Publié le 27 Jun 2017 - 23:44
PROFIL OUSMANE FAYE ALIAS OUSSOU NDIOL (ARTISTE COMPOSITEUR)

Le prince du ‘’Nguel’’

 

Il est plutôt très calme comme artiste. Mais reste inspiré et très engagé dans ce qu’il fait comme métier. Diplômé de l'école des Beaux-arts, ce jeune artiste pratique une musique purement traditionnelle qu’est le Nguel. Mais faute de moyens, il a du mal à prendre son envol. EnQuête vous fait découvrir le ‘’prince du Nguel’’.  

 

La danse étant indissociable de la musique, c’est naturellement  qu’un danseur emprunte la passerelle pour devenir chanteur. C’est ainsi qu’après 7 années de danse dans un groupe dénommé ‘’Maad Baan’’, Ousmane FAYE alias Oussou Ndiol s’est lancé dans la musique traditionnelle. Ce natif de Faoye dans la commune de Djilas de la région de Fatick a très tôt débuté sa vie d'artiste. ‘’La musique est quelque chose d’inné, parce que c’est dans le sang. J’avais un grand père et une mère artistes. C’est de là peut-être que le virus m’a piqué’’, explique Oussou Ndiol.

‘’Petit de taille mais grand par l’esprit’’, ce surnom qui lui colle vient de sa grand-mère. Calme de nature, il débute sa carrière avec la troupe Leona Ndiaye comme danseur et compositeur, avant de débarquer à Maad Baan, en 1998. Grace à son talent, il gagne la confiance de la troupe Diam Bougoume de son village natal dans laquelle il y avait une section pour le théâtre. Il a été le lead vocal de cette troupe, de 1998 à 2000. Pendant la même période, le Prince du ‘’Nguel’’ associait ses activités culturelles à ses études dans un collège au Point E et à l'école des Beaux-arts où il a obtenu un diplôme qui lui a ouvert les portes dans la culture en général.

Hommage  au roi du Mbalax et au roi du Yella

Après sa formation, il a créé le groupe Guelewar du Sine. Il chante en sérère, en Pulaar, en français et un peu en Wolof. Dans toutes ses chansons, l’artiste essaye de développer des thèmes liés à l’histoire et un peu révolutionnaires. Il se veut la voix des sérères. ‘’C’est en général pour faire comprendre que la société sérère existe. Il ne faut pas qu’elle reste muette et se fasse avoir. Le Sérère, c’est comme toutes les autres ethnies du Sénégal : ils ont leurs droits et doivent être connus, comme tous les autres langues’’, explique l’artiste. C’est pourquoi dans une de ses chansons, il rend hommage au roi du Yella, Baaba Maal et au roi du Mbalax, Youssou Ndour. ‘’Youssou Ndour représente le Wolof qu’il incarne et le Sénégalais qu’il est et Baaba Maal  les pulaars et il incarne ce qu’il est. Si moi, Oussou Ndiol, je ne peux pas incarner le Sérère que je suis, partout dans le monde, c’est par faute de moyens’’, se plaint-il.

Artiste, compositeur, Oussou a sorti son premier album tradi-moderne de 6 titres intitulé ‘’Diakhao Sine’’, avec l'appui de Guelewar Communication, en 2008. Mais il n’a pas eu la promotion qu’il  fallait. ‘’L’album n’a pas eu de suivi. Il n’y a eu qu’un seul clip de réalisé et pas comme il fallait. La promotion, au plan national, n’a pas été bonne, car le producteur l’avait fait d’une façon internationale. C’était une production qui était plus consommée par les Occidentaux’’, regrette-t-il de sa voix douce.

Ainsi, pour revenir en force et exploiter son talent qui n’est plus à démontrer chez les Sérères, le jeune chanteur a mis récemment sur le marché un single intitulé ‘’Layaname Sérère’’ qui veut dire ‘’parler sérère’’, avec l'objectif de vulgariser la culture sérère. À travers son œuvre, il demande aux sérères, son ethnie, de s'unir et de préserver leur riche patrimoine culturel. ‘’C'est l'union qui fait la force. Et il faut que toute la communauté participe à la promotion de cet héritage’’, exhorte-t-il également. Le monsieur ne ménage aucun effort pour animer des soirées à travers le vaste territoire du Sénégal et en Europe, grâce à l’organisation ‘’Thiossane Sérère de Paris’’ dont l’objectif est de vulgariser davantage la culture sérère.

Ce single annonce la sortie prochaine de son album tant attendu, dans les mois qui viennent. Ce qui est à l'origine d'une soirée de collecte de fonds, le lendemain de la Korité. Et si la sortie de cet opus a traîné, c’est faute de moyens. Mais tout est fin prêt à leur niveau, assure l’artiste.  ‘’Ce qu’on attend pour l’album, ce sont les moyens. C’est pourquoi on sillonne tout Dakar pour pouvoir décrocher quelque chose qui peut nous soutenir. Ce n’est pas facile, avec les soirées de ‘’Nguel’’ dans les régions. Tu te charges du transport du matériel et du personnel. A la longue, on ne gagne rien. Mais avec les petits revenus qu’on peut tirer au sein de notre cadre sérère, on peut tenir.  N’empêche, on tend toujours la main pour que le projet se réalise’’, lance Oussou Ndiol. 

HABIBATOU WAGNE

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