Publié le 31 Oct 2017 - 14:46
PROJECTION DE ‘’MIMOSAS’’ ET DE ‘’ZIZOU’’

Entre le soufisme et le printemps arabe

 

Dans le cadre de la 22e édition du Festival international du cinéma d’auteur de Rabat, la salle Renaissance a reçu la projection de deux films en compétition. Le premier est d’un réalisateur espagnol résidant au Maroc, Oliver Laxe, ‘’Mimosas’’, et le deuxième du Tunisien Férid Boughédir. Il est intitulé ‘’Zizou’’.

 

Si vous n’aimez pas le mysticisme ou ne maitrisez pas les codes du soufisme, n’allez pas voir ‘’Mimosas’’. Vous risquez de sortir de la projection en ayant l’impression d’avoir perdu votre temps ou que le réalisateur vous a nargués. Vous n’y comprendrez rien. ‘’Prenez le temps d’entrer dans le film. J’avoue qu’il est très dur’’, prévenait d’ailleurs dimanche soir avant sa projection l’un des acteurs. Il n’avait que trop raison. Après une heure trente-six minutes devant l’écran, dimanche, à la salle Renaissance où il est projeté dans le cadre du 22e Festival international du cinéma d’auteur de Rabat, on se dit : ‘’Il nous avait prévenus.’’

 Le scénario est aussi abscons que ces montagnes de l’Atlas montrées dans le film. En effet, l’histoire racontée se passe dans cette partie du Maroc. Un ‘’Sheikh’’ mourant voulait rejoindre sa terre natale – Sidjilmasa - et être enterré auprès des siens. Il est accompagné de sa femme et d’autres gens dont deux bandits qui veulent voler leur argent. Le ‘’Sheikh’’ décède en cours de route. Les deux larbins décident d’acheminer son corps au village tel que le souhaitait le vieillard. Ils décident alors d’arpenter les montagnes de l’Atlas sans pour autant savoir où ils allaient. Avec eux, un troisième voyageur, Shakib, qui dit connaître le chemin. Ensemble, ils tenteront le périple et passeront par différentes épreuves. Ils rencontreront des ‘’bandits armés’’, ce qui donne, par moments, à ‘’Mimosas’’, des airs de western, en plus de l’environnement dans lequel il est tourné. Egalement, M. Laxe joue vraiment sur les nerfs des téléspectateurs en filmant très souvent en plongée. On a l’impression qu’il renverse tout et c’est impressionnant, de temps à autre.

Seulement, on se perd dans l’histoire ou tout simplement on ne saisit pas le sens de ce qu’il dit. Déjà qu’il la raconte en 3 étapes, les trois positions de la prière. Après, à travers Shakib, il y a beaucoup de références au Coran et à Dieu. C’est toujours ‘’Allahou Akbar’’ ou encore ‘’Alhamdoulilah’’, même après la mort d’un être cher. La foi est là. La fin de l’histoire, on ne saurait la dire. Le ‘’Sheikh’’ n’a pas été enterré là où il le souhaitait.

Après ce qui s’est passé, ceux qui maitrisent les codes et les mysticismes du soufisme pourraient peut-être vous le dire ou le réalisateur lui-même qui n’a pas pris part à la projection, car absent du Maroc où il réside pour les besoins d’un tournage dans son pays natal, l’Espagne.

Heureusement que le même jour était prévu la projection de ‘’Zizou’’, le dernier long métrage du réalisateur tunisien Férid Boughédir. N’allez pas croire que M. Boughédir parle de Zinédine Zidane. Ici, il s’agit d’un jeune dénommé Aziz qui, après le Bac, a fait géologie pendant 2 ans avant de décider de quitter son village natal pour aller travailler à Tunis. Il devient alors installateur de paraboles. Ce qui l’amène à travailler chez des riches, des pauvres, des partisans de Ben Ali, etc. Il est installé au ‘’Souk Moncef Bey’’ qui est le marché des pauvres et de la contrebande. Ici, ça craint le régime, mais ça l’insulte également.

On sent la tension monter de jour en jour, vu les agissements du couple présidentiel et surtout de ceux de la première dame et de ses frères. Tout ou presque est dictature et torture dont la séquestration d’une belle jeune fille par ‘’l’ogre’’ qui veut qu’elle l’aime vaille que vaille. Zizou, au cours d’une installation, découvre la prisonnière et en tombe amoureux. Depuis, il fait tout et prend des risques pour la voir ne serait-ce que de loin.

 Le jour où la révolution éclate, il essaie de libérer la captive, mais est rattrapé par les hommes de ‘’l’ogre’’. Alors il est amené en prison d’où il s’échappera. Il essaie d’escalader un mur et déchire une partie d’une photo de Ben Ali dans sa chute. Les manifestants n’ayant rien compris à ce qui venait de se passer, ont assimilé son geste à du courage et en font leur leader. Il repart à la recherche de sa dulcinée, en vain. Heureusement qu’entre-temps, l’armée a refusé de tirer sur les manifestants et que les autorités ont dû quitter la ville en vitesse. Pas toutes quand même. Le bateau devant conduire Aïcha la captive, fait partie de ceux arrêtés par l’armée. Heureusement, Zizou était là et Aïcha est tombée dans ses bras.

 Le film se termine sur cette note romantique. L’histoire a été racontée avec beaucoup d’humeur, même si son sens est assez grave. Ce qui lui donne d’ailleurs son cachet particulier.   

BIGUE BOB (Envoyée spéciale)

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