Publié le 27 Aug 2016 - 05:24
PROFIL TALLA NDIAYE, RESPONSABLE DES TRIPIERS PATTES

‘’Je peux gagner jusqu’à 300 mille F CFA le mois’’

 

Leur boulot peut être sous-estimé, mais pas leur gain. Malgré des conditions de travail difficiles et une profession encore méconnue, les tripiers-pattes qui sont au nombre de 16 à Seras vivent de leur métier, en plus d’être des employeurs. Quand l’adage dit qu’il n’y a pas de sot métier, il  suffit de rencontrer Balla Ndiaye pour en avoir la confirmation. De taille élancée, le teint noir, ce Maure d’origine loue et chante l’importance des pattes de bovins et d’ovins dans sa vie. La quarantaine bouclée, le niveau intellectuel acceptable, il se glorifie d’avoir pu réaliser une bonne partie de ses rêves. Et cela, il le doit au traitement et à la vente de pattes de bovins et d’ovins. ‘’Depuis 1978, je travaille dans les pattes et je gagne très bien ma vie. Puisque les études n’ont pas marché pour moi, j’ai rejoint la profession de mon père. J’y ai cru et j’ai réussi’’, raconte Talla Ndiaye, avec fierté.

Responsable des tripiers-pattes, Talla qui connaît ce boulot comme ses poches  estime qu’il suffit de bien faire son travail et de rester réaliste pour s’en sortir. En ce sens, il fait savoir que parfois, après déduction de toutes les charges, y compris les salaires de ses employés, il arrive qu’il se retrouve avec un bénéfice de 300 mille F Cfa. ‘’Nous sommes au nombre de 16, c'est-à-dire qu’il y a 16 fûts. Chaque fût a un tripier-pattes et ses apprentis qui peuvent aller jusqu’à 6 personnes’’, explique-t-il. Présents sur les lieux chaque jour, à partir de 6h du matin, Talla  loue la bravoure des hommes, femmes et enfants qui travaillent dans le traitement des tripes. Il estime que ces derniers méritent beaucoup de respect.  ‘’Les apprentis sont payés 2 500 à 3 000 F Cfa le jour.  J’ai des employés avec qui je travaille depuis longtemps et à qui je donne chaque jour 5 000 F Cfa. C’est un salaire respectable. Ce sont des pères de famille.’’.

 Toutefois, il regrette que leurs conditions de travail soient très difficiles. ‘’Il y a des risques car, avec le temps, la fumée  dégrade la qualité de la vision. Nous voudrions d’autres moyens de travail plus modernes et une chambre froide en bien meilleur état. Que l’Etat nous aide à relever nos conditions de travail afin qu’on puisse davantage employer du personnel. Nous sommes des micros entreprises sans soutien étatique. En plus, nous habitons tous la banlieue. Les 6 à 7 personnes qui ne font pas partie du personnel des 16 fûts, ce sont des victimes des inondations, des gens qui auraient pu verser dans le banditisme. Mais ces personnes ont décidé de travailler parce qu’il n’y a ici que leurs pairs de la banlieue’’. Une façon pour Talla Ndiaye de faire comprendre que Seras est une véritable niche d’emplois, prompte à récupérer beaucoup de jeunes sans emploi de la banlieue dakaroise.

‘’C’est la direction qui nous a construit ces murs et  la toiture. Avant, quand il pleuvait, on se cachait. Il y avait aussi les bœufs qui pouvaient s’échapper et blesser les gens, comme cela s’est passé avec mon père’’, raconte-t-il. Aujourd’hui, il estime qu’il y a encore beaucoup à faire. C’est pourquoi, en interne, lui et ses camarades prennent déjà les devants. ‘’Par exemple, ayant un délégué pour chaque secteur, nous nous cotisons pour gérer certains problèmes. Je peux citer notamment le nettoyage des lieux. Il y a une personne à  qui nous payons chaque mois 75 000 F pour l’entretien quotidien des lieux’’.

S’agissant des conditions d’acquisition de la matière première, elles reposent essentiellement sur des relations de confiance et de complicité entre partenaires. Il dit : ‘’Chaque tripier a son chevillard. On donne des avances et à chaque fois qu’ils abattent, il nous donne les pattes. C’est un contrat moral qui nous lie et un prix est fixé suivant la qualité des pattes et le chevillard avec qui on travaille. Ensuite, on paie le reliquat par semaine ou par jour. Les pattes s’achètent par 4 et se vendent à l’unité, surtout pour les bovins’’. Leurs principaux clients étant les restauratrices, ils écoulent la patte de bovins à 1 500 F Cfa, parfois à 1 000 F Cfa. Concernant celles d’ovins, c’est entre 75 et 100 F Cfa.

 

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