Publié le 9 Mar 2018 - 08:06
PROFIL DE ÉLISABETH MBAYE , CHAMPIONNE DU SENEGAL EN VIET VO DAO

L’esprit martial

 

Secrétaire-bureautique et caissière de formation, Élisabeth Mbaye a dû se battre pour convaincre sa maman de la laisser faire du Viet Vo Dao. Un art martial qui lui a apporté beaucoup de vertus.

 

Elle sera l’une des combattantes les plus attendues sur le tatami, ce samedi. Élisabeth Mbaye va défendre les couleurs du club  Vovinam Viet Vo Dao de Blaise Diagne (lycée) lors du Tournoi national féminin (TNF). ‘’Elle a une réelle chance de gagner parce qu’elle est championne nationale en titre en Tap Tu Quyen équipe 2017’’, estime son coach, Me Diobérane Sambou, plusieurs fois champion du Sénégal.

Cette demoiselle de 32 ans, ceinture jaune 1er Dang, sera en lice sur la même épreuve avec l’objectif de conserver son titre au TNF. Avec ses consécrations, elle peut ainsi voir son rêve de disputer un tournoi international (championnats d’Afrique ou du monde) se réaliser. Pourtant, sa famille a failli la priver de ce bonheur. ‘’Ma maman ne voulait pas, elle pensait que c’était un sport pour les hommes. Pour la convaincre, je lui ai dit que ça ne faisait aucun mal de fréquenter une salle de sport’’, raconte cette ancienne élève de l’école primaire Sainte Thérèse. D’autres ont voulu l’orienter dans le foot. ‘’Quand je disais à quelqu’un que je voulais faire du sport, on me conseillait de faire l’arbitrage en football’’, se rappelle celle qui a fréquenté le lycée Lamine Guèye. Ce, après deux tentatives sans succès au bac (2006 et 2007).

Cette ancienne collégienne de Martin Luther King a fini par tomber dans le Viet Vo Dao. ‘’J’ai aimé cette discipline grâce à un ami (Amadou Kane, ndlr). J’allais assister à ses séances d’entraînement à Sacré-Cœur 1. C’est pour sa beauté que j’en suis tombée amoureuse’’, admet-elle. Mais en pratiquant le Viet Vo Dao, elle finit par découvrir ses vertus tout en gardant l’espoir de servir son pays quand il aura besoin d’elle. ‘’Ça me permet de prendre soin de moi, j’ai appris à me contrôler, ça m’a donné une force mentale. J’ai aussi remarqué un changement physique parce que j’étais plus grosse. Il y a une solidarité, l’esprit martial’’, dit cette secrétaire-bureautique et caissière de formation.

D’autre part, la discipline n’est pas seulement devenue un moyen de travailler son self-défense. Elle lui a ‘’permis de briser certaines barrières, notamment le contact avec les hommes lors des séances d’entraînement’’. ‘’Une cousine, elle aussi voilée comme moi, était réticente au début de travailler avec les hommes mais j’ai dû lui expliquer le bien-fondé de cela. Après, elle se sent bien’’, narre la native de Dakar âgé de 32 ans.  

Adama Coly

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