Publié le 6 May 2015 - 17:26
PROFESSEUR NAFISSATOU OUMAR TOURE BADIANE

 ‘’Quand on est asthmatique on l’est à vie’’

 

La mauvaise connaissance de l'asthme, et les fausses idées préconçues, constituent des freins importants à la bonne prise en charge de cette maladie. A l’occasion de la journée mondiale dédiée à cette maladie, le professeur Nafissatou Oumar Touré Badiane rectifie les contrevérités.

 

L'asthme est une maladie pulmonaire qui frappe les voies respiratoires (bronches), à l'intérieur des poumons, et fait enfler les tissus qui recouvrent les voies respiratoires, lesquelles se rétrécissent, ce qui rend la respiration difficile. Les symptômes associés à l'asthme (toux, respiration sifflante et essoufflement) sont le résultat de ce rétrécissement des voies respiratoires. Une mauvaise connaissance de la maladie, et des idées pré́conçues encore trop nombreuses, constituent des freins importants à la bonne prise en charge de cette maladie. A cause de cela, le diagnostic est souvent retardé, les symptômes sont sous-estimés, et les traitements ne sont pas pris comme ils le devraient.

A l’occasion de la journée mondiale de l’asthme célébrée hier sous le thème ‘’l’Asthme, chassons les idées reçues’’, le chef du service de pneumologie de l’hôpital Fann, Professeur Nafissatou Oumar Touré Badiane, a estimé que la meilleure façon de lutter contre les idées reçues par rapport à la maladie asthmatique, c’est de donner la bonne information à la population. ‘’Il est important que cette population soit éduquée et informée par rapport à cette maladie et par rapport à sa prise en charge. Les idées reçues, c’est par rapport à la vie quotidienne. Beaucoup pensent que c’est une maladie qui guérit. Un patient qui est asthmatique, il l’est à vie. Mais cela ne veut pas dire que c’est un patient condamné. Quand il est suivi et pris en charge correctement, il peut avoir une vie tout à fait normale comme la personne non asthmatique. C’est une maladie qu’il faut gérer sur le plan médical et qui peut être contrôlée’’, a indiqué Prof Badiane.

Absence de données

Autres idées reçues, c’est par rapport aux différents types de traitements. ‘’On a signalé la possibilité d’être traité par une tortue qu’on a au niveau de la maison. Nous n’avons aucune donnée scientifique qui peut nous dire qu’avoir une tortue dans la maison peut guérir la maladie. Une autre idée reçue est que l’asthme disparaît pendant l’adolescence. Ce sont des idées fausses’’, a-t-elle précisé.

Selon elle, il y a des explications par rapport à la disparition ou à la rareté des signes à cet âge. L’autre idée reçue est que l’asthmatique ne doit pas faire du sport. ‘’Le sport est important chez le patient asthmatique parce que quand on fait du sport, on fait faire de la kinésithérapie à ses muscles respiratoires. On augmente ses capacités de respiration. Il est important que le sport soit préconisé chez le patient asthmatique’’. Pour y arriver, une randonnée pédestre sera organisée le samedi 9 mai pour sensibiliser la population sur la maladie et montrer qu’un asthmatique peut faire du sport sans qu’il y ait problème.

 Sur un autre registre, l’absence de données  au niveau national est l’un des principaux problèmes rencontrés par les pneumologues.  ‘’Nous n’avons pas de données au niveau national. Nous avons des études parcellaires qui ont été menées dans les différents services de spécialités dont celui de pneumologie. Nous avons un pourcentage de patients asthmatiques de 8,3 % en 1998. En 2013, ce pourcentage est passé à 9,1%. Ces chiffres ne sont pas exhaustifs, ils sont beaucoup plus importants surtout dans les services de pédiatrie. Nous espérons un jour avoir les moyens de faire cette enquête nationale et avoir des chiffres’’, renseigne Professeur Nafissatou Oumar Touré Badiane.

Sur le plan de la prise en charge de la maladie, l’on note aussi des avancées, car à en croire le chef du service de pneumologie de l’hôpital Fann, des médicaments pour le traitement de fonds qui  coûtaient entre 30 à 40 mille francs Cfa, ont vu leurs prix baisser aujourd’hui jusqu’à 15 000 Fcfa. Toutefois, le prix reste encore élevé pour bon nombre de malades. ‘’Il faut que les patients sachent que le fait de ne pas être équilibré pour son asthme coûte encore plus cher parce que quand on fait des crises, on est tous les trois jours chez le médecin. Il est important que le patient adhère à son traitement pour en réduire le coût’’, recommande le  pneumologue.

VIVIANE DIATTA

 

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