Publié le 24 Oct 2016 - 18:43
PROFIL BARTHELEMY DIAS

La logique de sédition

 

La direction du Parti socialiste qui s’était jusque-là contentée de l’opposition énigmatique de Khalifa Sall, doit compter désormais avec la fougue de Barth.

 

Vêtu d’une chemise vert-olive à manches courtes et drapé d’une écharpe d’une teinte plus foncée, Barthélémy Dias s’est encore livré à son jeu favori depuis quelque temps : taper sur la direction du Parti socialiste. Dans la soirée d’hier, le terrain de basket de l’Unité 19 des Parcelles Assainies a accueilli ce tribun hors pair qui a dit tout le bien qu’il pensait de la sortie de Serigne Mbaye Thiam, vendredi dernier. ‘‘ Le Ps ne s’est jamais réuni en cachette pour proclamer des résultats.'' Pour la première fois, vous allez assister à une plainte déposée par des socialistes contre d’autres frères de parti pour faux et usage de  faux’’, déclarait-il dans une harangue entretenue par des jeunesses socialistes dissidentes. Mais pour le maire de Sicap-Sacré-Cœur-Mermoz, il serait un peu réducteur quand même de limiter seulement ses sorties à des  oppositions contre les socialos en chef.

Pour le fils de Jean-Paul Dias, autre politicien émérite, il est question de défendre l’héritage laissé par Senghor et Diouf. Nouvel empêcheur de tourner en  rond, après son électron libre de camarade Malick Noöl Seck, Barth a la chance de n’être pas isolé dans sa démarche. Des cadres socialistes du département de Dakar sont également dans une logique de sédition d’avec la direction du Ps. Le maire de Dalifort Idrissa Diallo, Bamba Fall de la Médina, Aïssata Tall Sall de Podor et l’épouvantail de Dakar, Khalifa Sall ne font plus mystère de leurs profonds désaccords avec les menées solistes d’OTD. Ses complications judiciaires ne seraient pas étrangères à cette option.

Verve

Dias fils est le sosie d’un père dont la particularité est de ne pas mâcher ses mots. Le successeur de Cheikh Seck à la tête des jeunesses socialistes n’a tellement pas sa langue dans sa poche que s’en dégage la perception, erronée ou avérée, d’un personnage bouffi par l’irrévérence. Phrasé très clair dans sa voix imposante de stentor, le maire en dégage. Etre sous les feux de l’actualité n’est pas une première pour lui. Mais cette conjoncture présente a la particularité d’être le tournant de sa vie politique : mort d’homme pour laquelle il doit faire face à Dame Justice accouplée à une crise interne au Parti socialiste. La verve de son verbe, pour laquelle il est réputé, prend pourtant un coup de froid dès qu’il s’agit de parler de la mort de Ndiaga Diouf pour laquelle il est poursuivi. ‘‘J’ai des regrets comme tout le monde ici présent. Je me suis tenu près de son père au tribunal et j’ai ressenti de la peine’’, lançait-il jeudi dernier en conférence de presse, après avoir fait face aux juges.

En décembre 2011, des hommes ont assiégé sa mairie de Sicap Sacré-Cœur Mermoz. S’ensuivit l’une des images culte, quoique très regrettable, de l’histoire politique du Sénégal. Sur une vidéo de la Tfm, on aperçoit l’édile tenir une arme à feu et dégainer. Survint alors mort d’homme dont les tentatives de mise à profit politicienne toutes aussi maladroites et révoltantes ont (re) conduit Barth devant la Justice jeudi dernier. Un virage que le député-maire compte négocier dans la plus grande sérénité, lui qui n’a jamais cessé de clamer son innocence aussi bien sous l’adversité hostile du régime libéral que sous la complaisance fluctuante des marron-beige. Preuve d’une bonne foi qu’il ne cesse de clamer haut et fort, c’est presque dans une supplique médiatisée que l’édile a demandé à l’Assemblée nationale de lever son immunité parlementaire pour qu’il puisse faire face à la justice. ‘J’ai dit au juge que je renonçais à mon immunité mais il m’a dit qu’elle ne m’appartenait pas et que je ne pouvais y renoncer par conséquent’’, implorait-il

‘‘Fougueux, mais...’’

‘‘Il peut être fougueux, mais sans plus’’, témoigne un des nombreux maires présents à la rencontre d’hier. Pour cet élu qui tient à garder l’anonymat, Barth gagnerait ‘‘à être moins spontané. Ça a le désavantage d’être très mauvais pour quelqu’un qui veut développer une carrière politique’’, poursuit-il. A l’image de la campagne de destruction des panneaux publicitaires de son périmètre communal. Excédé par le non-paiement de taxes à sa commune, l’édile s’était tout bonnement chargé de cette tâche, causant l’ire de 22 agences publicitaires.

‘‘J’ai détruit des supports de détournement de deniers publics implantés illégalement sur mon périmètre communal’’, s’était-il défendu devant les juges en janvier dernier. Quelques semaines plus tard, ce sont les mécaniciens de l’ancienne piste, ‘‘occupants illégaux des lieux’’ qui disent avoir reçu la visite de Barth avec une arme à feu. Le maire rejette en bloc et parle d’un teaser. Pour le premier cas, son statut de parlementaire ne l’avait pas empêché d’être traîné devant la justice, où il a obtenu gain de cause. Un bon augure sur lequel il ne cracherait pas pour clore l’affaire Ndiaga Diouf.

OUSMANE LAYE DIOP

 

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