Publié le 25 Jun 2015 - 11:52
PROFIL- SIDY MBOUP LAMP CHANTEUR RELIGIEUX

Du ballon rond aux ‘’Khassaïdes’’ de Serigne Touba

 

Son père aurait sûrement voulu qu’il fasse de grandes études. Ses voisins du quartier entrevoyaient un avenir brillant pour Sidy Mboup Lamp dans le football. Mais lui se voyait comme chanteur de ‘’Khassaïdes’’.

 

Il est né et a grandi à Dakar plus précisément à la Sicap Liberté. Et est toujours habillé en boubou traditionnel malgré son jeune âge. Cela s’explique par le fait que Sidy est un fervent disciple mouride et chanteur de Khassaïdes ainsi que de Zikrou Lah. Pourtant rien ne laissait présager un tel avenir. ‘’Vous savez, à Sicap Liberté, les jeunes aiment les choses mondaines mais ce n’est pas mon cas’’, précise-t-il. Dans sa famille, on n’y compte pas de mouride. Il est le premier à intégrer la confrérie créée par Cheikh Ahmadou Bamba. ‘’Mon père est Khadre et ma mère dit appartenir à toutes les confréries’’, confie-t-il.

Cette complexité de sa famille, au lieu de faciliter son choix d’être disciple mouride, a rendu la tâche difficile. ‘’Mon père était contre ma décision. Il menaçait de fermer le daara où j’allais. Ma mère pleurait tout le temps et disait qu’on m’avait marabouté tout comme mes sœurs. Ma mère pensait que j’allais être perverti parce qu’elle ne considérait que l’aspect frivole de certains qui se disent Baye Fall et qui n’en sont pas en réalité’’, se souvient-il. Il y avait de quoi. Car très passionné, Sidy Mboup Lamp avait littéralement changé à l’époque.

Cadet d’une famille de six personnes dont 3 filles et 3 garçons, il décide alors de fréquenter un ‘’daara’’ de son quartier, de ne plus regarder la télévision ainsi que de ne plus donner la main aux femmes. Des attitudes que ne comprenait pas sa famille. Son père, inspecteur de l’enseignement, était sidéré. Il insistera pour que Sidy Mboup termine ses études. Mais ce dernier optera  d’allier l’école et le ‘’daara’’. ‘’Chaque matin avant d’aller à l’école, je passais au daara pour l’ouverture des portes. Et dès que je terminais à l’école, j’y retournais. Je ne passais presque plus de temps chez moi’’, informe-t-il. Cela a décontenancé ses proches. Au fil du temps, impuissants devant la fermeté de leur enfant, ses parents finissent par abdiquer. ‘’Mon père a tout fait pour me détourner. Il venait me trouver en plein Kurel et me demandait de rentrer à la maison’’, témoigne-t-il. ‘’J’étais sérieux et mes parents savaient cela de moi’’, ajoute-t-il.  Aujourd’hui, il est connu et reconnu dans le cercle des chanteurs mourides.

Pourtant, il pouvait avoir une pareille place dans la sphère footballistique. Jeune, sa passion était partagée entre le ballon rond et l’étude des ‘’Khassaïdes’’. Même si, précise-t-il, ‘’les Khassaïdes sont toujours passés avant le football’’. Nonobstant, il dit avoir été brillant sur le terrain. Au point que l’ex-directeur sportif du Racing club de Lens, Jean Luc Lamarche, porte son choix sur lui au détour d’un match de foot auquel il a assisté. ‘’Il m’avait choisi et devait aller en coupe d’Afrique avant de revenir au Sénégal. Malheureusement ou heureusement, il y voit Pape Bouba Diop (ndlr Can 2002) et porte finalement son choix sur lui pour le recrutement’’, déclare-t-il.

Sa passion pour le foot le mènera ensuite en Tunisie en 2003 où il intègre l’Espérance de Tunis. C’est de là que s’affirme de plus en plus sa passion pour le chant. ‘’Je m’amusais à chanter dans les métros et je faisais toujours de l’effet. Un jour dans le métro, en chantant, tout le monde m’écoutait. A un moment, le chauffeur s’est arrêté et m’a dit que moi, je ne devais jamais arrêter de chanter. J’ai commencé à prendre conscience alors de ce que je faisais’’, fait-il savoir. De retour au Sénégal en 2004, il n’y réfléchit pas à deux fois et décide de se consacrer au chant. Devenu ‘’baye Fall’’ depuis lors, même s’il n’a pas de dreads locks, il est l’une des grandes voix du ‘’zikrou Lah’’ d’où d’ailleurs son surnom : ‘’Lamp’’. Dans l’optique de travailler en faveur de Cheikh Ibrahima Fall son guide spirituel, Sidy Mboup Lamp organise chaque samedi, le temps du mois de ramadan, des ‘’ndogu’’ au centre culturel régional Blaise Senghor. Une occasion de donner à manger aux fidèles musulmans mais aussi d’organiser de grands ‘’thiant’’ à l’instar de ceux qu’il organise chaque année chez lui pour fêter son anniversaire. 

BIGUE BOB

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