Publié le 30 Jun 2015 - 11:08
PROFIL – MBACKE SYLLA (ANIMATEUR RELIGIEUX A LA RADIO SUD-FM)

L’ombre d’Oustaz Alioune Sall

 

Il était un grand fan du prêcheur vedette de Sud Fm avant de devenir co-animateur de son émission. Cela n’entache en rien l’amour qu’il porte à l’homme. Il suffit d’écouter Mbacké Sylla pour savoir qu’il adore son mentor et parrain Oustaz Alioune Sall. EnQuête vous propose le parcours de ce jeune prêcheur très aimé et adulé.

 

Les auditeurs de la 98.5 se sont habitués à sa voix, à ses remarques taquines et son ton joyeux. Mbacké Sylla, puisque c’est de lui qu’il s’agit ici, accompagne chaque vendredi oustaz Alioune Mbaye, oustaz Alioune Sall dans l’émission ‘’Al kitab’’. C’est la joie et la bonne humeur non stop deux heures durant. Une ambiance sous tendue par une complicité et un respect mutuel. ‘’On est une équipe et chaque membre de l’équipe se dit que sans l’autre l’émission ne va pas réussir’’, confie Mbacké Sylla. Aussi, ‘’ce qu’on fait est naturel. Ce n’est pas préparé sincèrement’’, ajoute-t-il.

Natif de Diourbel, Mbacké Sylla a grandi à Mouré. Un village situé à quelques encablures de Gossas. C’est très jeune que ses parents l’y amènent pour apprendre le Coran. ‘’Dans ma vie, je ne me rappelle rien avant mon vécu à Mouré. Pour vous dire que j’y suis allé très jeune’’, confie-t-il. Dans ce village, il passera son enfance loin de ses parents ainsi que son adolescence. Car, Mbacké Sylla ne retournera à Diourbel dans sa maison familiale que quand il aura à peu près 20 ans. ‘’Je ne connaissais pas mon père encore moins ma mère. Quand mon père est venu me prendre à Mouré afin que nous retournions ensemble à Diourbel, je ne le reconnaissais pas. J’ai vécu sans mes parents. Et quand je suis arrivé chez moi, il y avait beaucoup de femmes dans la cour et je ne savais pas laquelle d’entre elles était ma mère et elle (ndlr sa mère) aussi ne me connaissait pas’’. On était en 1997 et l’animateur de Sud Fm avait à peu près 20 ans.

Couturier

Après le retour auprès des siens, Mbacké Sylla doit désormais s’habituer à sa nouvelle vie. Une vie qu’il ne connaissait pas jusque-là. Car de toute sa vie, il n’a fait qu’apprendre le Coran. ‘’Quand je suis rentré, mon père m’a dit qu’il fallait que je trouve un métier à exercer. Je suis l’aîné de ma famille et il me fallait soutenir ma mère, m’a-t-on dit. J’ai compris que les études étaient finies pour moi’’, se remémore-t-il. Son père voulait rattraper le temps perdu en le gardant auprès de lui. Une palette de métiers lui est alors proposée. Mais sa passion n’y figurait pas. ‘’On m’a proposé diverses choses mais l’enseignement n’y figurait pas. Je devais choisir malgré tout’’, affirme l’animateur d’Al Misbah.

Très lié en amitié à un couturier, il finit par  tomber  amoureux du métier de tailleur à force de fréquenter l’atelier de son ami. Son père lui trouve une place pour son apprentissage à Diourbel. ‘’C’était compliqué au début parce que je ne voulais pas arrêter d’apprendre le Coran. Chaque jour, quand j’allais au travail, j’y amenais un exemplaire du Livre Saint. Plongé dans ma lecture, je ne pouvais pas tout le temps me concentrer sur ce que me disait le patron de l’atelier de couture. Alors, il m’a demandé de ne plus venir avec mon livre au travail’’, indique-t-il. Mais assoiffé de connaissances, le jeune Mbacké Sylla trouve une parade à cet interdit. Chaque matin avant d’aller au travail, il passait au Daara de Serigne Abdou Rahim Dème de Diourbel. Et il faisait la même chose à la fin du travail avant de rentrer chez lui.

En outre, c’est un contrat en tant que couturier qui l’a poussé à venir s’installer à Dakar en 2002. C’est dire qu’il n’a rien à envier aux grands stylistes. Néanmoins, il n’a pas pu s’adapter lors de cette première aventure. Sa première désillusion est venue de son oncle qui l’avait pourtant amené en zone urbaine et intégré dans son propre atelier.

Au lendemain d’une fête de tamxarit, Mbacké Sylla souhaite aller assister à la traditionnelle conférence religieuse qu’anime chaque année à cette date Oustaz Alioune Sall. Ainsi, il allait réaliser un  rêve. Son tuteur s’y oppose malgré tout et lui demande à lui et ses autres employés de ne pas sortir. Le jeune Diourbelois ne s’est pas, après tout, gêné pour partir. Sa désobéissance lui a valu une sanction sévère. Son oncle l’a chassé de sa boîte. Rentrer dans sa ville natale s’impose alors puisqu’il ne connaissait personne d’autre que son tuteur à Dakar. Heureusement, en cherchant une cabine téléphonique pour joindre ses parents afin qu’ils lui disent comment  faire pour rentrer, il tombe sur son grand frère qui le recueille. Seulement, notre bonhomme longiligne, teint noir et barbu ne s’habituera pas à la vie en capitale. ‘’Je ne voulais pas venir à Dakar. Ce sont mes parents qui ont insisté pour que je vienne travailler avec mon oncle. Quand je suis arrivé ici beaucoup de choses me manquaient. Ma vie tranquille qui me permettait d’approfondir mon savoir à Diourbel, je ne pouvais l’avoir ici’’, révèle-t-il. Au bout de 6 mois, le patron de l’émission ‘’Hamtou’’ décide de retourner chez ses parents.

L’étape de Sud Fm Diourbel

C’est là que va s’ouvrir une autre opportunité pour lui : l’animation. En effet, à l’approche d’un mois de ramadan, l’équipe de la RTS de Diourbel cherchait un animateur le temps du mois béni. Un enseignant coranique leur suggère le jeune Mbacké Sylla. Alors commence une première expérience réussie et appréciée avec le micro. Seulement, c’est à Sud Fm Diourbel que commence véritablement l’aventure. Un jour, on y avait invité un de ses oncles qui a eu un contretemps. Il l’y représente avec brio. Puisqu’à la fin, Pape Amadou Fall qui était à l’époque le directeur de la station régionale, lui a proposé de piloter l’émission. Chaque jeudi, ce monogame et père de deux enfants avait son temps d’antenne jusqu’à la fermeture de Sud Diourbel. Oisif, il décide de revenir tenter sa chance à Dakar en 2009. ‘’En revenant à Dakar, je voulais reprendre la couture et donner en même temps des cours particuliers à ceux qui voulaient apprendre le Coran. C’est ce que je fais actuellement. J’ai un Daara à Liberté 3 où je donne des cours à des adultes’’, fait-il savoir.

Son chemin va quand même recroiser celle de l’animation grâce à Oustaz Alioune Sall qui est la référence de notre interlocuteur en matière de prêche. Normal, diront ceux qui connaissent bien Oustaz Sylla. Car, il a été longtemps un très grand fan de l’homme à la barbiche blanche. Il l’appelait chaque vendredi lors de l’émission ‘’Al kitab’’. Agent dans la même boîte, son parrain l’invite lors d’un magal de Touba. Ils partagent le plateau. C’était une première d’une longue série même si ceux qui suivent viennent beaucoup plus tard. C’est après la fermeture de Sud Diourbel et à son retour à Dakar qu’il retrouve celui qui est devenu son parrain. Puisque c’est lui-même d’ailleurs qui l’a invité à venir partager les studios de Sud Fm. Une bonne recrue serait-on tenté de dire vu que les interventions de Mbacké Sylla ont leurs pesants sur la balance. Il est pertinent, bien informé avec un style qui accroche.

Il n’est pas de ces prêcheurs qui vont chercher dans l’épopée des ‘’saaba’’ pour parler de l’islam. Lui s’inspire de faits d’actualité étayés de sourates pour parler de sa religion. Ainsi, ses coreligionnaires comprennent vite et mieux. ‘’Je m’intéresse beaucoup à l’actualité. Même si je ne sais pas lire, j’écoute toutes les revues de presse. Quand j’entends une chose aussi, je discute avec des journalistes de la radio pour mieux comprendre. Je m’intéresse à tous les aspects de l’information’’, indique-t-il. S’il en est arrivé là, c’est grâce à Oustaz Alioune Sall. ‘’Avant de venir à Dakar, je faisais de l’animation. Mais j’avoue qu’actuellement, je me suis bonifié grâce à Oustaz Alioune Sall. Après chaque émission, il me fait des remarques qui me permettent d’avancer. J’ai beaucoup appris aussi sur le plan de la religion auprès de lui’’, avoue le duettiste de Oustaz Sall dans ‘’Al bidaya’’.

Aujourd’hui Oustaz Mbacké Sylla qui approche la quarantaine rêve d’avoir un grand daara. En attendant cela, il se parfait en payant des cours particuliers auprès de gens mieux formés que lui. C’est pour cela d’ailleurs qu’il est fan d’Oustaz Ahmed Dame Ndiaye, prêcheur à la 2Stv.

BIGUE BOB

 

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