Publié le 17 Jun 2014 - 15:22
PROJECTION DE FILMS DOCUMENTAIRES

''Bitim reew'' démonte le mythe de l'Europe

 

Les Africains voient l'Europe comme une terre de réussite. Un  Eldorado où on peut se faire facilement de l'argent. Ce qui n'est pas toujours vrai. Et c'est ce qu'essaie de montrer Mactar Thiam Fall à travers une série documentaire.

 

Démonter le mythe de l'Europe vu comme l'Eldorado par beaucoup d'Africains. C'est ce que veut faire Mactar Thiam Fall à travers différents documentaires. ''Bitim reew, un autre regard sur l'Europe'' est le nom du projet. Trois films sont déjà tournés et montés. Ils ont été projetés, hier, au centre culturel Blaise Senghor, en présence du réalisateur.

Chacun des films dure 20 minutes et relate la vie dure de jeunes Sénégalais vivant outre-manche. ''Bitim reew 1'' met en scène un jeune du nom d'Aliou Kandé. Notre bonhomme a quitté le Sénégal en 2006 à bord d'une embarcation de fortune pour l'Espagne. Il raconte les péripéties de leur voyage qui n'a pas été une promenade de santé. Avec 107 autres personnes, Aliou a connu la faim, la soif et la peur. Arrivés fatigués sur les côtes des îles Canaries, neuf jours après leur embarquement, ils ont été placés pendant 40 jours dans un centre d'internement.

''En quittant le Sénégal, on croyait qu'on allait travailler dès notre arrivée. On a été obligé de suivre une 'formation' pendant 40 jours. On nous réveillait tôt le matin. On nous donnait à peine à manger. Là, vite, on s'est rendu compte que notre vie au Sénégal est bien meilleure que celle menée en Espagne'', a regretté Aliou Kandé.

Il a passé aujourd'hui huit ans dans ce pays et est toujours sans travail et sans papiers. Et comme si cela ne suffisait pas, il a été un jour agressé par un groupe de néonazis. Juste pour montrer que sa vie à Barcelone n'a rien d'un paradis terrestre. 

Et quand on n'a pas une famille compréhensive au Sénégal, l'on tombe facilement dans la prostitution ou le trafic de drogue. ''On voit beaucoup de Sénégalais de bonne famille devenir des trafiquants de drogue ou des prostitués, parce que leur famille ne comprend pas qu'ils soient en Europe et pauvres'', a dit Mactar Fall Thiam. 

Le deuxième film relate l'histoire ''d'un jeune Sénégalais trafiquant de drogue, qui est venu en Espagne depuis Nouadhibou, dans une pirogue qui a enregistré plus de 100 pertes en vies humaines'' selon le dossier de presse. Le ''héros'' s'appelle Dudu ses activités poussent les autorités espagnoles à l'expulser du pays, même s'il était arrivé à se lier avec une Espagnole avec qui d'ailleurs il a une fille. 

Problèmes d'intégration

Les femmes ont leur place dans cette série documentaire. ''Bitim reew 3, faatu-faatu'' est le nom du 3ème film présenté hier. Bombo et Teneng parlent certes de leurs difficiles conditions de vie à Barcelone et leurs problèmes d'intégration, mais aussi et surtout elles tentent de raisonner les familles d'émigrés. Elle les exhortent à être plus compréhensives à l'endroit de leurs fils. Cela pourrait même faciliter le retour des Sénégalais en difficulté au sein de leurs familles.

Enseignant de formation, Mactar Thiam Fall est parti en 2008 s'installer en Allemagne. Après, il surfe entre l'Italie, la France et l'Espagne. Ce qu'il découvre l'émeut et est très différent de ce que les gens pensent ici. Donnant des cours de français dans un centre de réinsertion sociale en Espagne, il côtoie beaucoup d'immigrés. Ce qui lui donne la chance de découvrir différentes histoires qu'il a décidé de montrer aux Sénégalais. Son projet est soutenu par la Direction nationale de la cinématographie.

BIGUÉ BOB

 

 

Section: