Publié le 4 Aug 2017 - 01:40
PROFIL : MOONA (ARTISTE-MUSICIENNE)

La grande dame du hip hop

 

Moona de son vrai nom Mounaya Yanni, est une  musicienne sénégalo-béninoise évoluant dans le milieu du hip hop depuis 2011. Elle est la médaillée d’argent des huitièmes Jeux de la Francophonie qui se sont tenus en Côte d’Ivoire du 21 au 30 juillet. Elle y représentait le Sénégal. EnQuête vous présente la grande dame du hip hop galsen.

 

Au moment où Toussa et OMG se battent pour un trône d’on ne sait quel royaume, Moona Yanni se fait reine du hip hop féminin francophone sans tambour ni trompette. Elle a su s’imposer devant les 19 candidats sélectionnés dans la catégorie chant de ces 8e Jeux de la Francophonie. En finale, ils étaient cinq  bons musiciens venus de la Fédération Wallonie Bruxelles, du Congo Brazza, des îles Seychelles, de la Suisse et du Sénégal. Au finish c’est la Congolaise Fani Faya qui a remporté la médaille d’or. Suit alors la Sénégalo-béninoise Moona qui s’est adjugée la médaille d’argent. Une fierté sénégalaise.

Cette rappeuse hors pair a la musique  dans le sang. L’art est une histoire de famille chez elle. En effet, son père est un musicien, amateur de jazz et de musique classique. Ce qui fait que depuis le bas-âge Moona a été influencée par divers styles musicaux tels que  le rythme blues, la soul, la variété africaine et la world musique. Ces sonorités lui parlaient, mais le rap la faisait vibrer même si elle joue du piano. ‘’Je fais du rap parce que tout d’abord il donne une latitude à ma plume et je peux développer mes thématiques sans les contraintes que voudraient d’autres genres. Ensuite tout simplement parce que je suis hip hop. Le rap est une des musiques dans lesquelles je m’exprime et me sens mieux. Même s’il faut convenir que dans la confection de certains de mes titres, on a des influences soul/afro beat/ R'n’B’’, ‘’ trappe’’ la native de Cotonou.

C’est très tôt que Moona a signé son entrée sur la scène musicale. En 2004 pour marquer ses débuts elle sort le single ‘’Frère’’ en featuring avec Sam sorti au Bénin. Et depuis lors, elle essaye de percer dans ce milieu. Elle quitte Cotonou après, pour déposer ses baluchons dans la capitale sénégalaise. De 2005 à 2007, elle tente de se faire un nom dans son pays d’adoption en prenant part à différents festivals notamment Hip Hop Awards, Banlieue Rythme, Afrikakeur, Festa2H. En 2010, elle enchaine avec le Festival Assalamaleikoum organisé annuellement à Nouakchott (Mauritanie) et participe également aux  Festival Mondial des Arts Nègres (Fesman). Elle acquiert ainsi de la notoriété et est connue du milieu. Ce qui lui a permis à l’époque de faire partie des Artistes unis pour le rap africain (Aura). Moona  a d’ailleurs chanté dans ‘’Poto Poto’’ et ‘’Poto Poto Dancing’’.  

Dix ans après ‘’Aura’’, elle est choisie pour représenter le Sénégal aux Jeux de la Francophonie. Elle a pu relever le défi en remportant une médaille même si elle avoue que cela s’est passé avec beaucoup de ‘’pression’’ et de ‘’stress’’.  La rage de vaincre était là. ‘’J’ai toujours dit que c’était une victoire de Dieu. Une reconnaissance parce qu’aussi bien  moi que beaucoup d’autres artistes, on a fait énormément de sacrifices pour y arriver. Beaucoup d’artistes s’engagent dans ce métier pour faire plaisir aux mélomanes, en dépit de toutes  les difficultés liées à la musique, donc on ne peut qu’aller de l’avant’’, note la Sénégalo-béninoise comme elle aime à se faire appeler. 

‘’Mon rap est intimiste car j’y aborde des sujets personnels’’

Dans ses thèmes de tous les jours, Moona reste engagée pour exprimer et développer ses idées. ‘’Mon rap est engagé parce que je me sens concernée par ce qui se passe dans la société dans laquelle je vis. Je me sens concernée par les enjeux et défis auxquels font face les jeunes et surtout les femmes de mon continent, l’Afrique. Mon rap se veut humaniste dans la mesure où il s’intéresse à l’individu quel qu’il soit dans son ressenti, ses échecs, succès et craintes... Mon rap est également intimiste car j’y aborde des sujets personnels, je m’y mets à nu en me présentant tel que je suis : un être humain doté d’imperfections mais avec des qualités et des valeurs que je tente de transmettre à qui le voudrait bien, avec des rêves, en proie aux incertitudes mais avec des convictions solides’’, explique l’ex présentatrice de ‘’Ya koi même’’, émission de divertissement hebdomadaire visant l’intégration des communautés étrangères vivant au Sénégal à la 2Stv.

Née en 1983, Moona est juriste de formation. C’est avec beaucoup de détermination qu’elle a su allier études et musique. Et être femme, ne l’empêche pas de faire du rap et de se faire une place dans le milieu du hip hop. Selon elle, la musique est un métier comme les autres mais, tout en admettant que ce n’est pas du tout facile. Là, la hip hoppeuse est en train de terminer  son deuxième album qui comptera 14 titres et dont la sortie est prévue avant fin  2017. Elle espère qu’il connaîtra bien meilleur sort que le premier intitulé ‘’À fleur 2 mo’’ de 13 titres sorti en 2009.  

HABIBATOU WAGNE

Section: