismes et conflits religieux en Afrique de Dakar a organisé hier soir, à la Maison de la presse, une grande conférence-débat à l’occasion de la première visite du Professeur Mohamed-Chérif Ferjani au Sénégal portant sur le thème ‘’religions, paix et violence’’. Sous un prisme comparatif, ce chercheur a expliqué que toutes les religions, à un moment donné de l’histoire, ont recouru à la violence.

 

Dans un contexte de ‘’stigmatisation des musulmans’’, ‘’d’amalgame sur l’Islam’’, la conférence animée hier par le chercheur Mohamed-Chérif Ferjani, professeur émérite de Science politique et d’islamologie de l’Université Lumière Lyon 2, avait pour but d’étudier la question du rapport qui existe entre les différentes religions et la dialectique entre la paix et violence.

Au cours de son exposé, il a démontré que ce qu’on attribue souvent à l’islam en terme de violence, d’usage de violence, d’atrocité, en causant du tort à tous les musulmans, n’est pas seulement propre à la religion musulmane. Selon cet auteur de plusieurs travaux sur les problématiques liées à l’islam politique, dans toutes les religions et traditions spirituelles, quels que soient les principes fondateurs de ces religions, parfois, il a été fait recours à la violence.

Du judaïsme au christianisme en passant par l’islam où des gens ont utilisé leurs sabres soit pour, disent-ils, défendre Dieu ou soit pour convaincre d’autres personnes. Mais, à en croire le conférencier, tout cela relève parfois de la manipulation des symboles religieux pour des motifs politiques, économiques. Le Dr Bakary Sambe, de renchérir : ‘’Les hommes en général, dans leur injustice, dans leur ignorance, essayent toujours d’interpréter les textes coraniques pour satisfaire certains desseins parfois très opposés aux principes originels qui fondent ces religions.’’

Citant Marx Weber sur l’usage légitime de la violence, le chercheur a beaucoup relativisé en disant que cela dépendait des rapports de forces. Que telle violence ou telle autre soit légitime  ou illégitime, dit-il, la considération de certains actes, pour les uns, comme terroristes et, d’actes de résistance, pour les autres, dépend fondamentalement de la question des rapports de forces qui est centrale dans la définition des concepts.

Mais pour M. Sambe, le plus important est qu’autant, dans toutes les religions, il y a des gens qui essayent de cultiver la haine, la divergence, la violence, autant il y a eu, dans toutes les religions, des voix qui se sont élevées pour appeler à la paix, à la fraternité, à la cohabitation pacifique. Ce qui lui fait dire que ‘’dans toutes les religions, la paix a été enseignée comme le but ultime et que seule l’exigence de la paix pourrait exceptionnellement conduire à la violence légitime’’. Sur la relation entre la violence et les écritures saintes,  le conférencier affirme : ‘’Si vous voulez la paix, vous trouverez toujours de quoi justifier la paix. Si vous voulez la violence, vous trouverez toujours de quoi justifier la violence, dans la religion.’’

MAMADOU YAYA BALDE

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